TOURISME — Dans Le Figaro en France : « Pourquoi l’île Maurice ne séduit-elle plus autant les Européens ? »

Alors que Maurice enregistre une baisse des arrivées européennes en ce début d’année, le quotidien français Le Figaro alerte sur la nécessité d’un repositionnement stratégique de la destination touristique. État des lieux à l’intention des décideurs et des acteurs du tourisme mauricien.

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L’information est passée presque inaperçue dans le tumulte quotidien, mais elle mérite l’attention de tous les acteurs du tourisme mauricien. Le 11 juin dernier, Le Figaro, l’un des plus influents quotidiens français, publiait une analyse fouillée sur le recul du tourisme européen à Maurice, pointant des faiblesses structurelles, des attentes mondiales en mutation, mais aussi des pistes d’adaptation prometteuses.
Le constat de départ est sans appel : entre janvier et mars 2025, l’île a accueilli 326 389 touristes, soit une baisse de 5,8% par rapport à l’an dernier, affectant principalement les marchés traditionnels comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Une dynamique à contre-courant de la tendance régionale : les Seychelles, les Maldives ou Zanzibar connaissent, eux, une progression continue.

Un modèle qui s’essouffle ?
Pour la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), cette baisse s’explique par une conjonction de facteurs conjoncturels : désaffection pour le long-courrier (-16%), reprise du tourisme vers l’Asie, climat économique tendu et prolongation de la saison de ski en Europe. Son nouveau directeur, Avinash Teelock, refuse toutefois la résignation : « Bien que nous constations une diminution des arrivées touristiques, nous refusons de rester de simples spectateurs. Nous nous engageons activement à façonner notre avenir. »

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Mais pour Le Figaro, les causes de cette perte d’attractivité sont aussi structurelles. De nombreux hôtels de luxe, bien que rénovés, peinent à répondre aux standards modernes. Le manque d’infrastructures comme les villas avec piscines privées, très prisées de la clientèle haut de gamme, est relevé. La fuite des jeunes diplômés mauriciens du tourisme vers les Seychelles ou Dubaï entraîne aussi une perte de savoir-faire local dans l’hôtellerie, accentuée par le recrutement de personnel étranger parfois peu francophone.

Heureusement, tout n’est pas morose. Des groupes comme Beachcomber ou RIVEO font figure d’exemples positifs. Stéphane Poupinel de Valencé, directeur général de Beachcomber, explique : « chaque client est invité à partager son ressenti après son séjour, et tous les retours sont analysés. » Résultat : intégration de nouvelles activités comme le padel, rénovations continues, et montée en gamme discrète mais constante.

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Autre acteur cité par Le Figaro, le voyagiste Eluxtravel, qui salue la montée en puissance des expériences alternatives proposées à Maurice : patrimoine culturel, randonnées, immersion locale, gastronomie. « L’excellence mauricienne est toujours reconnue, mais elle doit désormais sortir du cadre balnéaire classique », affirme son PDG Frédéric Savoyen.
Le cœur de l’analyse du Figaro réside peut-être dans ce virage mondial du tourisme de luxe. Le voyageur haut de gamme de 2025 ne cherche plus seulement le confort et la plage, mais une expérience complète : services hyperpersonnalisés, bien-être holistique, immersion culturelle, durabilité authentique, technologie discrète, et design intégré à l’environnement.

Sur ce terrain, Maurice semble en retrait. Si certaines initiatives locales existent, elles restent marginales par rapport à la concurrence régionale plus agile et en pleine mutation. Pour Le Figaro, l’enjeu n’est plus simplement de rénover les hôtels, mais de repenser le récit mauricien : mettre en avant sa diversité culturelle, son art de vivre unique, son hospitalité humaine et ses engagements pour un tourisme durable et solidaire.

Un rebond est possible… mais exigeant

Le mois d’avril a montré des signes de redressement (+13,8% de croissance des arrivées), et les réservations pour l’été s’annoncent encourageantes. Mais cette embellie reste fragile. Elle ne suffira pas à compenser un positionnement devenu trop statique aux yeux de certains segments du marché européen.

Pour rester compétitive, Maurice devra sortir du mythe figé de « l’île-hôtel » et s’ouvrir à une promesse touristique du XXIe siècle. Moins formatée, plus inclusive, plus sensible aux réalités environnementales et humaines, mais toujours fidèle à ce qui fait sa force : son accueil, sa sécurité, et son identité métissée.

En somme, l’article du Figaro agit comme un miroir. Il ne s’agit pas d’une critique gratuite, mais d’un appel à une transformation urgente et lucide. À l’heure où le tourisme mondial évolue à grande vitesse, Maurice a le choix : subir, ou se réinventer.

 

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