En toute liberté : Du « je-m’en-foutisme » à volonté

«…autonomy does not, and cannot mean licence to flout the principles and practice of good governance, nor licence to abuse of rights and to ignore obligations and duties to ensure propriety and moral soundness in management and administration » déclarait le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le 30 juin dernier à l’Assemblée nationale. Il faisait alors un “ statement “ sur la réintégration de Kaysee Teeroovengadum comme secrétaire général de l’Association mauricienne de Volley-Ball (AMVB), alors que le principal concerné est toujours poursuivi par la justice australienne pour attouchements sexuels allégués. Dans sa réponse, Pravind Jugnauth avait pris le soin de ne pas toucher aux affaires internes de la fédération, évoquant l’autonomie des fédérations, tout en y insistant sur la nécessité de respecter les lois du pays.
Sauf que ce qui a été dit à l’Assemblée nationale par le ministre des Sports, Stephan Toussaint, mardi dernier, est en totale contradiction avec la position adoptée par le PM à l’égard de l’AMVB ! Il a ainsi affirmé, au sujet de la sanction infligée à Cercle de Joachim pour non-respect des procédures par la Fédération internationale de Football Association (FIFA) sur le transfert de joueurs étrangers : « Au niveau de mon ministère, nous avons demandé un rapport sur ce problème et malheureusement, la MFA n’a pas réagi positivement par rapport à notre demande. »
Mais de qui se moque-t-on ? D’abord, la MFA avait-elle le droit de refuser une telle demande, comme l’affirme Stephan Toussaint, alors que le cas est traité comme une affaire criminelle, faisant désormais l’objet d’une enquête policière ? Décidément, dans la cour du roi Pétaud, chacun agit et réagit comme bon lui semble ! Au lieu d’adresser une sévère et sérieuse mise au point à l’égard de la MFA, le ministre s’est, lui, uniquement contenté d’une réponse complaisante. Et c’est justement là où le bât blesse.
La République de Maurice, faut-il le rappeler, est régie, comme toute démocratie qui se respecte d’ailleurs, par une loi constitutionnelle et à laquelle tout le monde doit se soumettre. Point à la ligne ! Même les étrangers de passage dans l’île y sont concernés. Pourquoi pas Cercle de Joachim et la MFA alors ?
Forcément donc, la réponse de Stephan Toussaint interpelle. Comment un ministre de la République peut-il accepter aussi facilement qu’une fédération lui dicte « sa loi », de surcroît, dans un pays où il existe déjà des règles bien établies, non seulement pour la bonne gouvernance, mais aussi pour punir les infractions de tous genres ? Autant que nous le sachions, ce n’est quand même pas la MFA qui fait les lois de ce pays !
Certes, l’autonomie des fédérations est une chose, mais faut-il encore que la MFA sache où commence cette autonomie et où elle s’arrête. Légalement aussi, ses dirigeants devraient savoir ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Aussi encore, gagneraient-ils à faire la différence entre la loi constitutionnelle et loi sportive.
Il y a donc eu infraction de Cercle de Joachim et le club a été sévèrement puni pour cela par la FIFA. Ni Samir Sobha, lui-même membre de ce club et président de la MFA, et encore moins son secrétariat ne peuvent le nier. La faute est même très grave. Ce qui a d’ailleurs poussé le député du MMM, Franco Quirin, à parler de l’utilisation « de documents frauduleux » mardi au Parlement, allant même jusqu’à avancer qu’il y ait « une connivence intolérable et inacceptable entre le Cercle de Joachim et la MFA ».
Ce qu’il faut maintenant savoir, ce sont les retombées de l’enquête policière faisant suite à la requête du ministère de Travail. Cette même institution qui, rappelons-le, a octroyé des permis de travail aux joueurs étrangers du Cercle de Joachim, sur la base des documents certifiés par la MFA !
Désormais, chacun doit assumer ses responsabilités. à commencer par le Cercle de Joachim, la MFA et son secrétariat qui auront tous à répondre dans cette affaire. Stephan Toussaint devra aussi en assumer les siennes après sa réponse qui n’a guère convaincu à l’Assemblée nationale et qui prouve qu’il n’a pas été assez lucide, lui-même, à faire la différence entre loi sportive et loi constitutionnelle.
D’ailleurs, de par la position qu’il occupe, Stephan Toussaint n’aurait pas dû se contenter, aussi facilement que cela, d’une réponse indifférente. Qui plus est, de la part d’une fédération, dont nous attendons toujours de savoir si elle est finalement en conformité avec les lois sportives du pays ou pas et dont le « track record » est loin de plaider en sa faveur.
Voyez-vous, il n’est plus seulement question de noyer le poisson dans l’eau ou pas. « It’s not the real issue, honourable minister. » Ce qu’il faut surtout prendre en compte, c’est que cette sanction infligée à l’encontre de Cercle de Joachim est très grave et dépasse le simple cadre sportif. Il est donc de votre devoir, sur ce terrain précis, de faire comprendre aux gens de Cercle de Joachim et à ceux de la MFA que nul n’est au dessus des lois dans ce pays et que toute infraction y est punissable. Et cela ne date pas d’hier !

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