La Peur de la COVID-19 n’est-elle pas plus dangereuse que le virus ?

Kailash Nunkoo

Dans le monde entier, la COVID-19 fait des morts et des morts et les gens sont en proie à l’angoisse. Les médias et les autorités, même dans les pays européens, se focalisent sur le nombre d’infections, ce qui amplifie la paranoïa face au virus. Les réactions émotionnelles que suscitent les infections à la COVID-19 sont dues à sa vitesse de propagation et aussi à la rapidité avec laquelle la mort peut s’ensuivre (quelques semaines). Mais quel est vraiment le taux de fatalité causé par la COVID-19 ?  Il est nécessaire de prendre du recul et de relativiser les choses. Il semblerait que les taux de fatalité des premiers mois de la pandémie dans les pays européens ont eu un impact traumatisant sur la psychologie du monde entier ! Le ‘remède’ à ce traumatisme serait une bonne soupe de chiffres. Les faits exposés par les deux graphiques (« Figure » 1 & « Figure » 2) sont révélateurs de la façon dont les choses ont évolué dans plusieurs pays à compter du mois de juillet. Comparez attentivement les pourcentages (disponibles sur le site de l’Organisation mondiale de la Santé à quelques clics de souris).

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Malgré l’énorme effroi causé par les infections qui vont crescendo dans le monde, et de façon alarmante dans plusieurs pays comme l’Inde, le taux de fatalité dû à la Covid-19 est tombé de 8.4% à 0.48% en France ! de 10.3% à 0.89% en Belgique et de 1.6% à 1.5% en Inde et de 1.7% à 1.6% au Kenya, stable aux Maldives (0.3%), à l’exception de l’Afrique du Sud, où il grimpe de 2.4% à 2.56%. En Europe les taux étaient très élevés à cause de leurs populations vieillissantes, et parce que les hôpitaux n’étaient pas prêts et les corps médicaux n’étaient pas complètement équipés pour traiter les patients de COVID-19 en masse. Les confinements et les mesures sanitaires ont ralenti la propagation du virus. Et depuis, tous les pays se sont mieux préparés. Quant au taux de fatalité lié à l’âge des patients, le Tableau 4 nous montre une comparaison faite en juillet aux États-Unis, et où il n’y a pas eu de confinement strict sur tout le territoire.

L’étude nous montre que pour les enfants et jeunes (0-34 ans), les infections de la COVID-19 ne sont pas plus fatales que les accidents routiers ! Est-ce que les écoles et universités ne pouvaient / ne pourraient pas opérer normalement (avec les précautions appropriées pour le personnel) ? Pour les personnes âgées jusqu’à 44 ans, les infections de la COVID-19 ne sont pas plus fatales que les accidents en général ! Cela pourrait expliquer certaines réticences contre le port du masque aux États-Unis – les chiffres changent tout ! Cependant, à partir de 65 ans, les infections de la COVID-19 sont relativement plus mortelles. Notons qu’à Maurice, le taux de fatalité des accidents de la route (par 100,000 de population) en 2017 était presque égal à celui des États-Unis en 2016. Le nombre de voitures et de routes augmente constamment ! Et combien de morts à cause du trafic de drogue, du stress, de l’alcoolisme et d’autres infections, et dépressions (qui vont augmenter avec la crise)?

Les sentiments de frayeur entourant la COVID-19 devraient nous rappeler la découverte de la maladie du Sida dans les années 80. Le Sida aussi faisait autant peur. Mais nous avons appris à prendre les précautions contre le Sida et vivre avec. Maintenant, nous avons la COVID-19. Nous devrons nous y habituer! D’autres maladies et pandémies viendront s’ajouter à la longue liste de problèmes.  Et nous avons des ennemis beaucoup plus mortels depuis longtemps. Le « Figure 3 » est éloquent à plus d’un titre. Malgré un léger progrès en 2016, le pays est très malade ! Tout est question de relativité et d’équilibre. La peur de la COVID-19 peut causer un sérieux déclin économique dont le prolongement débouchera sur une profonde crise sociale. La santé publique n’aura pas de sens sans santé économique et paix sociale ! La peur du virus COVID-19 est plus dangereuse que le virus lui-même.

Le problème ou la solution réside en notre préparation et capacité à traiter les cas d’infection. Ceci dépend des provisions faites pour des capacités additionnelles dans les hôpitaux/cliniques et autres établissements qu’on pourrait équiper, et concernant les médicaments et appareils de bonne qualité en nombre suffisant – que les autorités compétentes mettent déjà en place. Nous devrions continuer à avancer malgré la COVID-19 avec les précautions nécessaires et protocoles sanitaires adéquats. Il nous faut vaincre notre peur !

Références

https://covid19.who.int/explorer

https://www.nber.org/papers/w27597.pdf

https://www.who.int/data/gho/data/indicators/indicator-details/GHO/probability-(-)-of-dying-between-age-30-and-exact-age-70-from-any-of-cardiovascular-disease-cancer-diabetes-or-chronic-respiratory-disease

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