Ça suffit !

Il est grand temps de stopper cette spirale mortifère. Ça suffit! Les gens ne peuvent pas tomber comme des mouches, des cadavres et des corps carbonisés, ici, des chutes de falaise et des étages, là, sans que le ministère de l’Intérieur et la police ne viennent avec des réponses adéquates pour rassurer la population que les autorités ont toujours le contrôle de la situation.
Même si certains tentent désespérément de dédouaner Pravind Jugnauth de toute responsabilité dans le climat délétère qui s’est installé dans le pays, au point de susciter rires et sarcasmes, tant leur cécité est suspecte et intéressée, surtout si l’on habite le No 8, la capitale de toutes les magouilles. Il suffit pour justifier l’injustifiable de répéter à longueur de journée que cela se faisait aussi avant.
Comme si cela suffisait pour condamner ce pays à vivoter dans l’à-peu-près et la médiocrité ad vitam aeternam. Et il y aurait apparemment un Etat dans l’Etat, un commando organisé et le pauvre Premier ministre et ministre de l’Intérieur n’en saurait rien et n’y pourrait rien. Mais à quoi sert-il donc? A ce poste si cher payé!
Les connivences entre certains policiers et les gangs étaient, certes, connues. Mais là, ils ont pris des proportions inquiétantes. Ici même, nous avons souvent dénoncé les petites combines qui se déroulent dans les postes de police de quartier, où tout ce qui se rapproche de près ou de loin à l’ombre du ministre de la circonscription, est surveillé de près pour ne pas froisser le grand baron local, celui qui se pose comme le propriétaire de la région.
Ce qui se passe au No 9, Flacq/Bon-Accueil, et qui n’est pas sans rappeler les heures sombres de la circonscription voisine, le No 10, sous la précédente mandature, est très symptomatique de ses liens glauques qui se tissent entre proches de ministre, députés et des agents de l’ordre qui craignent de faire correctement leur travail de peur de se voir affectés à des commissariats très éloignés de leur lieu de résidence.
Parce que le ministre de l’Intérieur, qui a décidé de tout politiser n’y voit que des avantages, à commencer par les siens et que l’on a trop souvent eu à la tête de la police des incapables qui se comportent en agents politiques plus soucieux de ne pas déplaire au maître du moment que d’inspirer la confiance des citoyens et de commander le respect de la population.
Au No 9, il y a un businessman local qui est un partenaire d’affaires du ministre Sudheer Maudhoo. Il se comportait déjà comme un terrible avant même les élections de novembre 2019, mais depuis que son associé a été élu et qu’il est devenu ministre, c’est le bal des grands copains et le règne des petits coquins.
Dénoncé pour séquestration de certains de ses employés, celui qui était censé pointer régulièrement au poste de police a, fort de ses connexions, trouvé tout naturel de s’en dispenser et de confier cette tâche à un policier proche d’un autre député du No 9 pour faire des entrées à sa place dans le registre de la police.
C’est comme ça que cela fonctionne. Et si on croyait qu’avec l’affaire Kistnen, après cette scandaleuse affaire que la police a tout fait pour classer comme un suicide, les forces de l’ordre ferait preuve d’un peu plus de bon sens, de rectitude et de professionnalisme, ben visiblement non, on s’est tous foutu le doigt dans l’oeil.
On a vu des policiers recueillir des dépositions à la cantine pour finir par dire qu’ils n’avaient finalement rien enregistré parce que “trop confidentiel”, et d’autres qui embarquent la veuve de Pravind Kanakiah pour une virée dans un champ de cannes, devenu apparemment le nouveau lieu privilégié pour des interrogatoires, pour des règlements de comptes et des barbecues improvisés pour maquiller les crimes.
Heureusement pour cette dame, déjà dans la détresse, des proches avaient suivi le véhicule de la police et qu’elle a finalement décidé de les rejoindre plutôt que de poursuivre une route qui menait nulle part, si ce n’est vers celle de l’intimidation pour qu’elle lâche l’affaire et que le décès de son époux soit, lui aussi, considéré comme un suicide.
Les policiers qui ont laissé partir Manan Fakoo blessé par balles ont été interpellés et suspendus de leurs fonctions. Il y a au moins là un début de réaction, mais quid de l’enquête sur l’agression organisée, préméditée de Fardeen Okeeb, cet indélicat qui s’était fendu de commentaires sectaires sur les réseaux sociaux.
Ce dossier est très intéressant à suivre dans la mesure où son traitement et son aboutissement diront si nous avons franchi un nouveau palier dans le règne de la mafia ou pas. L’officier qui a démarré l’enquête dans cette affaire avait été subitement transféré avant de retrouver son poste suivant les réactions indignées de l’opinion.
Un individu interpellé dans cette enquête, voisin de Madan Fakoo, qui était de l’expédition “correction” de Fardeen Okeeb dans un champ de cannes à Cottage, a indiqué que certains hauts gradés de la police seraient de mèche avec les agresseurs. Rien jusqu’ici.
On va nous rejouer la même partition que celle du gang du Sud où, la police couvrait manifestement des gros bras qui semaient la terreur. Et faire comme si rien ne s’était passé de grave et que le véhicule de police était juste là à Cottage pour vérifier que les assaillants n’aillent pas trop loin. On est où là? Dans un polar de mauvais goût?
Et que dire de la communication de la police? Ça, ça mérite un feuilleton. Avis aux ventrus qui adorent s’exhiber à chaque sortie de la Mauritius Film Development Corporation. Il y a de quoi faire une série à succès. On a entendu un policier expliquer que Manan Fakoo n’avait eu que quelques égratignures et qu’il se portait à merveille à quelques heures de son décès.
Et plus incroyable, on a aussi appris de la bouche du porte-parole officiel qu’il ignorait que des snipers avaient investi les toits de la capitale pour la comparution de Yogida Sawmynaden. Comment ne pas être d’accord avec l’animateur de cette radio qui, par un lapsus, a finalement tout résumé. Pas porte-parole sa, perte-parole!

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