De quoi être effrayé ! 

JEAN PIERRE LENOIR

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Deux choses traînent dangereusement dans mon esprit depuis quelques jours, deux choses qui illustrent de façon effrayante les dysfonctionnements qu’une société est capable de générer lorsqu’elle part en vrille comme c’est le cas de la nôtre en ce moment…

La première concerne bien évidemment le trafic de drogue qui, non seulement prend de l’ampleur, mais devient tellement banal qu’on a l’impression que tout le monde, un peu connecté, peut s’y adonner et ce, plus grave, de manière joyeuse. Il n’y a plus besoin d’allumer sa télévision pour voir un feuilleton hollywoodien sur le trafic de drogue. Il n’y a qu’à lire les journaux qui nous racontent comment, dans la plus grande impunité, certains policiers et petits copains connectés à la galaxie politique trafiquent allègrement en utilisant des flottes de bateaux et de voitures achetés avec l’argent de la drogue. On se rend compte aujourd’hui que la pieuvre (nom donné à la mafia en Italie) a investi de nombreux secteurs du fonctionnement de notre société, et on se rend compte aussi que rien n’est fait pour essayer de lui couper les tentacules.

Par ailleurs, les derniers trois milliards d’héroïne donnent froid dans le dos tant tout cela semble facile. Qu’un citoyen lambda au salaire lambda puisse par ailleurs posséder, sans que cela ne se remarque, une importante flotte de véhicules – les uns plus luxueux que les autres – est plus qu’inquiétant. Soit personne n’est au courant, ce qui est grave, ou alors on est au courant, mais on se tait, ce qui est encore plus grave.

Quand j’étais petit, nous jouions, comme tous les enfants du monde, au gendarme et au voleur (gard-voler dans notre jargon). Nous nous battions tous pour être gendarmes plutôt que voleurs, car nous savions qu’il y avait, derrière cet uniforme virtuel que nous portions, un honneur à défendre et une mission noble à accomplir. Aujourd’hui, si c’était à refaire, je ne sais plus de quel côté je souhaiterais être, car je crois que c’est moins grave d’être voleur attitré que d’être un gendarme-voleur. C’est de ça que notre société souffre le plus aujourd’hui, la confusion des genres. On ne sait plus ce que c’est que l’honnêteté et on dit des gens, qui s’enrichissent de façon illégale, qu’ils sont « malins ». Pourquoi malin ? Tout simplement parce qu’ils ont eu l’intelligence de ne pas se faire prendre…

Les courses…

Ma dernière visite au Champ de Mars remonte à très longtemps et je ne suis connecté, ni de près ni de loin, au monde des courses hippiques. Étant néanmoins un observateur parfois amusé, parfois interrogateur de la chose publique, et souvent effrayé de tout ce qui touche à notre fonctionnement et à nos vies, j’ai ouvert les oreilles et les yeux sur ce qui se passe au Champ de Mars en ce moment. Et j’ai demandé qu’on m’explique afin de mieux nourrir, non pas un jugement parce qu’il y a trop de juges dans notre société, mais ma réflexion.

Et c’est pourquoi et comment je vais vous livrer mon deuxième sujet d’effroi : LES COURSES…

Première constatation : le cheval qui, dit-on, est la plus belle conquête de l’homme, doit regretter d’avoir été conquis par l’Homo Mauricianus 2021. Deuxième constatation : le cheval n’est plus que le faire-valoir de la cupidité de l’homme qui a découvert qu’à travers lui les âmes les plus noires pouvaient blanchir à peu près tout ce qu’on voulait comme argent sale. Même si l’habit ne fait pas le moine, comme on a coutume de dire, on a parfois du mal à détecter l’amour du cheval dans le regard concupiscent et vénal de certains propriétaires qui ont fait du Champ de Mars le terrain de jeu de toutes leurs turpitudes financières.

Dans la mythologie grecque, Hercules fut convoqué par Augias pour nettoyer ses écuries. Il commença à tellement bien le faire qu’Augias prit peur et mit fin à sa mission sans le payer. Ici aussi, nous avons eu notre Hercules en la personne d’un monsieur anglais du nom de Beebey, à qui l’instance de contrôle des courses avait demandé de mettre de l’ordre dans tout ce petit monde pourri jusqu’à la moelle des os. Arriva ce qui arriva et comme Hercules le contrat de monsieur Beeby ne fut pas renouvelé, probablement à la grande joie de tous ces organisateurs de paris illégaux.

Dans la foulée de cette histoire, arrive Jean Michel Giraud, ex-président du MTC et désireux de mettre de l’ordre dans toutes ces histoires de paris illégaux. Il prend ses fonctions et annonce la couleur de ses intentions. Patatras… À partir de ce moment-là, on lui met tous les péchés du monde sur le dos et, comme celui qu’on veut noyer parce qu’on l’accuse d’avoir la peste, on lui refuse le droit d’assumer le poste pour lequel il avait été démocratiquement élu. Pire, on lui met des enquêteurs financiers sur le dos pour essayer de le casser comme si c’était un malfrat de grand chemin. Ce mélange des genres est indigne de personnes qui occupent des postes de responsabilité.

Tout ceci est grave, très grave. Pas seulement pour les courses, mais pour le salut de l’âme publique de notre pays qui est en train de s’enfoncer dans un arbitraire sans précédent.

Et dire qu’il y a sur cette piste institutionnelle du Champ de Mars un endroit qui s’appelle La Rue du Gouvernement…

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