À une semaine de l’arrivée d’Emmanuel Macron à Maurice, l’ambassadeur de France, Frédéric Bontems, qui rencontrait la presse, hier, à Telfair en compagnie de la directrice de l’Agence Française de Développement (AFD) pour Maurice et les Seychelles, a résumé l’état des relations bilatérales en un mot, à savoir « excellentes ». Cette appréciation reflète une dynamique politique, économique et stratégique qui n’a jamais été aussi dense entre Paris et Port-Louis.
Le président français est attendu à Maurice le 20 novembre en début d’après-midi pour un séjour d’environ 24 heures. Il se rendra ensuite en Afrique du Sud, où il participera au sommet du G20, avant de poursuivre sa tournée diplomatique au Gabon, puis en Angola.
La visite du président de la République française, Emmanuel Macron, entend ainsi honorer une promesse faite au Premier ministre, Navin Ramgoolam, après l’annulation de la visite prévue en avril dernier en raison du décs du pape François et de ses funérailles papales. Le geste est symbolique, mais il traduit aussi un choix géopolitique assumé : faire étape dans un pays clé de l’Indo-Pacifique francophone, stable, stratégique et aligné sur plusieurs priorités structurantes. Parmi les sujets qui seront évoqués pendant la visite du président de la République française figurent la transition énergétique, le numérique, l’intelligence artificielle, l’éducation, la sécurité et la gouvernance des données, a fait ressortir l’ambassadeur de France.
Le diplomate français est catégorique : rarement le partenariat franco-mauricien n’a été aussi dense. Cette densité est reflétée par le fait que le président de la République française et Navin Ramgoolam se rencontreront pour la quatrième fois à Maurice cette année. En effet, la première rencontre Macron-Ramgoolam a eu lieu à Madagascar en mars. Ils se sont rencontrés à Nice à la Conférence des Océans en juin; et une troisième fois à l’Élysée, également en juin. Ces rencontres attestent du niveau de confiance politique entre Paris et Port-Louis.
Passant en revue les relations bilatérales, Frédéric Bontems a souligné le partenariat économique solide et structurant entre Maurice et la France. « La France demeure un acteur économique central pour Maurice », a-t-il dit. En effet, la France est le premier client de Maurice (quelque 250 millions d’euros). Elle est le cinquième fournisseur (autour de 450 millions d’euros), générant un excédent d’environ 200 millions d’euros. Quelque 400 000 à 450 000 touristes français visitent Maurice annuellement.
En termes d’investissements, la France reste le premier investisseur étranger, avec une diversification notable vers les technologies, les services, l’énergie, les infrastructures et les projets environnementaux. D’autre part, quelque 15 000 à 18 000 expatriés français vivant à Maurice, et le nombre est en pleine croissance.
Pour sa part, Laetitia Habchi, directrice de l’AFD à Maurice, affirme que plus de 600 millions d’euros ont été engagés en quatre ans : un soutien financier sans précédent. La France a accordé une aide de 300 millions d’euros comme soutien budgétaire pendant la pandémie; 200 millions d’euros ont été accordés en 2023 pour la réforme du secteur de l’eau; 80 millions d’euros pour moderniser le secteur bancaire public (transition climatique); un prêt de 100 millions d’euros, assorti de 20 millions d’euros de dons, est prévu pour 2025. La France devient ainsi l’un des partenaires les plus engagés sur les questions de transition énergétique, d’adaptation climatique et de gestion de l’eau.
Frédéric Bontems a mis l’accent sur trois priorités centrales qui domineront la visite du président français, à savoir l’éducation et la francophonie. On s’attend que, pour la première fois, des matières comme les mathématiques ou les sciences soient enseignées en partie en français dans des écoles publiques. Un accord entre les autorités de l’enseignement supérieur des deux pays permettra de fluidifier les mobilités étudiantes.
La deuxième priorité concernera le numérique et l’intelligence artificielle. Un forum « Génération IA – Mauritius IA » au Caudan Arts Centre sera l’un des moments phares. Maurice préside le réseau francophone des autorités de protection des données. On s’attend que la présidente de la CNIL française intervienne dans plusieurs séquences dédiées.
La troisième priorité sera la transition énergétique et la gestion de l’eau. L’ambassadeur de France a noté que Maurice doit gérer un vieillissement partiel de ses infrastructures, une hausse rapide de la demande, et qu’un virage « est inévitable ». Dans le domaine de l’électricité, un accord sera conclu entre le Central Electricity Board et EDF. Il couvrira la modernisation du réseau, l’intégration du solaire, les Smart Grids, la gestion des pointes et la réduction des pertes. Un volet associant EDF La Réunion créera une coopération renforcée entre systèmes insulaires. Pour ce qui est de Rodrigues, le projet soutenu par la France vise à faire de l’île un modèle régional en matière d’énergie renouvelable.
En gros, la visite de Macron sera hautement stratégique et symbolique. Maurice est un partenaire incontournable avant les débats du G20 sur l’Indo-Pacifique. Elle permettra de finaliser les annonces en matière d’éducation, d’énergie, IA et de transition climatique, et de réaffirmer le rôle de la France comme partenaire de long terme. Pour qui concerne, Tromelin, Frédéric Bontems, estime qu’il est peu probable qu’un accord puisse être conclu sur ce dossier à ce stade.
La visite du président Macron sera aussi marquée par l’inauguration de l’ambassade de France qui s’installera bientôt à Telfair. Une déclaration à la presse est prévue dans l’après-midi du jeudi 20 novembre.
Visite de Macron de 24 h — Frédéric Bontems : « Les relations entre Maurice et la France sont excellentes »
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