Degré élevé d’indignité

Non, on ne parlera pas d’alliance MSM-PTr, le degré élevé d’indignité, une véritable crise que traverse ce pays est déjà suffisamment grave pour que nous n’en rajoutions pas une couche. Ils doivent, en tout cas, avoir été nombreux dans les deux camps à s’être sentis momentanément un peu cocus au point d’avoir été contraints de ranger au placard les épithètes du genre de « tonton cigare » et « Pinocchio ». Le s démentis et les clarifications d’usage, venus tardivement, de part et d’autre, vont sans doute rassurer les plus dépités des deux camps. Jusqu’à la prochaine photo ! Jusqu’au prochain emballement !

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C’est la caricature de Deven T. dans Le Mauricien du jeudi 19 août qui résume, avec son habituel et habile coup de crayon, le dégoût qu’inspire cette énième évocation d’un rapprochement entre partis que tout est censé opposer. Les démentis et clarification d’usage venus de part et d’autre ont sans doute rassuré les plus dépités des deux camps. Jusqu’à la prochaine photo !

On ne parlera pas non plus de cet internaute qui a dû ramasser illico presto son post, après avoir salué avec un rare enthousiasme l’arrivée des talibans en Afghanistan au mépris de la condition humaine et des femmes en particulier, déjà victimes du sexisme moyenâgeux des bouchers de Kaboul. Si on évoque cela ici, c’est que cette posture relève aussi de la crise d’indignité qui parasite ceux qui se posent en grand observateur de la société mauricienne et des grands courants mondiaux.

Pas la peine, non plus, de revenir sur l’épisode indigeste du gâteau Marie, si ce n’est qu’il a permis de confirmer qu’il y a des minables qui sont prêts à tout et même récupérer une fête religieuse dans le but ultime d’obtenir quelques votes. Les plus sarcastiques ont déjà réglé leur compte à ces politiciens de bas étage en les invitant à inscrire pareillement leurs noms sinon graver leurs initiales sur les gâteaux de Divali et les barquettes de briani, le moment des célébrations venues.

Ce qui est autrement plus interpellant et immédiat, c’est le désarroi post-résultats du School Certificate qui a gagné de nombreux jeunes. Il y a déjà eu, malheureusement, des suicides et une incertitude insoutenable pour ceux, des milliers, qui ont été brusquement exclus du système qui perdure. Les jeunes, on ne l’a pas assez dit, ont peut-être été les grandes victimes de la Covid-19. Interruption du cursus scolaire, désocialisation, isolement prolongé, manque d’activités physiques en plein air, inégalité devant l’éducation numérique, les problèmes ont été considérables pour nos jeunes ces derniers dix-huit mois de pandémie.

Ailleurs, un accompagnement psychologique a rapidement été mis en place. Pour encadrer, pour conseiller et pour atténuer des situations de grande détresse. Ici, la ministre de l’Education Leela Devi Dookun-Luchoomun a traité les gestes de désespoir d’un collégien de sa circonscription avec une grande légèreté. C’est une posture indigne. On aurait espéré que celle qui vient de se voir administrer une magistrale claque de la Senior Puisne Judge Rehana Mungly-Gulbul pour magouille avérée de ses services dans la désignation d’un Lecturer au MIE ferait preuve d’un peu d’humilité. Pour rappel, le Dr Vishal Jaunky, nettement plus qualifié que celle que le MIE et l’Éducation avaient choisie, a obtenu gain de cause devant la Cour suprême.

Ni humilité et même pas un mot de compassion. Invitée à commenter le suicide de cet adolescent, la ministre de l’Éducation rétorque, avec un rare détachement, qu’il avait bien obtenu ses cinq « credits » lui et fin de l’affaire ! Et à ceux qui demandent un aménagement exceptionnel pour accommoder les détenteurs de quatre « credits », la ministre les expédie à Cambridge pour un réexamen de leurs points. Et, pour elle, le dossier est clos pendant que parents et enfants sont dans l’angoisse de lendemains incertains.

Comme c’est décidément au N°8 que tout se passe, on peut s’étonner que le fameux trio Yogida Sawmynaden-Deepak Bonomally-Vinay Appanah se soit soustrait d’un exercice simple comme la soumission d’un échantillon d’ADN pour les besoins de l’enquête sur le meurtre de Soopramanien Kistnen. Pour d’autres, la police aurait fait diligence et débarqué au petit matin pour piquer un cheveu d’un suspect mais, là, elle prend son temps pour rechercher un ordre de la Cour suprême en vue de contraindre les trois hommes à se conformer à cet exercice.

Et pendant que l’enquête judiciaire sur la mort de cet activiste du MSM se poursuit, le directeur de la STC a, lui, décidé d’absoudre les cadres de la formation dont il vient de prendre la direction, de toute maldonne dans l’octroi en 2020 de contrats douteux et coûteux de la Covid. Rajiv Servansingh ne sait peut-être pas que ce monsieur Appanah n’est autre que le beau-frère de son prédécesseur Jonathan Ramasamy. Lorsqu’on a emprunté la voie des retournements intéressés et de l’indignité, toutes les contorsions sont possibles.

Et ce gouvernement qui a des milliards à jeter dans la poche de ses protégés, qui peut dépenser l’argent du contribuable sur une stérile campagne publicitaire en faveur de Liverpool, qui est sévèrement critiqué par le directeur de l’audit, abandonne ses citoyens avec une facilité révoltante.

Rodriguais et Agaléens ont un désir bien légitime, celui de rentrer chez eux et de retrouver les leurs. Pas d’avion pour le moment pour les uns et silence radio de leurs députés trop occupés à encenser le gouvernement et, pas de bateau pour les autres. Le gouvernement aurait pu demander au copain du Premier ministre, Alan Govinden, de trouver un jet pour ramener les Agaléens chez eux ou, à défaut, il aurait demandé à un des pays amis d’organiser un vol humanitaire à destination d’Agaléga.

Ceux qui soutiennent nos compatriotes d’Agaléga ont entamé des démarches et ils ont pu trouver un bateau disposé à les conduire à bon port et à la maison. Mais cela coûtera Rs 2 millions et le gouvernement ne veut pas faire les frais de ce rapatriement, mais pourtant, il a des milliards à jeter ailleurs. N’existe-t-il pas un fonds de solidarité quelque part pour couvrir les coûts de cette traversée ?

Stéphane Hessel nous invitait à nous indigner. Ce ne serait pas lui faire injure que d’inviter, à notre tour, à l’offuscation devant l’indignité dont peuvent faire preuve des personnages publics.

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