2018, la maudite !

Les compteurs seront remis à zéro demain soir à minuit. L’occasion à tous de se souhaiter ce qu’il y a de meilleur pour 2019. L’occasion aussi de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et de faire sa propre remise en question par rapport à un certain nombre de choses. Car il est impératif de voir là où nous avons réussi, mais aussi là où nous avons failli, tant sur le plan personnel que professionnel.

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L’heure est donc au bilan. Non seulement à notre niveau, mais également dans un domaine qui nous intéresse plus particulièrement, le sport. Ainsi, toute remise en question est nécessaire, voire obligatoire si nous avons vraiment à cœur le développement et le progrès. Sauf pour ceux – ces anarchistes – qui, bien évidemment, ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez et qui, malheureusement, continuent à ternir, année après année, la valeur et la réputation de notre sport.

Cette année, la République de Maurice a souffert. Beaucoup trop même par rapport aux années précédentes. Jamais dans le passé, le sport mauricien n’a été autant traîné dans la boue. On s’est retrouvé, malgré nous, dans des situations aussi compromettantes qu’indésirables et auxquelles on n’était vraiment pas habituées, voire préparés.
Car l’île Maurice a toujours vibré au rythme des exploits de ses sportifs qu’auront incarné le boxeur médaillé de bronze olympique senior, Bruno Julie et aussi bien que le spécialiste du 200m Stephan Buckland, de par ses folles courses lors des finales des Mondiaux d’athlétisme et aux Jeux olympiques. Sans oublier ce triplé historique africain d’Eric Milazar au 400m ou encore les titres de champion du monde de kick-boxing de Fabrice Bauluck, pour ne citer que ceux-là.

Malheureusement, cette image durement construite a été sérieusement écornée cette année avec notamment ce qui s’est passé aux Jeux du Commonwealth en Australie en avril dernier. On dira tout simplement qu’on aura tout vu à Gold Coast. De la sombre histoire d’attouchements sexuels allégués en passant par le vol des luminaires et le comportement jugé indigne d’un entraîneur. Visiblement, ceux qui avaient pour responsabilité de faire respecter l’ordre et la discipline ont eux-mêmes transgressé les codes de conduite.

Malheureusement voyez-vous, l’administration du sport n’est plus ce qu’elle était jadis. Le code d’honneur ? Allez savoir si certains en ont conscience et s’ils connaissent vraiment le sens même de ce mot. Et l’intégrité et la crédibilité ? À croire que le sport a désormais d’autres vertus que celle des valeurs qui les gouvernent. Ce qui inquiète encore plus, c’est cette forme d’amnésie dont souffrent certains de nos dirigeants à l’heure où il est justement question d’assumer pleinement leurs responsabilités.

On se passera de commenter la suspension à vie, infligée récemment par la Badminton World Federation pour utilisation abusive de fonds, à l’ancien homme fort du badminton local, Raj Gaya. Car nous estimons qu’il n’y a plus rien à en redire si ce n’est que chacun doit maintenant assumer ses responsabilités. Idem pour le président de la Mauritius Amateur Weighlifters’ & Powerlifters’ Association, nommément Magarajen Moonien, qui a déjà rendu ses 13 mois d’allocations d’ancienne gloire en attendant de pouvoir prouver son éligibilité.

Sauf que cette affaire est venue mettre en lumière les failles d’un système mis en place par le TFES et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Un système qui, précisons-le, a été intransigeant dans le cas Stephan Buckland, allant même jusqu’à geler ses allocations. Sa faute ? Celle d’avoir refusé, par principe, de soumettre un certificat de moralité comme exigé ! Pourtant, ce ne sont pas les résultats qui manquent pour prouver son honnêteté ! Comprenne qui pourra…

En somme, 2018 aura été l’année des dirigeants. Ces derniers se sont même permis de voler la vedette aux sportifs – malheureusement pas pour de bonnes raisons -, alors qu’ils étaient censés donner l’exemple. Combien sont-ils encore à sévir dans l’ombre sans qu’ils ne soient pour autant inquiétés? C’est justement là toute la faiblesse du sport mauricien, mis au grand jour cette année. Car si le sportif a franchi plusieurs paliers et que son entraîneur tente tant bien que mal d’être à la pointe de la technologie, en revanche, le dirigeant lui n’a guère évolué. La gestion catastrophique d’un certain nombre de fédérations est même devenue plus qu’inquiétante. Désormais, c’est l’opacité qui règne en maître.
Heureusement que nos sportifs ont su garder la tête froide et rester, comme jamais, concentré sur leurs objectifs. Heureusement aussi que l’haltérophile Roilya Ranaivosoa était là pour sauver les meubles à Gold Coast avec cette médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth, la seule du pays à ces Jeux. Sans oublier le titre de champion du monde junior de kick-boxing de Warren Robertson, le doublé historique du cycliste Christopher Lagane au Tour de La Réunion et surtout la toute première médaille olympique de la jeunesse de Terence Saramandiff en canoë-kayak. Au cas contraire, le tableau aurait été encore plus sombre cette année. Bravo donc à ces derniers, mais également à tous ceux qui ont aussi porté haut et fièrement le quadricolore.

Que dire maintenant de la performance du ministère de la Jeunesse et des Sports et de son ministre en particulier ? Si Stephan Toussaint s’est illustré de manière convaincante en matière de jeunesse avec notamment ses pas de danse rendus célèbres sur la toile lors du lancement de la Street Dance Battle à Trianon, en revanche, il n’a jamais été en mesure de galvaniser les sportifs et être, encore moins, à la hauteur de leurs attentes. Stephan Toussaint aura surtout péché par une absence de décisions fortes.

On viendra certes nous dire que le gouvernement mauricien, à travers le MJS, a lancé la National Sports and Physical Activity Policy en octobre dernier. Il n’empêche que, pour l’heure, ce projet demeure utopique et ce, pour les nombreuses raisons que nous évoquions au moment même de son lancement.

Le manque de maîtrise sur certains dossiers prioritaires témoigne aussi largement, si besoin est, que le sport n’est définitivement pas le fort du ministre Toussaint. Alors qu’il gèle les subventions à la MFA dans l’attente d’une décision du State Law Office, il délie, de l’autre côté, le cordon de la bourse pour venir en aide aux clubs de football ! Ces mêmes clubs qui forment, à moins qu’il ne l’ignore, la MFA !

La lenteur qu’a pris le MJS avant de rendre enfin la National Anti-Doping Organization conforme aux règlements de l’Agence mondiale d’Anti-dopage est aussi à déplorer. Tout comme cette présence constante de son ancien conseiller en matière de jeunesse, Jean-Mée Sandian, à ses côtés quand on sait que ce dernier a des antécédents judiciaires. « Moralite pa ranpli vant », disait le ministre Mentor, Sir Aneerood Jugnauth…

On retiendra aussi de M. Toussaint sa fameuse citation de « Jeux des Iles Cinq Etoiles » et qu’il n’est certainement pas prêt de lâcher. Tout simplement irrespectueux à l’égard des Comores, qui n’ont jamais organisé les JIOI. Idem pour Madagascar par rapport au peu de moyens dont dispose la Grande Ile, pour être un jour capable de faire mieux que Maurice ! C’est dire que, dans la vie, il faut savoir des fois faire preuve d’humilité Monsieur le ministre et ce, afin de ne pas blesser la susceptibilité de ceux qui vous entourent !

Pour conclure, on dira tout simplement que les JIOI ne devraient pas être une finalité en soi comme tendent souvent à faire croire certains. C’est plus haut qu’il faudra désormais aller chercher, un peu comme Madagascar l’a fait en se qualifiant pour la Coupe d’Afrique des Nations de football de 2019. Les JIOI devraient surtout marquer un nouveau point de départ afin de permettre au sport mauricien de briller à nouveau sur le plan régional. Ces Jeux devraient ensuite s’inscrire dans un projet à long terme avec des objectifs bien définis pour les uns et pour les autres, et susceptibles surtout de rendre un peu de crédibilité à notre sport qui, malheureusement, n’a que trop souffert après les déboires de certains de ses dirigeants.Vivement donc 2019 et bonne année à tous.

 

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