Positive et optimiste, Talithah Anthoni a délaissé l’Alsace pour retourner dans son île natale en plein Covid en 2020. Elle partage son talent intemporel du crochet avec ses clients. Une maille après l’autre pour créer quelque chose d’unique de ces mains.
Issue d’une famille de six enfants, quatre sœurs et deux frères, Talithah Anthoni se dit chanceuse d’avoir hérité des dons de sa mère pour la couture et de son père pour le jardinage. « Depuis toute petite, j’aimais regarder ma mère coudre nos vêtements et j’essayais, en cachette, d’utiliser sa machine à coudre, une vieille Singer manuelle. Côté jardin, j’ai planté des fraisiers et des cacahuètes que mon père a grignotées à mon insu. Ma plus grande fierté est d’avoir remporté le premier prix des plus beaux jardins de mon village et des alentours en Alsace. »
Avant même de revenir s’installer d’Alsace à Maurice, Talithah Anthoni a formulé le vœu de créer sa propre entreprise, Taly Woolly Shop, et cela, rien qu’en regardant ces centaines de pelotes de laine et de coton achetées sur des sites spécialisés et en boutique entassées dans un coin de sa maison. Chamarel, havre de paix verdoyante où elle habite, l’a inspirée au point où un matin, elle a pris tout son monde de court en emballant ses cartons pour retourner dans son île Maurice.
La complicité qui la lie à sa sœur Ketty lui a permis de s’inscrire au Women Council. Ketty étant aussi une adepte de la création, ensemble les deux sœurs ont étudié les tendances du moment et ce que les gens recherchaient pour les travaux de crochet. En été, Talithah réalise des cropped top, hauts de bikini, tuniques et robes de plage, jupes, sacs, bijoux de chevilles. Et en hiver, elle mise sur les bonnets classiques ou torsadés avec cette touche fun qui la caractérise. Les écharpes et les bonnets à motifs d’animaux, les bonnets fantaisie, les mitaines, bandeaux font partie de sa collection de créatrice. Talithah parvient aisément à évoluer dans un univers qui lui correspond. Bien qu’elle crée pour les femmes et les enfants, il lui arrive aussi de réaliser sur commande des bonnets pour les hommes. « Sur les réseaux sociaux, je trouve mon inspiration. Et pour me démarquer du lot de propositions d’idées, j’ajoute ma touche personnelle. »
En pleine pandémie de Covid-19 dont l’Europe et tous les pays du monde n’ont guère été épargnés, Talithah Anthoni prend la ferme décision de revenir en 2020 à Maurice et se retrouve en quarantaine dans un petit hôtel. « De là, j’ai crocheté ma toute première tunique. Et en octobre, après que les gens ont pu respirer face à cette pandémie, j’ai démarré mon entreprise de crochets. Autrefois, en Alsace, je faisais partie du club Entr’elles. Une dame m’a aidée à me perfectionner dans le crochet et m’a montré l’art de tricoter et de faire du macramé. Les deux techniques combinées m’ont beaucoup aidée jusqu’à maintenant. Je m’adapte beaucoup aux demandes des clients. Pour la Noël, le crochet en blanc et rouge vole la vedette. J’utilise le lurex et des laines pailletées. On trouve toujours des pièces estivales et hivernales dans ma collection, car beaucoup de touristes des pays nordiques visitent notre île. »
Talithah Anthoni utilise la technique du feutrage qui consiste à utiliser de la vraie laine de mouton ou toison, la mélanger avec du savon pour créer des sacs, des bonnets, des vêtements sans couture.
Trouver sa voie
Pour faire grandir son commerce, Talithah s’est aussi lancée dans la confection de clips à cheveux, de porte-clés poissons, de petits ours pour que chaque client puisse trouver son bonheur avec un budget restreint. « Je suis impressionnée par le Women Council. Il y a pas mal de plateformes qui aident les artisans qui souhaitent exposer leurs produits, soit sur le net ou sur les marchés locaux, ou bien, à l’international surtout en Afrique. Je connais un groupe d’artisans qui partent à Rodrigues et à La Reunion pour faire connaître leurs produits artisanaux. »
Comme technique de travail, elle utilise de l’acrylique auquel, dit-elle, elle est hypoallergénique. Elle l’est aussi à de la pure laine, au cachemire mélangé, à la soie mélangée, au coton et à l’alpaga. À Chamarel, Talithah caresse le rêve de donner des cours de crochet aux enfants tout en organisant un concours portant sur les plus beaux jardins du village et de créer une « route de la soie ». Son souhait : « Que chaque femme entrepreneure trouve sa voie dans le monde du travail et de l’art ! Que leur famille puisse être leur pilier tout au long de leur parcours ! »