Sésame, ouvre-toi !

Vous aimez les casse-tête ? Si c’est le cas, en voici un ! Vous avez à votre disposition un verre rempli d’eau et, à côté de lui, un bidon de 10 litres, lui, totalement vide. Question : comment remplir complètement le bidon sans rien utiliser d’autre que le verre ? Alors ? Vous ne voyez pas ? Ne cherchez pas, c’est tout bonnement impossible ! Malgré tout, c’est pourtant ce que nous promettent les « magiciens de la croissance ». Vous savez, ceux qui, par un magnifique tour de passe-passe, nous promettent monts et merveilles en nous faisant croire qu’ils rempliront non seulement le bidon avec le verre d’eau, mais qui, oh miracle, nous assurent qu’une fois le bidon rempli, l’eau continuera éternellement d’y rentrer !

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Évidemment, il s’agit de foutaises. Tout le monde, à condition d’avoir un peu de jugeote, sait que c’est im… po… ssible ! Le Club de Rome nous l’avait d’ailleurs déjà dit en 1972 dans son fameux rapport Meadows. Mais bon, soyons honnêtes : avec tout le respect que l’on se doit d’avoir pour les travaux de Dennis Meadows et consorts, pas besoin non plus d’avoir fait Bac+5 pour comprendre que notre planète n’est pas extensible. Et qu’il arrive forcément un moment où nos ressources s’épuisent, surtout si elles ne sont pas (ou peu) renouvelables. Même Ali Baba, après avoir crié son fameux « Sésame ouvre-toi ! », face à toutes les richesses accumulées par les 40 voleurs dans une caverne si grande qu’il n’en voyait pas la fin, savait qu’il finirait obligatoirement à un moment par y ramasser la dernière pièce d’or. Ali, oui, mais pas nos grands économistes visiblement !

Et pourtant… Oui, pourtant, ces derniers continuent de nous ressasser la même rengaine. Malgré la conjoncture, malgré les crises sociales, malgré le changement climatique, malgré la Covid, malgré l’épuisement des ressources, malgré la surpopulation, malgré les avertissements… Malgré, malgré, malgré ! Alors, quand cesserons-nous d’asphyxier la planète au nom du seul profit ? Attention cependant, que l’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas d’un discours marxiste ; dans les faits, le communisme ne marche pas plus que le capitalisme. Pas plus qu’aucune autre doctrine politique d’ailleurs. Car la solution se trouve ailleurs. Il faut restructurer le système, oui, mais avant tout d’abord restructurer notre pensée, notre manière de voir et de percevoir.

Question : qui a décidé un jour que le « tu me donnes, je te donne » devait être monétisé ? Rappelons au passage que l’argent véhiculé par nos échanges n’est jamais finalement qu’une convention humaine. Et qu’intrinsèquement, l’argent n’a d’autre valeur que celle du papier qui le constitue. Ce qui ne signifie pas une fois encore qu’il faille forcément évacuer la monnaie de l’équation. En revanche, il serait grand temps d’en extraire certains paramètres, comme celui d’une croissance exponentielle et éternelle, qui est, comme on l’a vu, physiquement impossible. C’est une évidence : malgré notre niveau de développement, et à une époque où nous arrivons à produire des vaccins un an à peine après la venue d’un virus inconnu, nous sommes aussi paradoxalement frappés d’une immense faiblesse intellectuelle lorsqu’il s’agit de nous réinventer et que s’impose dès lors la nécessité d’hypothéquer un certain confort. Et ce, pour une simple raison : nous voulons toujours plus !

Du coup, nous acceptons de foncer droit dans le mur, pourvu que l’on puisse continuer au maximum de profiter du système. À titre d’exemple, prenons le pétrole, carburant essentiel au fonctionnement de notre machinerie économique. Tout le monde sait en effet, à commencer par les pays producteurs, que les sources se tariront un jour. Mais au lieu de freiner notre appétit, nous poursuivons nos extractions à un rythme accéléré. Et après ? Même en faisant abstraction de toute considération climatique, on fera quoi ? Réponse : on subira de plein fouet l’effet retour et le monde plongera dans le chaos, car nous ne sommes tout simplement pas préparés à pareil choc.

Dans un monde parfait, où les intérêts ne seraient pas concentrés dans les mains d’une poignée d’individus, la logique voudrait que l’on change sans tarder de paradigme sociétal. Mais au lieu de cela, nous continuons d’explorer les moindres recoins de la planète à la recherche de la prochaine caverne d’Ali Baba. Sans se rendre compte qu’un jour viendra où Sésame ne voudra simplement plus s’ouvrir ! Telle est la réalité !

 

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