Le secteur textile mauricien prend un coup. Transparentem, un groupe d’investigation américain, allègue que des travailleurs étrangers de plusieurs usines textiles à Maurice n’auraient pas accès à de l’eau potable et feraient face à des dortoirs infestés de cafards et punaises de lit. Les noms des entreprises citées dans le rapport sont : Real Garments, Denim de l’Ile, Firemount Textiles (deux unités) et Aquarelle. L’image de Sourcing Destination de qualité est écornée par cette triste affaire qui fait la Une des journaux britanniques. La nouvelle est tombée dans l’édition d’hier du Guardian dans un article sous le titre Fashion firms agree to compensate garment workers in Mauritius.
De grandes marques de mode, dont Barbour et PVH, qui possède Calvin Klein et Tommy Hilfiger, ont déclaré qu’elles allaient verser 400 000 livres sterling aux travailleurs de l’industrie de l’habillement de Maurice. Une enquête a révélé que les travailleurs migrants étaient contraints de payer des milliers de livres sterling pour obtenir leur emploi.
Transparentem, une organisation américaine, qui se spécialise dans des enquêtes sur les droits des travailleurs, a examiné les conditions de travail dans cinq usines à Maurice et a interrogé 83 travailleurs en 2022 et 2023. Dans son rapport, Transparentem affirme avoir trouvé des indications de Forced Labour, concept défini comme une forme d’esclavage moderne par l’Organisation internationale du Travail des Nations unies.
Outre le fait que les travailleurs ont payé des frais de recrutement illégaux pour leur emploi, Transparentem affirme qu’ils ont été victimes de tromperies, d’intimidations et de conditions de vie insalubres, notamment qu’ils n’avaient pas accès à de l’eau potable et qu’ils étaient hébergés dans des lieux infestés de cafards et de punaises de lit. Les cinq usines concernées fournissent des produits de confection pour des marques telles que Boden, Asos et le groupe Foschini, qui possède Whistles et Hobbs.
Après avoir commandé leurs propres audits sur les conditions de travail dans les usines, des marques réputées comme PVH et Barbour ont déclaré qu’elles rembourseraient aux travailleurs de Real Garments, l’une des usines citées dans le rapport, jusqu’à 400 000 livres sterling de frais de recrutement illégaux.
Ben Skinner, président de Transparentem, soutient au Guardian que : “Migrant workers showed great courage in bearing witness through Transparentem. To date, only three brands have shown by their actions that they really listened to them. The cost of reform is high. But the cost of failure to reform is higher.”
Pour sa part, PVH a déclaré qu’elle s’engageait à veiller que les travailleurs migrants soient remboursés des frais de recrutement et des coûts connexes. Barbour a déclaré qu’elle prenait les conclusions de Transparentem au sérieux et qu’elle travaillait avec d’autres marques clientes de Real Garments pour résoudre la situation le plus rapidement possible.
“As an immediate action, we have made a commitment to contribute towards the remediation of impacted workers.” Et plus loin, a déclaré un porte-parole : “We are also expanding our audit processes to ensure that we do everything possible to prevent this from happening in the future”.
Real Garments a également concédé qu’elle prenait au sérieux les conclusions de l’enquête et qu’elle avait pris des mesures pour remédier à la situation de ses travailleurs : “We confirm that all the remediations including repayment of local transportation fees have been completed.”
De son côté, la Mauritius Export Association (MEXA) , qui regroupe les exportateurs textiles, réitère son engagement « à la sauvegarde et la protection des droits de tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, et nous confirmons notre ferme engagement à assurer le bien-être maximal des travailleurs mauriciens et migrants. »
L’association explique que « Transparentem has recently released a report that raises serious allegations relating to the treatment of migrant workers in the apparel sector in Mauritius. Although independent audits failed to confirm some of the central issues identified by Transparentem, MEXA and its members nonetheless consider resolution of these issues to be of the highest importance. The Transparentem report acknowledges the progress that has been made in protecting the rights of migrant workers in Mauritius.”
L’association réitère le rôle majeur joué par les travailleurs migrants dans l’économie du pays et rappelle qu’elle s’est embarquée, depuis deux ans, dans l’élaboration d’un Code de conduite, de concert avec l’International Organisation for Migration, pour le recrutement et l’emploi des travailleurs étrangers dans le secteur des exportations.
Le code de conduite a été publié en août dernier, et la MEXA se trouve actuellement dans le processus de développer des standards et un processus de certification, et de préciser que « some of our members have already committed to adopting the code of conduct and undergoing the certification process. »
Pour en revenir au rapport de Transparentem, la MEXA dit avoir pleinement collaboré avec ce dernier « throughout the investigation process. » Elle précise que « there are some weaknesses in the current employment system of migrant workers in Mauritius » ajoutant qu’elle a déjà proposé « des mesures fortes » pour améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs migrants à Maurice.

