Toujours plus de milliards

Ceux qui s’attendaient à un sursaut en ces temps troublés de pandémie et de marasme économique, à une moralisation des moeurs politiques, à des décisions qui sont vraiment dans l’intérêt public, à une transparence à toute épreuve lorsqu’il s’agit de l’argent des contribuables, vont apparemment devoir attendre très longtemps avant de voir ceux investis temporairement de la gestion du pays, adopter des mesures d’assainissement de l’administration publique.

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Le dernier budget n’a rien indiqué qui aille dans la direction de la transparence souhaitée malgré les critiques qui ne viennent plus seulement en interne, mais d’un grand nombre d’organismes internationaux. Entre certificat d’autocratie et classement sur des listes malfamées, il y a de quoi se parer de honte.

Budgets normaux ou supplémentaires, ce sont des milliards qui sont jetés à tout vent sans le moindre souci de recevabilité. Il va falloir, comme d’habitude, attendre le rapport du directeur de l’audit pour s’offusquer pendant une semaine avant que le train-train politicien, partisan et opaque, ne reprenne de plus belle.

Les Rs 16 milliards requises pour renflouer les compagnies de l’ex-BAI nationalisées par le gouvernement, les Rs 5, 6 milliards que le contribuable a été obligé de payer à Betamax, celui qui sera pompé de nos poches aux stations-service pu aste des vaccins, c’est comme si tout cela n’était que fadaises.

Pour couronner le tout, le ministre des Finances est venu, avec le dernier budget supplémentaire de Rs 23,6 millards, profiter pour rayer les dettes à hauteur de Rs 2,3 milliards d’un grand nombre de canards boiteux et Renganaden Padayachy a même dit que ce n’est que le début et que des exercices similaires se poursuivront.

C’est intéressant de voir la brochette d’organismes publics qui font fi de l’argent des Mauriciens. La liste des créances effacées est comme suit: Rs 732, 8 millions pour la CWA, malgré les milliards pris des consommateurs pour la fourniture d’eau 24/7, Rs 651, 2 millions pour Polytechnics, Rs 385.1 millions pour la Wastewater Management Authority, Rs 291.2 millions pour l’Irrigation Authority, Rs 154.1 millions pour la Corporation nationale de transport corporation et ses autobus fumigènes, Rs 67.3 millions pour la MBC, cette horreur nationale, Rs 5.7 millions pour la Meat Authority et quelques Rs 12.7 millions pour d’autres entités.

Tout cela annoncé avec une rare décontraction et sans la moindre feuille de route visant à l’amélioration de la gestion de ces organismes engloutissant toujours plus de milliards de roupies et sans la plus petite annonce quant à la rationalisation et la fusion d’organismes dans un souci d’économie et d’efficacité.

Au contraire, chaque décision du Conseil des ministres et chaque séance parlementaire témoignent de la création d’un nouveau Council. Cette folie coûteuse s’explique par le besoin, de nommer des agents politiques, de récompenser des transfuges, de vampiriser et de verrouiller les organismes d’Etat.

Dans la catégorie des transfuges, il y a le Dr Rajendra Mungur, ancien député travailliste du No 9 qui a vu son contrat annuel à la direction du centre cardiaque renouvelé au dernier Conseil des ministres jusqu’à juin 2022. Au moment où il retournait sa veste en octobre 2018, sa soeur obtenait, par coïncidence ou par chance, le poste de Registrar de l’Université de Technologie.

Dans la série des récompensés pour services rendus, il y a Navin Beekharry dont le contrat a été renouvelé après cinq ans passés à la tête de l’Independent Commission avaient corruption. Il fallait bien récompenser celui qui avait changé de côte de table devant le conseil privé dans l’affaire Medpoint et celui qui avait accueilli Pravind Jugnauth en catimini un mardi soir pour « kozkoze » sur la saga Angus Road.

Oui, aussi surprenant que cela paraisse, il y a pourtant bien « Independent » dans le nom de l’organisme qui avait pour mission de traquer les corrompus. C’est pour cela que les auteurs de la Prevention of Corruption Act de 2002 avaient décidé que c’est un comité exceptionnel, composé du président de la République, du Premier ministre et du leader de l’opposition qui avait la responsabilité de désigner le directeur de l’ICAC et ses assesseurs.

Les travaillistes pestent aujourd’hui contre le renouvellement du contrat de Navin Beekharry. Ils ne devraient que s’en prendre à eux-mêmes. Qui a changé le mode de désignation des directeurs de l’ICAC en 2006 pour que ce soit le Premier ministre qui puisse personnellement les choisir ?

Comme quoi, lorsqu’il s’agit d’organismes qui sont investis d’un important mandat, dont celui de la lutte contre la corruption, ici, il faut d’abord songer à l’indépendance des personnes nommées, mais aussi à l’intégrité de leur mandat et à l’efficacité de leur mission. C’est comme ça que l’on évite de se retrouver sur les mauvaises listes.

Mais il n’y a pas que l’ICAC. Les nominations MSM ont toujours été scandaleuses et faites pour provoquer. Rajiv Servansingh, ancien député du MMM qui s’était découvert une sensibilité travailliste jusqu’à être nommé représentant du défunt BOI en Inde et directeur d’ATOL sous Navin Ramgoolam, a tout récemment senti qu’il avait des atomes crochus avec le Sun Trust.

Celui qui avait vendu son Taysun à Alvaro Sobrinho a fini, au terme de ses interventions radiophoniques mielleuses sur l’économie, par être propulsé directeur de la STC avec comme cadeau de bienvenue le chèque de Rs 5,6 milliards à Betamax après avoir eu un pied dans l’étrier de l’EDB.

Une des dernières nominations, celle d’Anoop Nilamber, est tout aussi symbolique du style de gestion de l’actuel gouvernement. Après avoir été empêché de prendre la direction de la Maubaunk, le voilà avec son compère Sattar Hajee Abdoula, à la direction de la State Bank après avoir géré la MFDP et AML.

Il n’y a qu’au MSM qu’il y a de tels experts polyvalents capables de vendre parfums, alcool et cigarettes, gérer un aéroport et une banque. A l’IBA et ailleurs, ce sont des petits agents incompétents qui sont casés. Qui sait, peut-être que si elle n’avait pas posté le dérapage de trop, Chachi Rubina aurait pu siéger à l’ICTA…

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