Rien à attendre

Ah! les traditionnels messages de fin d’année. Ils sont sans doute nécessaires pour une rétrospective de l’année passée et pour indiquer les pistes à explorer pour celle qui démarre. Mais qu’est-ce qu’ils manquent de perspective, d’élan capable d’installer un peu d’espérance, de provoquer la mobilisation, à défaut de l’adhésion.

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Quel contraste avec des dirigeants d’autres pays. On pense ici à la prestation de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui délivrait, il y a quelques jours, un ultime message à ses compatriotes, elle qui a décidé de ne pas se représenter aux scrutins prévus pour septembre 2021. Un départ qui sera certainement regretté tant sur le plan européen qu’international.

C’aurait été tellement bien que les Mauriciens aient la même visibilité. Savoir quand nos dirigeants arrivent et quand ils partent. Cela déjà aurait créé moins de frustration, moins de ressentiment, d’agression et de violence dans la population. C’est dans ce sens qu’une réforme des institutions héritées de l’indépendance est urgente.

Une assemblée constituante pour dépoussiérer un texte vieux de 53 ans et qui met tous les pouvoirs entre les mains du seul Premier ministre qui décide de tout, est un impératif parce qu’il est dépassé et qu’il ne répond pas à ce que les pays vraiment modernes et qui ne se contentent pas de gadgets, pratiquent en matière de démocratie, d’ouverture et de bonne gouvernance.

Proposer à la population un texte qui modernise le fonctionnement de nos institutions, à commencer par l’Assemblée nationale, de la commission électorale de la PSC, de la DFSC, de la MBC, de l’IBA et qui crée des contre-pouvoirs qui préviennent et sanctionnent de manière effective les abus d’une majorité de circonstances devrait être la priorité de ceux qui disent aimer leur pays, mais qui l’enferment toujours dans une structure suffocante.
On ne s’attendait pas à ce que le Premier ministre vienne nous annoncer qu’il allait secouer le système, qui n’a jamais autant montré que ces derniers temps à quel point il était pourri. On savait qu’il n’y avait rien à attendre de bien lumineux du message de fin d’année du Premier ministre. Il a été égal à lui-même. Le ton était revanchard, menaçant même. Rien qui traduisait la sérénité en tout cas.

Pravind Jugnauth est revenu sur 2019 avant d’aborder 2020, comme s’il avait toujours le regard dans le rétroviseur, alors que c’est l’avenir qui préoccupe la nation, du fait du manque de perspectives à moyen terme que génère la pandémie, malgré les perspectives optimistes qu’offrent les vaccins.

Les derniers jours de 2020 ont été très caractéristiques du style de gestion qu’incarne le gouvernement que dirige le Premier ministre. Nommer, à l’ultime réunion du Conseil des ministres de 2020, trois de ses agents politiques à des postes dans l’administration publique, c’est çà la marque du Sun Trust. Du premier au dernier jour de l’an, il y en a encore et toujours pour les affidés et les cireurs de pompe de «our great leader».

C’est probablement pour cela que le mot méritocratie n’a jamais existé dans le vocabulaire du gouvernement. Et ça ose parler de «renouveau» à la jeunesse de ce pays. Quel renouveau? Celui du clientélisme, du favoritisme et du népotisme probablement. Les derniers exemples étant particulièrement éloquents de cette propension à exclure tout ce qui n’est pas proche du MSM et de ses alliés.

Dans son message, Pravind Jugnauth s’est autorisé quelques distributions de félicitations. Comme à la police «péna cata cata» de Jangi, dont le proche parent a honteusement viré sa cuti après avoir été un élu rouge et de l’opposition du conseil de district de Vieux-Grand-Port. L’appel du Sun Trust étant, on le sait, irrésistible.

Cette police, qui a été couverte de louanges, est la même qui avait décrété que l’activiste clé du MSM au No 8 Soopramnien Kistnen s’était «suicidé». Les choses se seraient arrêtées là si la famille n’avait pas réagi et si elle n’avait pas alerté l’opinion publique, d’abord, et un panel de juristes ensuite, jusqu’à aboutir à l’enquête judiciaire diligentée par le DPP et qui a obligé Heman Jangi à venir admettre publiquement que le décès de celui qui tenait le livre de comptes dans la circonscription du Premier ministre est considéré comme un meurtre.
également félicité le ministre de la Santé. Franchement, c’est se moquer des Mauriciens et surtout de la mémoire de ceux qui ont succombé à la Covid-19 et dont les proches pleurent encore la disparition. Faut-il revenir sur les «exploits» de Kailesh Jagupal et revoir ses prestations à l’Assemblée nationale?

Relever ses  insupportables contradictions, sa déclaration catégorique selon laquelle il n’y avait pas de cas à Maurice alors que, quelques minutes plus tard, le Premier ministre était obligé de reconnaître les premiers cas avérés? Et s’étendre sur la saga des achats frauduleux de produits pharmaceutiques?

On frémit déjà à l’idée que ce sont ces mêmes personnes, avec, à la présidence du Comité Covid, le Premier ministre, lui-même, qui vont gérer la campagne vaccinale contre la Covid-19. Avec, pourquoi pas, comme fournisseurs d’occasion, des amis politiques, bijoutiers, hôteliers, quincailliers et autres bénéficiaires d’informations en interne qui leur permettent de toucher le jackpot sur le dos des contribuables mauriciens.
C’est aussi parce que son ministre de la Santé a cassé “un gran pake” qu’il a sans doute eu besoin d’en appeler à une étrangère, la Dr Catherine Gaud, et un conseiller politique, Zouberr Joomaye, pour communiquer sur la gestion de la pandémie.

Non, mais il s’entend parler Pravind Jugnauth? Il ne lui restait plus qu’à féliciter chaleureusement Yogida Sawmynaden, Mario Nobin, ses socioculturels, sa plate-forme politique préférée, et les porteurs de sabres capables de vite transformer leur outil pour les faire passer du métal au plastique!

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