Inna De Ghetto

POËMA ZÉPHIR

« Lieu troublant, regroupant toute une panoplie de mystères en tous genres. » Telle est la manière dont nombreux considèrent les cités. Celles-ci suscitent généralement diverses émotions peu rassurantes chez celui qui habite ces endroits dits « infréquentables » et qui n’ose pas se promener dans ces périphéries qui, dit-on, donnent des frissons.
Dotée d’une réputation des plus douteuses, la cité est perçue comme un endroit abritant les pires renégats de la société mauricienne : « Drogués de toutes espèces, dealers de came à chaque coin de rue, prostituées bas de gamme, voleurs de ferrailles, de poules et de télévisions ou assassin du dimanche ». Mais qui a eu cette idée folle un jour d’inventer ces boîtes remplies de révolte ? Bonne intention certes, mais serait-il légitime d’attribuer ces étiquettes monstrueuses à ces personnes vivant dans ces « petites maisons » ?
Que ce soit clair, la population grandissante des cités ouvrières ne comporte pas dans ses rangs des gens de « petite vertu ». Ce n’est pas parce que tu résides à Cité Attlee, La Caverne, Argy, Roche-Bois et j’en passe, que tu dois forcément arroser tous les jours ton riz de méthadone. Médecin, surintendant, avocat, professeur, artiste de renom, maire, lauréat et entrepreneur poussent de plus en plus comme des champignons dans ces endroits qualifiés de « défavorisés ». Les familles sont aussi plus conscientes de l’importance de l’éducation et font de leur mieux pour protéger leurs enfants des fléaux qui touchent aussi bien les beaux quartiers que les bas-fonds de ces lotissements. Il faut arrêter avec ces stéréotypes qui datent de Mathusalem. Notre appartenance à tel ou tel quartier ne détermine pas toujours ce que nous sommes.

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Et cerise sur le massepain, nous avons ceux qui dédaignent ces demeures juxtaposées, crachant ainsi leur arrogance sur ses habitants lors de leurs grands discours philosophiques, alors qu’eux-mêmes ou leurs proches logent dans des deux-pièces dans les banlieues britanniques, irlandaises ou françaises, très similaires aux nôtres d’ailleurs. Ne venez pas jouer aux Cendrillons gran nwar et à ceux qui sont trop offusqués à la moindre mention du mot cité. Allez vous regarder dans un miroir et analysez bien votre entourage avant de porter des jugements hâtifs. Votre hypocrisie ne vous ouvrira pas les portes du paradis mais vous réincarnera sans doute en cancrelat sur les murs d’une chambre à la Cité Mangalkhan…

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