Van Gogh, un artiste sous les projecteurs à Paris

JYOTI NALLATAMBY
Étudiante en management trilingue des projets culturels
Université Sorbonne Nouvelle

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Située au nord de Paris, la ville d’Auvers-sur-Oise, qualifiée de « Terre des peintres », ainsi que l’Atelier des Lumières, centre d’art numérique nous invitent à découvrir un grand artiste. Il s’agit du peintre Vincent Van Gogh, qui repose au cimetière d’Auvers-sur-Oise aux côtés de son frère cadet Théodore. Sa mémoire demeure grâce à ses œuvres exposées dans le monde entier : Zurich, New York, Amsterdam, Paris… En France, ses tableaux reprennent vie un peu partout.

Du 7 juillet au 20 septembre 2025, on peut admirer les œuvres du célèbre peintre à l’Atelier des Lumières, ce lieu emblématique et touristique du 11ème arrondissement de la capitale. Le visiteur est subjugué par la beauté des œuvres qui s’animent dans un grand espace où il est invité à contempler de tous les côtés et sous différents angles les magnifiques œuvres projetées en images à 360° avec un jeu de lumière et de sons. Les musiques sont méticuleusement choisies pour rendre l’atmosphère de chaque tableau représenté. Par exemple, on reconnait bien le célèbre morceau de Chopin « Nocturne Op 9 n°2 » au piano qui met merveilleusement bien en valeur la projection de l’illustre « Nuit étoilée ». Lorsqu’il peint la nuit étoilée à Arles, Van Gogh veut rendre sa vision colorée et lumineuse qu’il a de la nuit. Pour lui, une nuit étoilée comporte plus de couleurs que le jour, « colorée des violets, des bleus et des verts plus intenses […], certaines étoiles sont citronnées, d’autres ont des feux roses, verts, bleus et myosotis. » (1)

Un peintre prédicateur et voyageur
Van Gogh est un peintre néerlandais du XIXe siècle issu d’une famille bourgeoise de pasteurs. Son oncle, marchand d’art, le sensibilise très tôt à l’art en l’emmenant à 16 ans parcourir le monde et rencontrer des artistes. Van Gogh est très à l’aise grâce aux langues qu’il parlait mais le métier ne l’intéresse pas. Il devient ensuite prédicateur et à 27 ans, il se consacre à l’art aux Pays-Bas et en Belgique. Son frère cadet Théodore, devenu marchand d’art et avec lequel il correspond, tente de vendre ses œuvres mais en vain. De son vivant, il ne parviendra à vendre qu’un seul tableau : « la Vigne Rouge ».

Van Gogh n’appartient à aucun mouvement artistique particulier puisqu’il s’inspire des peintres impressionnistes comme Monet et Manet, de l’art moderne avec Gauguin et du pointillisme avec Signac, Seurat et Cézanne. Un de ses premiers tableaux, « Les Mangeurs de pommes de terre » s’inspire de la vie quotidienne aux Pays-Bas. Puis, il cherche d’autres sources d’inspiration en restant deux ans à Paris. En 1886, Van Gogh s’installe avec son frère à Montmartre pour se nourrir d’influences artistiques et peindre à la façon des grands impressionnistes de son temps. Il puise son inspiration des lieux qu’il traverse et des paysages variés qu’il voit. Les régions de France vont le nourrir pour les peintures « Champ de blé avec corbeaux », « Les Tournesols », « les Cyprès », « Les Iris ». En quête de nouveaux horizons, il peint « l’Amandier en fleurs » inspiré par l’art japonais et par la naissance de son neveu.

Ses deux dernières années seront riches en émotions, il se coupe l’oreille, se retrouve à l’asile de St-Rémy-de-Provence et termine sa vie à Auvers-sur-Oise en se faisant aider par le docteur Gachet. La naissance de son neveu Vincent, fils de Théo, lui redonne goût à la vie et lui permet de réaliser « l’Amandier en fleurs ». Il mourra le 29 juillet 1890 dans cette ville.


Des tableaux prennent vie à Paris
À l’Atelier des Lumières, l’âme de Van Gogh renaît dans l’esprit des visiteurs. Pendant trente minutes, le public est plongé dans l’univers de l’artiste et voyage à travers ses œuvres par un spectacle de lumière, de sons et de couleurs. Les œuvres projetées respectent un ordre précis. Elles racontent la vie de l’artiste en sublimant l’alliance et le contraste des couleurs et en dévoilant les différentes phases artistiques du peintre. Les couleurs plus ternes de ses tableaux de 1880 à 1885 représentent des paysages ruraux hollandais. Le jaune ressort dans la période la plus joyeuse de la vie de Van Gogh où il peint un monde plus lumineux. On le sent alors renaître artistiquement. À St-Rémy-de-Provence, il enchaine avec des touches de vert pour exprimer ses inquiétudes et ses tourments en peignant « les Oliviers » et « les Cyprès ». Le bleu dans ses œuvres joue avec les contrastes et les perspectives, comme pour « La Nuit étoilée ». Les œuvres mises en scène nous invitent à les contempler autrement. Habituellement, lorsqu’on regarde une œuvre, elle est statique alors que si elle s’anime, on peut la voir sous tous ses angles et capter des détails qu’on n’aurait pas forcément perçus.

Un prodige de l’art met fin à ses jours dans les champs de blé
Van Gogh meurt le 29 juillet des suites d’une blessure par balle qu’il s’était lui-même infligée deux jours plus tôt, dans les champs de blé. L’année 1890 a été très mouvementée et créative en ce qui le concerne, il a peint 70 tableaux en 70 jours, soit une toile par jour. Son dernier tableau représente des racines d’arbre avec des références au tableau de l’Amandier. Malgré des périodes difficiles et sombres dans sa vie, il a su surmonter les épreuves et peindre ce qu’il ressentait avec réalisme, nuance et luminosité. On s’émerveille devant la beauté de cet art et le voir mis en lumière dans ce grand espace parisien préserve la mémoire et l’âme de l’artiste. C’est un peintre qui a voulu simplifier l’art pour l’homme et concevoir des œuvres faciles à déchiffrer. Selon lui, « l’art, c’est l’homme ajouté à la nature ». L’homme se base sur les paysages qu’il rencontre et y ajoute sa touche personnelle.

Van Gogh est un des grands artistes qui mérite d’être apprécié à sa juste valeur. Le musée consacré à ce grand peintre est menacé de fermeture s’il n’obtient pas les fonds nécessaires (11 millions d’euros) pour rénover l’édifice. Un procès est prévu en février 2026. Face à cette annonce tragique du 27 août dernier, on s’interroge. Est-ce nécessaire d’en arriver à un procès pour préserver l’héritage d’un peintre majeur de l’histoire ? L’art a-t-il encore sa place dans notre société actuelle ?

Références bibliographiques
(1) DAMPERAT M.H, MATHIEU C, NONNE M. L’ABCdaire de Van Gogh. Paris. Flammarion, 2013.

L’Atelier des lumières

L’Atelier des Lumières est une ancienne fonderie rénovée en 2018 et transformée en centre d’art numérique à côté du cimetière du Père Lachaise. Deux ou trois expositions sont organisées chaque année autour d’un peintre, d’un pays ou de personnages iconiques comme le Petit Prince ou Astérix. Le but de l’exposition est d’animer des œuvres dans un espace de 1500m2 avec 140 projecteurs pour les rendre interactives. Il faut un an pour que les 50 techniciens préparent une exposition. Les artistes sont choisis en fonction de la luminosité de leurs œuvres et de l’histoire qu’on peut raconter.
[https://www.atelier-lumieres.com/fr]

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