Au cours de ces derniers douze mois, s’il y a un lieu, qui a attiré et retenu l’attention, c’est indéniablement le QG de la Financial Crimes Commissiion, avec le départ de l’ancienne garde, menée par Navin Beekarry, et certains d’entre eux parvenant même à se faire recycler dans d’autres institutions publiques. Mais au fil des semaines, le défilé des suspects, impliqués dans des High Profile Probes, avec pour toile de fond des délits présumés de Money Laundering à toutes les sauces a été interminable, dont l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, devant même passer la nuit du 15 au 16 février derier, dans une cellule au Moka Detention de Centre, le temps de bénéficier une remise en liberté provisoire, prononcée tard dans la nuit du dimanche 16 février. Les enquêtes ainsi cataloguées devront connaître des développements en 2026 faisant du QG de la Financial Crimes Commision, the Place to be or not to be en 2025..
Les affaires de fraude, de blanchiment de fonds et autres crimes à col blanc
La QG de la Financial Crimes Commission, the Place to be in 2025
L’ex-PM, Pravind Jugnauth, avec des valises de Rs 113,8 M
L’arrestation de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, est toujours hanté par les événements du 15 février. Sur la base de renseignements obtenus, une équipe de la Major Crime Investigation Team (MCIT) perquisitionne le domicile de Chandradeo Oomah, à Terre-Rouge. Première saisie : une valise contenant Rs 5,5 millions, dont Rs 2,2 millions en devises étrangères. La valise renfermait également sept montres pour femme ainsi que des documents portant les noms de Pravind Jugnauth et de son épouse, Kobita Jugnauth.
Chandradeo Oomah affirme que son patron, Josian Laval Deelawon, qui lui aurait confié cette valise. La police s’est alors rendue chez ce dernier, où elle a saisi un montant de Rs 497 000. Deelawon a ensuite mené la MCIT jusqu’à son bureau à Pointe-aux-Canonniers et a remis aux enquêteurs deux autres valises ainsi qu’un sac. Ce sac contenait Rs 108 millions.
Josian Laval Deelawon maintient que le cerveau présumé n’est nul autre que Pravind Jugnauth. Ce complot avait été ourdi lors d’une conversation qui lui a confié ces valises en novembre 2024, à la suite d’une conversation en marge d’un dîner à l’hôtel Maradiva le 21 novembre 2024. Il a soutenu que les valises lui avaient été remises par l’ancienne adjointe au maire de Vacoas-Phoenix, Devianee Nuckchady Ramchurn.
Entre-temps, la FCC s’est saisie du dossier pour mener l’enquête et a procédé à l’arrestation de l’ex-Premier ministre. Ce dernier a nié être le propriétaire des valises et a dit ignorer comment des documents à son nom ont pu s’y retrouver. Il a reconnu toutefois connaître Josian Laval Deelawon dans le cadre de “social functions”, mais pas davantage.
Après son arrestation, Pravind Jugnauth a passé une nuit en cellule au centre de détention de Vacoas. Il a été présenté le lendemain au Week-End Court, où une accusation provisoire de blanchiment d’argent a été déposée contre lui. Fait rarissime : la New Court House est restée ouverte tard dans la soirée, un dimanche, afin de permettre les débats relatifs à sa remise en liberté conditionnelle. Celle-ci lui a finalement été accordée. Josian Deelawon, Devianee Nuckchady Ramchurn et Chandradeo Oomah ont, eux aussi, obtenu la liberté conditionnelle après quelques jours, tandis que Kobita Jugnauth a uniquement été interrogée dans cette affaire.
L’enquête suit toujours son cours avec le début de 2026 devant produire des développements.
L’ex-AG Gobin inculpé dans la Black Label and Stag Party
L’ancien Attorney General sous le gouvernement de Pravind Jugnauth, Maneesh Gobin, a été arrêté le 28 février dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Eco-Deer Park, aussi connue comme la Black Label and Stag Party à côté de Grand’Bassin. La commission lui reproche d’avoir approuvé le lease d’un terrain d’État situé à Dayot/Mangin, non loin de Grand-Bassin, en faveur de l’Eco Deer Park Association, alors qu’il occupait le poste de ministre de l’Agro-industrie. Une accusation provisoire de “Public official using his office for gratification” a été retenue contre lui.
Maneesh Gobin n’avait pas été aucunement inquiété sous l’ancien régime, malgré des allégations selon lesquelles il aurait favorisé l’association mentionnée en lui accordant un terrain de 350 arpents. Selon la FCC, il aurait obtenu des gratifications à travers Ajay Jeetoo, qui lui aurait remis une partie des Rs 4 millions par l’intermédiaire d’un tiers.
En 2023, l’ex-ICAC avait arrêté l’ancien parlementaire Rajanah Dhaliah, qui avait été inculpé sous une accusation provisoire de “Public officer soliciting bribe”. Maneesh Gobin, lui, n’avait jamais été convoqué au Réduit Triangle jusqu’en février de cette année.
La chute du Blue-Eyed Boy de l’ancien régime, Rakesh Gooljaury
Le Blue-Eyed Boy de l’ancien régime, Rakesh Gooljaury, a connu une double arrestation par la FCC. Tout d’abord, il a été appréhendé à sa descente d’avion en février concernant l’enquête sur le Toxic Loan de Rs 1,5 milliard accordé par l’ex-MPCB (MauBank) à son entreprise. Une somme de Rs 565 millions avait été rayée en 2016, considérée comme non remboursable. Lui et son frère, Prameshwar Gooljaury ont été inculpés pour blanchiment d’argent.
Cet homme d’affaires, considéré comme très proche de Pravind Jugnauth, est accusé d’évasion fiscale pour un montant de Rs 64 655 829. Les enquêteurs estiment qu’il aurait utilisé ces prêts pour acquérir des parts dans plusieurs entreprises. Il avait été provisoirement inculpé une deuxième fois quelques semaines plus tard.
Dans le cadre de cette affaire, la FCC a obtenu un Attachment Order sur les entités liées à l’homme d’affaires. Ces sociétés exploitent des marques internationales telles que Paul, Swarovski et Pandora. Rakesh Gooljaury a été relâché sous caution après son inculpation provisoire en justice.
Renganaden Padayachy et son ancien protégé Harvesh Seegolam épinglés
L’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et l’ex-gouverneur de la Bank of Mauritius (BoM), Harvesh Kumar Seegolam, ont été arrêtés le 9 avril dans le cadre de l’enquête portant sur une malversation présumée de Rs 300 millions au préjudice de la Mauritius Investment Corporation (MIC) en marge de l’opération Savat Dodo.
Renganaden Padayachy est provisoirement poursuivi pour Fraud by abuse of position”. Les enquêteurs lui reprochent d’avoir, en sa qualité de ministre des Finances en mai 2024, pris des mesures illégales pour pousser la MIC à acquérir 1 596 actions de la société Eastcoast Hotel Investment Ltd pour 48 millions d’euros (soit Rs 2,4 milliards), alors que le prix recommandé s’élevait à Rs 2,1 milliards. Selon la FCC, certains individus auraient bénéficié de la différence de Rs 300 millions.
Surnommé « Kishan » par ses proches, Renganaden Padayachy a passé cinq nuits au centre de détention de Moka avant d’être libéré sous conditions. Sa nouvelle propriété à Morcellement Mount Pleasant, à Roches-Brunes, évaluée à Rs 9 070 865, a fait l’objet d’un Attachment Order. Les enquêteurs soupçonnent en effet que sa construction aurait été financée grâce à l’argent provenant de la MIC.
Parallèlement, Harvesh Kumar Seegolam a, lui aussi, été arrêté dans ce dossier pour “fraud by abuse of position”. La FCC le soupçonne d’avoir exercé des pressions sur un ancien haut cadre de la MIC afin que l’opération d’acquisition d’actions d’Eastcoast Hotel Investment Ltd soit menée à terme.
L’ex-DG de la STC, Rajiv Servansingh, coule
avec le contrat de Rs 30 milliards de MMG
L’ancien directeur général de la State Trading Corporation (STC), Rajendra (Rajiv) Tagore Servansingh, a été arrêté en juin dans le cadre de l’enquête sur un contrat de USD 691,4 millions (Rs 30 Mds) relatif à l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. La FCC lui reproche d’avoir pris des mesures illégales afin de garantir l’attribution de ce contrat au groupe Mercantile and Maritime Investment Pvt. Ltd (MMG) pour la période du 1er août 2023 au 31 juillet 2024.
Les enquêteurs ont établi que MMG n’avait même pas pris part à l’appel d’offres international, alors que la STC avait annulé l’exercice de sélection. L’entreprise avait été retenue au motif qu’elle acceptait des paiements en roupies mauriciennes. Toutefois, MMG convertissait systématiquement ces fonds en devises étrangères par l’intermédiaire d’une banque locale. Rajiv Servansingh a été inculpé sous une accusation provisoire de Public Official Using his office for gratification.
Parallèlement, Kareena Neisius-Beekun, représentante locale de MMG, a également été arrêtée sous une charge provisoire de Conspiracy to commit money laundering. La FCC soupçonne son implication dans un complot visant au blanchiment des fonds liés à l’octroi du contrat pétrolier. La cour de Rose Hill a, par ailleurs, rejeté sa demande visant à faire rayer l’acte d’accusation provisoire.
Reward Money : l’ex-CP Dip à la tête du plus gros scandale de la force policière
Avec l’opération DeepCode, la FCC soupçonne que le Reward Money, un fonds destiné à rémunérer les informateurs dénonçant des trafiquants de drogue, a été détourné de son objectif initial. Certains hauts gradés auraient mis en place un stratagème leur permettant de manipuler des millions de roupies, alors qu’aucun document ne prouve que l’intégralité des sommes a effectivement été versée aux personnes concernées. L’affaire éclate en juin avec l’arrestation de l’assistant-commissaire de police (ACP), Lilram Deal.
L’ancien responsable de la Counter-Terrorism Unit (CTU) est provisoirement inculpé de blanchiment d’argent après qu’une somme de Rs 4 587 000 a été retrouvée sur son compte bancaire. Or, cette somme provient du Reward Money, décaissé par le bureau du commissaire de police. Les enquêteurs découvrent également que l’officier a utilisé une partie de ces fonds pour s’offrir une Toyota Rav4, aujourd’hui placée sous séquestre au Réduit Triangle.
Peu après, la FCC procède à l’arrestation de l’assistant-surintendant de police (ASP), Faraaz Moniaruth, pour “Using his office for gratification for another person”. L’ancien responsable de la Police Research Development Unit aurait recommandé le paiement de Rs 3 millions dans le cadre d’une saisie de drogue fictive. Le sergent Yeshdeo Seeboruth aurait agi comme handler. Il est, lui aussi, arrêté après que la FCC a découvert que Rs 19 300 000, provenant également du Reward money, ont été versées sur son compte personnel entre septembre et octobre 2024.
Les enquêteurs réalisent un coup de filet majeur le 24 juillet avec l’arrestation de l’ACP Dunraz Gangadin, ancien responsable de la défunte PHQ Special Striking Team (SST). Une somme totale de Rs 102 200 000 a été créditée sur son compte personnel entre janvier 2023 et mars 2024, suivie de Rs 58 192 000 entre juin et octobre 2024. Deux accusations provisoires de blanchiment d’argent sont retenues contre lui.
Un mois plus tard, son homme de confiance, le surintendant Ashik Jagai, est arrêté à son tour. Il est soupçonné d’avoir recommandé une fausse réclamation de Reward money de Rs 7 millions en novembre 2022, au bénéfice du sergent Yusuf Ali Hamud Hossen de l’ex-SST. Selon la FCC, le SP Jagai savait que ce dernier n’était pas le véritable Handler dans l’affaire. Sous une deuxième charge provisoire, il est reproché à Ashik Jagai d’avoir illégalement recommandé des paiements totalisant Rs 65 890 000, alors que le montant légitime n’aurait été que de Rs 3 188 500. Le sergent Hossen est également arrêté.
Par ailleurs, l’assistant-surintendant de police (ASP) Rajcoomar Seewoo est lui aussi impliqué. L’ancien responsable de l’ex-Special Intelligence Division de la SSU est inculpé de blanchiment d’argent. Entre septembre 2024 et août 2025, un montant de Rs 34,7 millions a été versé sur son compte personnel au titre de Reward money. La FCC soupçonne que ces fonds n’ont jamais été remis aux informateurs.
Enfin, le 23 septembre, l’ex-commissaire de police Anil Kumarsingh Dip est arrêté au Réduit Triangle. Il est soupçonné d’avoir abusé de sa fonction entre mai 2022 et octobre 2024 afin d’obtenir un avantage illicite. Il aurait approuvé des paiements excessifs totalisant Rs 198,3 millions au titre du Reward money pour des unités créées sous son commandement. Il fait face à deux accusations provisoires de “Public official using his office for gratification”.
Le fils du SP Jagai soupçonné d’être impliqué dans un réseau de blanchiment d’argent
La FCC mène, le 5 août, une vaste opération simultanée dans plusieurs régions de l’île, notamment à Camp-Levieux, Rose-Hill, Le-Morne et Moka. Une quinzaine de véhicules, dont des voitures anciennes de collection, ainsi qu’un bateau, sont saisis. L’ensemble de cette flotte est évalué à environ Rs 20 millions. Le gros bras Steven Mootoocurpen, soupçonné d’être un maillon clé d’un réseau de blanchiment d’argent, est arrêté.
Trois autres suspects sont provisoirement inculpés pour blanchiment : Kaviraj Luximon – chez qui le bateau d’une valeur de Rs 2,5 millions a été retrouvé au Morne -, Sangaren Kovilen Murday et Jean-Dominique Palmer.
Quelques jours plus tard, les enquêteurs procèdent à l’arrestation d’Ameersaheb Allysaheb Jagai, fils du SP Ashik Jagai. Il est soupçonné de détenir deux véhicules – un Ford Raptor et une BMW – ainsi que deux portions de terrain qui seraient, en partie ou en totalité, liés à des activités criminelles. La FCC établit également son lien avec Steven Mootoocurpen par le biais de la société Zia Property & Development Ltd. Le gros bras est ainsi arrêté une deuxième fois pour blanchiment d’argent, la Commission suspectant que cette entreprise aurait acquis un terrain à Balaclava pour Rs 2 millions et deux autres parcelles à Mare-Longue pour Rs 4 millions.
Entre-temps, la FCC obtient auprès de la Cour suprême le gel des avoirs d’Ashik Jagai et de son fils Ameersaheb Jagai. Cet ordre concerne quatre véhicules ainsi que les actions détenues par Jagai Junior au sein de Zia Property & Development Ltd.
Le SP Ashik Jagai, déjà en liberté conditionnelle, est arrêté une deuxième fois le 10 septembre. La FCC lui reproche d’être intervenu auprès d’un comptable travaillant pour l’entreprise de son fils. Le haut gradé suspendu est sous le coup d’allégations d’intimidation téléphonique visant à pousser ce témoin à fournir une version favorable à Ameersaheb Jagai.
Dans le même dossier, la Commission arrête également Shameem Jaunmahomed, un directeur de banque et ami du SP Jagai. Il est soupçonné d’avoir validé un transfert de Rs 800 000 depuis le compte d’Ameersaheb Jagai alors que celui-ci était en détention. L’argent aurait été transféré sur le compte de Fardeen Emrith, cousin d’Ashik Jagai. Ce dernier est provisoirement inculpé pour entente délictueuse.
Par ailleurs, la FCC a épinglé l’homme d’affaires Wendip Appaya pour blanchiment d’argent. Il est soupçonné d’avoir fait plusieurs acquisitions avec de l’argent en provenance d’une source douteuse, comme suit : Rs 4,5 M pour acquérir cinq véhicules entre janvier 2020 et mars 2024, Rs 69,9 M pour l’acquisition de 23 véhicules à travers sa compagnie Dynapro Cleaning Services Ltd durant la même période, Rs 2,3 M pour l’achat de trois véhicules à travers son autre entreprise Rent a Cradle Co. Ltd, et Rs 7,9 M pour l’acquisition de trois autres véhicules par Dynapro Cleaning Services Ltd entre avril 2024 et mars 2025.
Le Malgache Mamy Ravatomanga passe Noël et le Nouvel An en prison
Le milliardaire malgache Maminiaina (Mamy) Ravatomanga a fui Madagascar pour atterrir à Maurice à bord d’un jet privé de type Cessna, dans des circonstances pour le moins étranges. Alors que la police enquête sur cet atterrissage à l’aéroport SSR le 12 octobre, la Financial Crimes Commission (FCC) émet, six jours plus tard, un Criminal Attachment Order visant ses comptes bancaires à Maurice. Cette mesure concerne également son épouse ainsi que les sociétés qui lui sont liées. Mamy Ravatomanga conteste cette décision devant la Cour suprême.
Le 24 octobre, la commission l’informe de son arrestation alors qu’il se trouve en observation dans une clinique de Phoenix depuis la veille. Il est accusé de deux chefs de blanchiment d’argent portant sur un montant total de Rs 7 316 116 760. Les officiers perquisitionnent trois de ses entreprises à Maurice, où plusieurs dossiers sont saisis. Des agences internationales, dont le FBI, sont sollicitées pour faire progresser certains volets de l’enquête le concernant. Les affaires dans lesquelles il est impliqué ont trait notamment à la vente d’avions à l’Iran, au trafic présumé de bois de rose et à des opérations de blanchiment via des structures offshore.
Pendant plus d’un mois, l’homme d’affaires multiplie les séjours à l’hôpital et en clinique, ne passant qu’une seule nuit en cellule policière et répondant à une unique séance d’interrogatoire, invoquant des problèmes de santé. Finalement, le 1er décembre, la Cour de Port-Louis ordonne son transfert à la prison de Melrose, sa période de trois semaines “on remand to police cell” étant arrivée à son terme.
Par ailleurs, l’image de la FCC est fortement écornée dans cette affaire après la démission de Junaid Fakim comme commissaire le 25 octobre. Les enquêteurs ont appris qu’il avait participé, le 14 octobre, à une réunion chez un proche à Quatre-Bornes, en présence de Mamy Ravatomanga et de l’activiste politique Nasser Bheeky. Les trois hommes ont été arrêtés à différents moments et inculpés pour entente délictueuse. Les enquêteurs soupçonnent que le milliardaire malgache cherchait à obtenir des informations confidentielles sur l’enquête de la FCC.
Sattar Hajee Abdoula arrêté
après un contrat avec Air Mauritius
Abdul Sattar Hajee Abdoula, ancien directeur de Grant Thornton (Advisory Services) Ltd, a été arrêté le 20 novembre pour blanchiment d’argent. Proche collaborateur de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth, il n’aurait pas honoré un contrat conclu avec Air Mauritius en mars 2020, alors que la compagnie aérienne avait versé Rs 3 696 000 sur le compte bancaire de sa société. Aucun appel d’offres n’aurait, par ailleurs, été lancé pour l’attribution de ce contrat, tandis que Sattar Hajee Abdoula était nommé administrateur d’Air Mauritius peu après.
Entre-temps, la FCC a perquisitionné ses bureaux à Ébène et à Port-Louis, où elle a saisi 45 bouteilles de vin grand cru, des montres de luxe, des stylos haut de gamme, Rs 400 000 en liquide, ainsi que des documents liés aux Toxic Loans” de la State Bank of Mauritius (SBM). Du matériel informatique a également été saisi pour examen.
L’influence de Sattar Hajee Abdoula sous l’ancien régime était indéniable. Lui et Grant Thornton ont bénéficié d’honoraires cumulés estimés à Rs 287 millions en siégeant sur divers conseils d’administration, soit Rs 141 millions en tant qu’administrateurs d’Air Mauritius ; Rs 37,3 millions lorsqu’il présidait le conseil d’administration de SBM Holdings et de ses filiales entre 2020 et 2024 ; Rs 2,2 millions au titre de la commission sur Britam, ainsi que d’autres montants liés à des services d’insolvabilité, entre autres.
Sattar Hajee Abdoula avait passé deux nuits en détention et une semaine en observation médicale avant d’être libéré sous conditions.
Sanjiv Ramdanee n’échappe pas
aux dessous de luxe de Maradiva
L’homme d’affaires Sanjiv Ramdanee, beau-frère de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth, a été arrêté pour délit de complot dans le cadre de l’enquête portant sur l’octroi d’un Toxic Loan à la société Dhyanavartam Ltd, gestionnaire du Maradiva Villas Resort & Spa. Entre 2020 et 2024, l’établissement hôtelier a bénéficié de prêts totalisant Rs 1,65 milliard de la Mauritius Investment Corporation (MIC) et de la State Bank of Mauritius (SBM), entre autres, alors même que sa situation financière était jugée catastrophique.
La FCC s’est particulièrement intéressée à un prêt de Rs 470 millions accordé par la SBM en 2024, à quelques mois des élections générales. Les enquêteurs soupçonnent que l’ancien CEO de la banque, Premchand Mungur, aurait transmis des informations erronées au Management Credit Forum afin de faciliter l’approbation de ce financement, notamment concernant la santé financière du bénéficiaire.
Ils estiment qu’un complot aurait été ourdi par Sanjiv Ramdanee et Premchand Mungur lors d’une rencontre à la SBM Tower en mars 2024. D’ailleurs, l’ex-CEO de la SBM a, lui aussi, été provisoirement inculpé pour complot. Il avait été arrêté une première fois le 18 juin pour délit de “Fraud by abuse of position”. D’autres rebondissements sont attendus dans cette affaire prochainement.
LES AUTRES CAS
Sham Mathurah
Sham Mathurah, ancien Chief Executive Officer (CEO) de la BSP School, a été arrêté en janvier sous une accusation provisoire de blanchiment d’argent. L’Human Resource Development Council (HRDC) aurait versé un montant Rs 200 000 sur son compte, à la suite de fausses déclarations concernant des formations prétendument dispensées par son institution. Les faits reprochés auraient été commis entre le 27 novembre 2016 et le 9 janvier 2018.
En mai, l’accusation provisoire a été rayée devant le tribunal de Port-Louis. Toutefois, le directeur des poursuites publiques (DPP), Rashid Ahmine, a par la suite déposé 18 accusations formelles de blanchiment d’argent contre Sham Mathurah et Nandini Bawol-Bisnauthsing. Cette dernière était employée à la BSP School.
Silver Bank Saga
La Financial Crimes Commission (FCC) a procédé à l’arrestation de Barnard Rajiv Kumar Madie George dans le cadre d’une enquête liée à la Silver Bank. Ce ressortissant indien travaillait comme auditeur au sein de l’institution bancaire. Les enquêteurs l’accusent d’avoir fait croire au directeur d’une entreprise qu’il pouvait lui faciliter l’obtention d’un prêt de Rs 175 millions. Les fonds auraient été détournés en 2023, selon la FCC. Le suspect fait actuellement l’objet d’une accusation provisoire de blanchiment d’argent.
Dans le prolongement de cette enquête, la FCC a également arrêté Rajiv Ramcharitar, ancien Relationship Manager de la Silver Bank. Il est soupçonné d’avoir conspiré avec sept sociétés clientes afin de détourner la somme de Rs 1,2 milliard. Des accusations qu’il a catégoriquement rejetées. Il est poursuivi sous des accusations provisoires de blanchiment d’argent et de “Conspiracy to defraud the bank”.
L’affaire LGSC
La FCC a ouvert une enquête en mars concernant le recrutement de 1 765 General Workers au sein des collectivités locales, quelques semaines avant les élections générales de novembre 2024. Bhanoodutt Beehareem, ancien président de la Local Government Services Commission (LGSC), a été arrêté en mai pour un délit présumé de corruption. La FCC lui reproche d’avoir procédé à des recrutements illégaux sans l’aval du conseil d’administration de la LGSC.
Dans le cadre de cette enquête, la FCC a également interpellé d’autres membres du conseil d’administration, à savoir Purnima Devi Rawateea, Jean Bruneau Dorasami, Premchand Tanakoor et Reshad Bhaukaurally. Ils font l’objet d’accusations provisoires pour le délit de “Public officer using office for gratification”.
Scandale à la MTPA
La Commission a arrêté Arvind Parmessur Bundhun, ancien directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), pour le délit de “Public official using his office for gratification”. Il est accusé d’avoir utilisé une carte de crédit de l’institution à des fins personnelles, notamment pour des achats dans des boutiques duty-free. Le préjudice financier est estimé à près de Rs 5 millions.
Dans le cadre de cette enquête, la FCC a également entendu les anciens membres du conseil d’administration, lesquels affirment que Arvind Bundhun ne les aurait jamais informés de ces dépenses.
Escroquerie sur la cryptomonnaie
La FCC a mis au jour une vaste escroquerie liée aux cryptomonnaies opérant à Maurice, avec l’arrestation en avril de Naresh Kumarsingh Jokhoo, Neervissing Ramdenee et du ressortissant ukrainien Syvokon Yevhen. Le trio aurait mis sur pied une société britannique fictive dénommée Empire Crypto. Celle-ci faisait croire à des victimes, ayant déjà perdu de l’argent dans des fraudes similaires, qu’elles pouvaient récupérer leurs investissements.
Les victimes devaient s’acquitter d’un montant minimum de 500 euros pour accéder à des plateformes de récupération fictives. Au fur et à mesure de l’évolution du stratagème, des sommes additionnelles étaient exigées sous prétexte de frais d’assurance, de taxes ou de conversion de devises. L’opération était coordonnée à travers des centres d’appels basés à Maurice, notamment Strike Online et NetEra. La FCC estime que le montant total de cette escroquerie s’élève à plusieurs millions de roupies.

