BILLET : Vous avez dit pots-de-vin !?

JEAN PIERRE LENOIR

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Je me posais la question dans mon lit hier soir de savoir pourquoi le fruit de mon commerce était à ce point associé à la corruption dans mon île et ailleurs…

Pourquoi donc le fruit de la vigne et du travail des hommes depuis que le principe de la fermentation existe sert-il aujourd’hui à qualifier la corruption?

Pourquoi donc en effet la corruption a-t-elle besoin de se fixer sur le jus de raisin, fermenté pour notre plus grand bonheur à tous, pour s’associer aux pots-de-vin ?

Mais comment est-on arrivé au pot-de-vin et à ses méfaits ?

Si l’on consulte Internet pour en avoir la définition il est écrit qu’il s’agit là « d’une somme d’argent offerte clandestinement pour obtenir illégalement un avantage ». Ça, on le savait déjà puisque nos journaux locaux n’arrêtent pas de l’évoquer, et de plus en plus souvent d’ailleurs …

Tout part en fait du pourboire qui, comme son nom l’indique, était, dès le XVIe siècle, une petite somme pour services DÉJÀ RENDUS à table ou ailleurs, donnée pour aller boire un coup…

En 1908, le philosophe et politicien français Georges Sorel dissertait sur la question dans son livre Réflexions sur la violence. Il faut, disait-il « appliquer ici (?) les mêmes principes que pour les pots-de-vin touchés par les politiciens; ceux-ci sont approuvés par tout le monde quand ils savent limiter leurs exigences… »

Mais sacrebleu, ce bon monsieur Sorel était soit un grand naïf soit un aveugle… Exiger cela d’un politicien relève de l’inconscience totale !

En attendant, moi, marchand de vins, je suis bien embêté que le sang de la vigne soit mis en pot pour acheter les consciences. Et le problème dans tout ça c’est que je ne vends pas de vin en pots ! En cherchant bien pour essayer d’adapter mon commerce à cette pratique du ‘pot-de-vin’ j’ai réalisé que ce sont les Lyonnais en France qui ont utilisé pour la première fois le terme « pot » pour vendre du vin dans les bars…

Ces pots lyonnais faisaient 46 centilitres (cl). Avis aux amateurs, le marchand de vins que je suis ne vend que des bouteilles de 75 cl, des demi-bouteilles de 37,5 cl.

Mais suis-je bête ? Il faut regarder plus haut car au taux et à la vitesse auxquels les pots-de-vin sont distribués dans ce pays. Il faut passer directement au Nabuchodonosor (15 litres) ou encore au Melchior (18 litres)…

Mais attention, je m’arrête ici car la grande érosion subie par l’humour dans ce pays risque de me causer des ennuis…

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