TOUR D’HORIZON : Maurice en quête de visibilité

La semaine prochaine sera dominée par la première visite officielle que le Premier ministre Navin Ramgoolam doit effectuer en Inde depuis son retour au pouvoir en novembre dernier. Il séjournera dans la Grande Péninsule du 9 au 15 septembre. C’est une tradition bien établie que l’une des premières visites effectuées par le Premier ministre mauricien après son arrivée au pouvoir soit en Inde. Cette fois, en raison des relations étroites entre l’Inde et Maurice, c’est le Premier ministre indien Narendra Modi qui a effectué une visite à Maurice en premier, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le 12 mars dernier.

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Cette visite, on s’en souvient, avait été marquée non seulement par la signature d’une série d’accords bilatéraux, mais également par le lancement par le Premier ministre indien du Mahasagar, Mutual and Holistic Advancement for Security and Growth Across Regions, qui constitue un élément clé de la stratégie indienne dans la région de l’océan Indien. « La visite du Premier ministre mauricien est très attendue en Inde », avait laissé entendre le secrétaire indien aux Affaires étrangères, Viram Misri, qui était à Maurice en juillet dernier dans le but de préparer cette mission.

Cette visite intervient à un moment où, à Londres, on aborde la dernière étape visant à permettre au parlement britannique d’adopter le traité permettant à Maurice d’exercer sa souveraineté sur les Chagos, une décision historique qui permettra à Maurice de compléter enfin son indépendance. Diego Garcia, moyennant une location, restera toutefois sous contrôle britannique. La grande question est de savoir comment gérer et assurer la sécurité de ce vaste territoire océanique mauricien. On s’attend à ce que cette question figure en bonne place dans les discussions entre le Premier ministre Navin Ramgoolam et son homologue Narendra Modi. Outre le partenariat entre Maurice et l’Inde, il est également attendu que Navin Ramgoolam aborde deux sujets d’importance majeure pour le pays : la sécurité énergétique et le recrutement de travailleurs indiens à Maurice.

Sur le plan de la sécurité énergétique, le ministre des Utilités publiques multiplie les démarches afin qu’il n’y ait aucune interruption dans la fourniture d’électricité durant la période de fin d’année qui approche à grands pas. L’aide de l’Inde dans ce domaine sera la bienvenue. D’autre part, le manque de main-d’œuvre affecte de nombreux secteurs, dont l’industrie cannière. L’importation de travailleurs indiens est envisagée avec insistance, mais il reste encore des procédures à régler, qui devraient être traitées au plus haut niveau en Inde.

À l’occasion de la réunion de la TICAD à Yokohama, à la fin de la semaine dernière, le Premier ministre Navin Ramgoolam a ouvert une nouvelle page dans l’histoire des relations diplomatiques avec le Japon, avec l’ouverture d’une ambassade à Tokyo. Ces réunions internationales permettent de mesurer les efforts considérables auxquels doivent consentir les autorités mauriciennes pour rendre Maurice plus visible, que ce soit au Japon, à Maurice même, et surtout au niveau international. On espère qu’avec la présence d’une ambassade à Tokyo, il sera plus facile d’amener le Japon à accepter de négocier un accord de partenariat économique global avec Maurice.

L’île Maurice est déjà un marché ouvert, en particulier pour les produits importés du Japon. Toutefois, cette ouverture n’est pas nécessairement réciproque. Par conséquent, il s’agira de positionner l’île Maurice comme une porte d’entrée pour les entreprises japonaises visant le marché africain. Il faut reconnaître que l’île Maurice n’est même pas connue au Japon comme un pont possible vers l’Afrique, alors que Singapour joue ce rôle pour l’Asie. Nous devrions être en mesure de créer un parallèle avec Singapour dans l’esprit des investisseurs japonais. Cela passera par une nouvelle approche stratégique, qui nécessitera de recourir aux services de cabinets de conseil japonais pour nous aider à commercialiser l’île Maurice au Japon. Nous devrons également projeter l’île Maurice comme un immense État océanique, avec un potentiel encore largement inexploité. Plus important encore, il faudrait redessiner la carte de la République de Maurice pour mettre en évidence son immensité en termes océaniques et les opportunités qui existent dans différents secteurs liés à la mer.

Jean Marc Poché

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