Expériences vécues de jeunes déplacés

“No one leaves home unless home is the mouth of a shark.” Warshan Shire

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VEENA PULTON

Si vous désirez vous plonger dans un monde où règnent le courage, la persévérance et surtout, la résilience, je vous recommande de lire “We are displaced ” dont l’auteure principale n’est nulle autre que la plus jeune lauréate du Prix Nobel de la Paix, Malala Yousafzai.

“We are displaced” est un recueil composé de brefs récits autobiographiques dont le thème est un sujet d’actualité récurrent. Il s’agit en fait d’expériences vécues de jeunes filles déplacées par la violence et la guerre, venant des quatre coins de la planète, dont le Pakistan, le Yémen, le Congo, l’Irak, le Myanmar, la  Syrie ou encore le Guatemala.

Qui est donc Malala Yousafzai, celle qui a été propulsée sous les feux des projecteurs des médias internationaux à la fleur de l’âge ?

Encore adolescente, Malala vivait paisiblement dans la Vallée de Swat, sa terre natale, une région située au nord-ouest du Pakistan. Cette vallée est si belle qu’on la compare à la Suisse de l’Est. Mais tout va basculer lorsque des fondamentalistes, profitant d’un tremblement de terre, s’infiltrent dans la région et la transforment en la Vallée de la Peur. Quand ils imposent la fermeture des écoles pour les filles, c’est avec la complicité de son père que Malala crée son Blog pour dénoncer, ce qui est à ses yeux, une terrible injustice. Elle fait entendre sa voix au-delà des frontières mais hélas, elle devient vite la cible des extrémistes. C’est un vrai miracle si elle échappe à un tir à bout portant à la tempe dans un autobus.  Toutefois, elle en garde toujours de graves séquelles.

Depuis, Malala est contrainte de vivre comme une déplacée car elle a dû quitter son pays d’origine pour trouver refuge en Angleterre, où elle vit avec sa famille. Malgré son expérience traumatisante, la jeune militante perpétue sa lutte pour les droits des filles à l’éducation. Elle est ainsi devenue la voix des sans voix.

Toutes les filles à travers le monde devraient avoir la liberté de se projeter dans le futur dans l’espoir d’accomplir leurs rêves et leurs ambitions. Mais quand le sort en décide autrement, comme dans le cas de Malala et celui des jeunes filles déplacées dans le livre, il faut alors faire un choix. Fuir ou mourir ! Ce choix d’abandonner le paradis de leur enfance, où la guerre fait rage et la violence des ravages, est un choix qui leur est imposé. Et ce départ forcé leur laisse un goût amer puisque l’espoir d’un retour n’est qu’illusoire.

“We are displaced” met aussi en exergue une sombre réalité qui touche pratiquement tous ceux qui sont obligés de prendre le chemin de l’exode. C’est alors que commence pour eux un véritable parcours du combattant ! Les séparations familiales déchirantes, la traversée de l’océan ou le franchissement du désert, souvent au péril de leur vie, les conditions précaires et exécrables de leur voyage, les camps de rétention comparés à des “dog pounds”, les chambres ‘frigorifiées’ où ils sont hébergés, le racisme méprisable et, enfin, l’épuisement et l’accablement, sont sources quotidiennes de calvaire et de souffrance.

Enfin arrivés dans le pays hôte, les déplacés sont confrontés à une autre dure réalité. Non seulement doivent-ils accepter la perte douloureuse d’une vie ancienne mais il leur faudra un long cheminement pour rebâtir, à partir du néant, une vie nouvelle.  D’autres barrières telles que la langue, la culture et les conditions climatiques s’érigeront désormais sur leur passage.

Cependant, toutes ces jeunes exilées sont unanimes à dire que tout n’est pas complètement morose. Il existe aussi des pays ou des villes qui répondent à leurs besoins et nombreux sont des volontaires, généralement des anonymes, qui se dévouent corps et âme, pour aider les réfugiés à mieux s’intégrer dans leur nouveau monde.

À travers tous ces témoignages poignants dans son ouvrage, la jeune Malala Yousafzai nous sensibilise sur la gigantesque crise humanitaire de la migration forcée. En effet, selon les Nations unies, il y aurait actuellement environ 65,5 millions de déplacés à travers le monde.

Après votre lecture de “We are displaced”, votre regard sur ces gens qui souffrent en silence va-t-il changer ? Seront-ils toujours à vos yeux, cette file indienne de gens étiquetés  “migrants économiques” qui font sporadiquement la une des médias ? Ou les verrez-vous plutôt comme des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes qui, malgré eux, laissent un pan de leur vie derrière eux pour aller chercher refuge sous d’autres cieux ?

Peut-être que cette œuvre réveillera en vous les réminiscences du drame de l’évacuation forcée et du déracinement de nos compatriotes chagossiens de même que leur rêve inachevé d’un retour dans leur île natale.

“Gran tonton rakonte so lavi derasine/Li pa ti espere si enn zour li pou kit so later natal…                                                                                               Mo tonton so bourik, so bann zanimo ki li ti ena finn res laba/So larap ki ti abitie rap koko/So marmit ki ti abitie kwi seraz                                                      Tousala finn res laba…” (Claude Lafoudre – chanteur)

Bonne lecture !    

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