En toute liberté : Rs 100M et son quart de sou

La Fédération internationale de Football Association (FIFA) n’a jamais été aussi généreuse qu’elle l’a été en l’espace de deux mois seulement. Afin de soutenir ses associations nationales pour faire face à la Covid-19, elle a décidé de dépenser sans compter. Quitte à ne pas officiellement (pour le moment) fixer des conditions ! Déblaye-t-on déjà le terrain en marge des prochaines élections prévues lors du Mondial 2022 au Qatar ? Ou veut-on redorer l’image d’une FIFA écornée après les allégations de corruption suivant l’attribution de cette compétition à ce pays et qui a entraîné dans son sillage l’ex-homme fort du football européen, Michel Platini ?
La FIFA, première puissance sportive mondiale, a donc décidé. Petites comme grandes, les fédérations ont toutes obtenu 500 000 US dollars chacune, paiement dû et avancé dans le cadre du programme Forward 2.0. Le mois dernier, elle a accordé une nouvelle aide d’un million de dollars, couplé à une autre enveloppe de 500 000 USD destinée au football féminin, cette fois. Sans oublier que la Confédération africaine de Football (CAF) a, elle aussi, décidé de se joindre à ce courant.
La Mauritius Football Association (MFA) peut donc se frotter les mains avec cette manne tombée directement du ciel. Montant du soutien FIFA/CAF : Rs 100 M ! Tout simplement colossal ! Dans l’histoire du sport mauricien d’ailleurs, jamais une fédération n’a obtenu autant d’argent pour manœuvrer.
De quoi donner le tournis et surtout faire des jaloux. D’autant que l’on sait que les clubs se verront aussi partager prochainement, une enveloppe de Rs 18M du gouvernement. Sans compter que la MFA pourrait, à nouveau, bénéficier d’un budget de fonctionnement aussitôt sa conformité avec la Sports Act 2016 reconnue.
Avec autant d’argent équivalant au dixième d’un milliard de roupies, on ne peut s’empêcher de se demander ce que sera le plan de la MFA. Car qu’on le veuille ou non, Rs 100M, c’est quand même énorme, comparativement aux Rs 7-8M que peut prétendre un « top budget earner » à l’heure où le ministère des Sports donnera des sous aux fédérations.
La question qui demeure: comment la MFA compte-t-elle utiliser tout cet argent ? Planche-t-elle déjà sur un plan solide et réaliste, susceptible de permettre à notre football de prendre enfin de l’ampleur ? Ce qui est certain, c’est que la MFA n’a plus le droit à l’erreur. Elle qui est réputée pour son opacité et faisant très souvent parler d’elle plutôt pour les mauvaises raisons que pour des exploits sur le terrain. Les résultats de nos sélections nationales, véritable souffre-douleur, sont là pour le témoigner !
Pour l’heure, seul un plan pour le football féminin a été récemment évoqué par le directeur technique national, le Sud-Africain Zunaïd Mall. Tant mieux, quand on sait à quel point ce football a été si malmené l’année dernière, tant sur le plan africain que régional. On attendra donc avec impatience les détails de ce fameux plan, mais surtout la vision du DTN pour redéfinir la politique footballistique mauricienne. Lui qui, dit-on, a été impliqué dans le développement du football dans son pays et au niveau de la partie sud du continent.
Le chantier est donc très vaste et ça, on ne l’apprend à personne. Faute d’une vision, voire d’un plan stratégique bien défini, le football local piétine toujours. Le plus inquiétant, c’est que cette situation actuelle contraste étonnamment avec tous ces millions de roupies qui sont généreusement offerts par la FIFA.
Si la MFA veut refaire son image, c’est maintenant qu’elle doit saisir la balle au bond. à commencer par faire preuve de transparence. Même si, pour l’heure, un virage à 180 degrés semble très peu probable. On attendra aussi de voir le plan que la MFA proposera tout en espérant que, cette fois, le président, Samir Sobha, se basera sur du concret et ne procédera pas au feeling ou sur un coup de dés. Le recrutement du Brésilien Francisco Filho, ayant été un fiasco à la tête du Club M, tout comme celui du Français Kofi Kawata à la charge, jusqu’à la semaine dernière, des sélections nationales féminines.
Pour réussir avec les moyens aussi énormes, la MFA devra être crédible. Elle devra surtout bâtir sur du solide et sur des hommes capables et compétents. Si Liverpool a renoué avec son passé glorieux après 30 ans, c’est justement grâce à une vision à long terme et une philosophie fidèle à la culture du club, imaginée par son propriétaire américain John W. Henry. Ce dernier a su, effectivement, faire à nouveau rêver le peuple rouge en nommant « the right man in the right place » et en dépensant son argent judicieusement. à commencer par recruter un entraîneur emblématique en la personne de Jürgen Klopp. Le résultat ? On le connaît tous.
On attendra donc de voir la posture qu’adoptera la MFA avant de se prononcer davantage. Rs 100M, c’est énormément d’argent. Sauf que s’il est mal utilisé, elle ne vaudra même pas un quart de sou !

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