La sortie de Hillcrest

Il fait comme il en a l’habitude. Se préparer, prendre son temps, évoquer le passé pour essayer de trouver des arguments et «réunir des documents» lorsque ce n’est pas la fuite en avant. Jamais de réponses immédiates, précises et limpides.

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A l’Assemblée nationale comme ailleurs, ça doit toujours être un plan préparé pour mieux se sauver. Lorsqu’il n’orchestre pas un plan médiatique avec sa MBC et qu’il accorde une déclaration à sa seule télévision étatique, le Premier ministre met toujours en scène sa réplique, comme mercredi dernier à l’occasion de l’ouverture de la route de Hillcrest à Sodnac/Trianon. Alors qu’il était attendu sur le dossier Angus Road, point de réponses satisfaisantes alors même que c’est un agent spécial qui avait été dépêché par la MBC pour la mission soigneusement organisée. Or, en guise d’explications, rien de bien éclairant si ce n’est les même redites ainsi que de nouvelles menaces de poursuites.

S’il voulait vraiment convaincre, Pravind Jugnauth se présenterait devant la presse, répondrait à toutes les questions et circulerait des documents pour prouver que ceux du domaine public et déjà très éloquents ne sont pas partiels et finaux. S’il entendait défendre son honneur et son intégrité avant tout, il poursuivrait ses détracteurs pour une somme symbolique afin que le procès puisse être pris dans le meilleur délai et qu’ainsi tous les éléments constitutifs de dossier soient étalés devant le grand public. Le leader du MSM a sorti d’autres incongruités lors de sa prestation publique savamment concoctée. Il a ainsi décrété que son Speaker est «exemplaire» puisque les membres de l’opposition ne le seraient pas! Un Speaker n’est d’abord pas censé se mettre au même niveau que ceux qu’il est appelé à encadrer, arbitrer et sanctionner. Et exemplaire, vous avez dit! Oui et ce sont les membres du gouvernement qui se distinguent dans ce registre-là. L’opposition a certainement eu des mots déplacés et malheureux et ils ont souvent et abusivement été punis pour cela, mais ce n’est rien comparé à ce dont ont été coupables les élus de la majorité.

A commencer par le Pm lui-même qui est entré dans l’histoire glauque du Parlement pour avoir lancé «licking my hand and other parts», tandis que son porte-parole Bobby Hureeram, d’un raffinement inégalé, n’a rien trouvé de mieux que de dire «si to piti torpa» à Shakeel Mohamed qu’il invitait à «tom deor» pour en découdre et qu’une voix de la majorité a bien proféré les pires jurons des annales législatives avec son «bouss to l.. t..pi..» Et Pravind Jugnauth se pose en arbitre des élégances. C’est le monde à l’envers! Entre autres sujets pré-cuits pour être servis à la sortie de Hillcrest, les courses et sa Horse Racing Division de la GRA. Encore une sortie contre Jean-Michel Giraud dont la compagnie, qu’il a quittée depuis des années, aurait financé le MMM. So what? Pour reprendre sa propre formule.

Qui ne sait pas que les compagnies du privé financent les principaux partis politiques? Mais ce ne sont pas tous les partis politiques qui, sans aucun scrupule, prennent goulûment l’argent de la mort pour construire leur quartier général et dont ce sont exclusivement les membres qui sont épinglés devant une commission d’enquête sur la drogue! Et qu’à chaque fois qu’il y a une grosse saisie de drogue, cela conduit invariablement au Champ de Mars et à des proches du Sun Trust.

Et qui est le seul Pm à avoir comme conseiller, quand bien même bénévole, un bookmaker? Dont il n’est pas capable d’assurer la sécurité, lui, le ministre de l’Intérieur puisque la pauvre victime a dû, sans succès apparent, offrir une récompense pour pouvoir identifier ceux qui ont pénétré son sanctuaire probablement bien alimenté. Le retraité du privé qu’est Jean-Michel Giraud a participé à une réunion du MMM au no 14, circonscription où il habite, et il a aussi contribué aux travaux du Policy Council que préside Sheila Bunwaree. What’s the big deal? Roland Maurel ne s’affichait-il pas en polo-shirt orange aux rassemblements du MSM? Le citoyen Giraud est libre de ses choix et s’il est à la tête du MTC, c’est qu’il a été démocratiquement élu. Pas un vulgaire pistonné. Si Pravind Jugnauth ne le connaît pas et qu’il ne se fie qu’à des agents intéressés comme Dev Beekarry, il peut aussi contacter Nilen Vencadasamy pour en savoir un peu plus sur les convictions de Jean-Michel Giraud puisqu’ils ont tous deux été des membres fondateurs et des animateurs de Nou Repiblik.

Et si le Pm entend contrôler les courses et le MTC qui est un club privé, pourquoi ne le fait-il pas à la MBC avec le même zèle? Depuis des semaines, plusieurs affaires secouent le service public de l’audiovisuel qui est sous sa responsabilité directe. Corruption, passe-droits, népotisme, abus de voitures de fonction, maison NHDC illégalement obtenue et, pire, photos pornographiques attribuées à un protégé désormais connu comme le «Tarolah de la MBC» et le ministre de tutelle ne fait rien. Et il veut que la population pense que ses dénonciations ne sont ni sélectives ni intéressées! Comme il veut mettre sous sa tutelle les organisations qui ont un statut privé, pourquoi ne pas montrer la même hardiesse vis-à-vis de la MFA, organisme auquel manquent deux autres voyelles le A et le I pour la définir telle qu’elle est véritablement.

Pendant qu’une déplorable affaire de pédo-pornographie et d’abus sexuels sur mineurs de la part d’un ancien de la MBC – décidément, quelle école ! – agite la tranquille Rodrigues et que tous souhaitent que rien ne soit fait pour étouffer ou orienter l’enquête, ici, à la MFA, des sadiques à l’œuvre laissent leur portable sur mode enregistrement dans les toilettes des femmes.

Pour tirer toute cette affaire au clair, pourquoi ne pas instituer une commission d’enquête avec comme président Sooroojdev Phokeer et comme assesseur Deepak Balgobin ? Puisqu’on vous dit que ensam tou posib.

Josie Lebrasse

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