Vincent Perrine (président du PMSD-Rodrigues) : « L’autonomie n’a été qu’un mot »

Le président du PMSD-Rodrigues estime que l’autonomie de Rodrigues n’a été qu’un mot et n’a pas encore changé grand-chose dans les faits puisque les décisions sont prises par Maurice. Il annonce que le PMSD-Rodrigues attend la sortie de Johnson Roussety de la quarantaine pour finaliser une alliance électorale avec la Fédération Patriotique Rodriguais.

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Dans quelles circonstances vous êtes-vous joint à la politique ?

J’ai toujours été engagé dans le social. J’étais actif au niveau du comité de village et de la paroisse. Je suis un scout leader dans mon village. J’ai de tout temps essayé d’être au service de la population. À ce niveau, nous pouvons faire certaines choses mais nous ne pouvons pas aller très loin. Nos idées ne passent pas et nous nous heurtons à des portes fermées.

Je viens d’une famille très chrétienne et tout le temps Mgr Jacques Harel a toujours poussé les jeunes vers l’engagement. J’ai voulu pousser plus loin mon engagement, ce qui m’a amené à voir de près la souffrance très prononcée des Rodriguais. C’est ainsi que j’ai décidé de m’engager dans la politique d’autant plus que j’ai le temps et la capacité de le faire.

C’est alors que j’ai commencé à rechercher le parti politique le plus adapté à ma conviction. J’ai été approché par certains partis politiques, mais ils ne correspondaient pas totalement à ma vision politique.

Vous auriez pu choisir un parti rodriguais. Pourquoi avoir choisi le PMSD ?

Ici, il y avait l’OPR et le MR. Je ne me suis retrouvé ni dans l’un ni dans l’autre. Les deux partis sont présents dans l’île depuis longtemps et ont eu l’occasion de faire leurs preuves. Ils ne l’ont pas fait. Ils entretiennent presque la même ambition.

C’est par hasard que je me suis approché du PMSD. Xavier-Luc Duval était à Rodrigues et avait animé une réunion chez un proche. Ce qui m’a permis de le voir de près et de découvrir sa personnalité. C’est à partir de là que je me suis intéressé au PMSD. J’ai fait une enquête pour savoir comment ce parti opérait. J’ai aussi entendu les témoignages des anciens qui ont parlé de l’époque où le PMSD était présent à Rodrigues.

Je me suis dit que c’était la voie à suivre et je me suis joint au PMSD. J’y suis jusqu’à maintenant et suis très satisfait du leadership de Xavier-Luc Duval et la vision de ce parti pour Rodrigues.
Est-ce que le PMSD-Rodrigues a aussi sa propre autonomie par rapport à Maurice ?

Notre régionale opère de façon autonome. J’occupe les fonctions de président et Louis Ange Perrine en est le secrétaire général.
Quel est l’enjeu des prochaines élections régionales ?

Les prochaines élections seront déterminantes. Le parti qui le remportera sera là pour plusieurs années.
Est-ce que l’enjeu est simplement de remplacer le pouvoir en place ?

Nous avons un programme. Il ne s’agit pas simplement de remplacer l’OPR. Il nous faut proposer aux Rodriguais quelque chose pour l’avenir. C’est vrai que le présent régime a créé beaucoup de souffrance. Le PMSD a réussi à présenter un certain nombre de points de son programme.
Quels sont les principaux problèmes auxquels sont confrontés les Rodriguais ?

Il y a le problème de l’eau qui dure depuis 40 ans. La situation n’a fait que se détériorer. Il y a encore des Rodriguais qui reçoivent l’eau pendant 48 heures sur une année. C’est vraiment inacceptable ! Les stations de dessalement étaient supposées soulager les besoins de la population lorsqu’il y a un manque d’eau mais cela ne fonctionne pas.

Nous estimons que d’ici 2024 il est possible de doubler le stockage d’eau afin d’en assurer la fourniture dans tous les foyers de l’île. En deuxième lieu, il y a la santé. Il n’est pas acceptable de voir le nombre de personnes qui doivent quitter Rodrigues pour se faire soigner à Maurice.

Pendant la période de Covid, nous avons vu la misère qu’elles ont connue.  Or, nous voyons un grand nombre de Mediclinics qui sont construites à Maurice alors qu’à Rodrigues nous disposons d’un système archaïque. Les spécialistes arrivent pour des contrats à court terme de trois mois ou six mois. Il faut qu’il y ait des spécialistes présents en permanence dans l’île.

L’autre problème est la cherté de la vie. Les Rodriguais n’arrivent pas à épargner. Le fret est trop important. Les deux piliers de l’économie rodriguaise, l’élevage et l’agriculture, ont été délaissés par l’OPR. Nous envisageons de mettre au moins Rs 100 millions dans chaque secteur afin de permettre à Rodrigues de redresser ces piliers de l’économie une bonne fois pour toutes. Un pêcheur à Rodrigues n’a pas les mêmes incitations qu’à Maurice.

Qu’est-ce que l’autonomie a apporté aux Rodriguais durant ces 20 dernières années ?

Globalement, l’autonomie a été simplement un mot pour les Rodriguais. Personne n’a jamais bien compris ce que voulait dire l’autonomie. Personne n’a pris le temps pour expliquer son implication dans une île autonome. C’est la raison pour laquelle elle a été un fiasco.

Aujourd’hui, on gère Rodrigues administrativement mais les décisions sont prises à Maurice. Cela est dû au fait que les gouvernements régionaux au pouvoir n’ont jamais pu exploiter la dimension de coopération régionale pour aider Rodrigues à décoller et qui a été complètement négligée.
Comment voyez-vous les relations entre Rodrigues et Maurice dans le cadre de la République ?

Au niveau du PMSD, nous favorisons l’ouverture sur Maurice et sur la région. On ne peut pas vivre en isolement. Nous avons besoin de Maurice pour avancer et Maurice a besoin de nous pour avancer. Il ne faut pas oublier cela.

Il est indispensable que nous maintenions les bonnes relations avec Maurice, encore plus dans les moments difficiles que nous connaissons actuellement. Il y a des partis extrémistes qui traitent les Mauriciens de colons, etc. Il faut mettre cela de côté. Les Rodriguais ont compris qu’il nous faut travailler main dans la main avec Maurice.
Ceux qui préconisent l’indépendance exagèrent-ils à votre avis ?

C’est exagéré ! Tout parti politique aspire à voir l’indépendance mais nous ne sommes pas prêts et ne disposons pas encore de bases solides pour le faire. Pour le moment, il faut redresser l’économie et remettre Rodrigues sur les rails.
Où en est l’appel lancé par Xavier-Luc Duval pour une alliance avec les différents partis de l’opposition à Rodrigues ?

Personne n’est revenu vers nous pour discuter d’une alliance officielle. La réunification de l’opposition n’est pas encore visible.
Où en est la conclusion de l’alliance avec la Fédération Patriotique Rodrigues de Johnson Roussety ?

Nous attendons que Johnson Roussety quitte la quarantaine pour poursuivre nos discussions.
Avez-vous finalisé votre liste de candidats ?

Nous la finaliserons bientôt et informerons la presse. La campagne se passe tranquillement. Nous menons une campagne de proximité. Nous pensons qu’il y aura une accélération à partir du 22 janvier, jour du Nomination Day.
Certains vous reprochent de faire des attaques personnelles contre Serge Clair. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

J’ai dit des vérités. Si j’ai dit des choses que je n’aurais pas dû dire et qui ont blessé sa sensibilité, je m’en excuse. Je suis toutefois d’avis qu’en tant qu’ex-prêtre, il aurait dû se montrer plus bienveillant. Il ne faut pas embêter les gens.

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