Les réalités électorales

Une des caractéristiques du MSM c’est que certains de ses membres ne reculent devant aucune exagération. On avait l’habitude des qualificatifs ronflants utilisés par Showkutally Soodhun pour qualifier le Premier ministre, son père et ses liens d’amitié avec le fameux prince Salman, dont on attend toujours la construction de la marina de luxe, l’hôtel à on ne sait plus combien d’étoiles et les milliers d’emplois qui allaient être créés dans le port. Est-ce le fait qu’il ne soit plus ministre qui a poussé son ami princier à geler ses projets ?

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Désormais, le MSM compte un autre spécialiste de l’exagération ! Il s’agit de Stephan Toussaint, ministre des Sports, plus connu pour sa gamme de vêtements orange que ses interventions politiques ou ses décisions ministérielles. Le ministre des Sports a organisé une conférence de presse pour qualifier son organisation des 10es Jeux des îles de l’océan Indien — pardon ses JIOI à lui — d’événement sept étoiles. Combien d’étoiles se serait-il autodécernés si la réhabilitation du Stade George V avait été bien faite, que la finale de la compétition de football s’y était déroulée et que Maurice avait battu La Réunion ? Dix ou vingt ?

Le MSM semble ne pas avoir compris que ce n’est pas celui qui organise une rencontre sportive ou celui qui remet les médailles aux vainqueurs qui a accompli l’exploit, mais les sportifs qui s’entraînent pendant des années pour grignoter quelques dixièmes de seconde ou quelques millimètres sur le record précédent. On a vu au cours de ces Jeux la famille royale, la cour et les courtisans prendre d’assaut les tribunes officielles, alors que les vrais amateurs de sport devaient se contenter des mauvais reportages de la télévision locale.

Cette manière d’essayer de récupérer la victoire des athlètes, d’essayer de donner au support des Mauriciens pour leur sportifs une connotation politique est indécente, pour dire le moins. Mais est-ce que le mot décence a un sens dans un parti où le copinage est institutionnalisé, où les grands copains et les petites copines sont nommés à la tête des institutions d’État, tout comme les proches de lakwizinn ?

Dans le domaine de l’autocongratulation, de l’exagération, de la plus petite prise de parole dans un micro est transformée en meeting ou l’on hurle, Bye Showkut a désormais un rival de poids. C’est le leader du MSM qui doit être content d’avoir deux lieutenants, deux étoiles politiques de cet acabit à ses côtés pour les prochaines élections. Avec le charisme de l’ami du prince, il compte faire oublier les malheurs et drames humains engendrés par la fermeture de la BAI de ses assurances et de sa banque.

Avec l’autre étoile, le leader du MSM espère sans doute pouvoir transformer les médailles d’or en votes en sa faveur pour les prochaines élections générales. Mais d’ici là, la fièvre des JIOI sera passée et il faudra des arguments électoraux plus solides que l’évocation des Jeux sept étoiles du ministre pour convaincre les électeurs que vise le MSM. Est-ce que les « réalités électorales » soigneusement entretenues par tous les partis politiques qui disent vouloir les combattre ne vont pas obliger le leader du MSM à se tourner vers zoli mamzel number one, qui n’attend qu’un signe — et plus d’une dizaine de tickets — pour lui faire oublier qu’il avait démissionné du gouvernement pour sauver la démocratie à Maurice ?

D’ailleurs, le fait que des députés PMSD aient été invités à remettre des médailles aux Jeux et le ton parlementaire entre députés oranges et bleus pourraient être une indication allant dans ce sens. Tout comme les attaques du leader du MSM contre « Macarena » et « l’escroc intellectuel du siècle » — comprenez Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, jeudi dernier à Rivière-du-Rempart pour le lancement de la campagne pour la partielle du No 7 en épargnant le PMSD et son leader.

Une partielle où il prétend avoir un candidat, dont il n’annonce pas le nom, alors que l’élection est censée avoir lieu dans quelques semaines. Si le leader du MSM n’a pas annoncé la date de l’élection ni le nom de son candidat, après avoir étrillé ses adversaires, il a déclaré « sa gouvernman-la li an kominion avec le peuple ». Une manière de commencer à surfer sur la vague populaire que va déclencher la visite du Pape François comme il a essayé de récupérer — avec son ministre sept étoiles — la victoire des athlètes mauriciens aux JIOI et en attendant la visite de Mahendra Modi ? Décidément, le leader du MSM est en train de passer maître dans l’utilisation des « réalités électorales » du pays.

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