LETTRE À NOS FUTURS EMPLOYÉS, LES MINISTRES…« Lekol kouyon inn ferme ! »

PASCAL LAROULETTE
Enfant de La Terre
Citoyen du Monde

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Le temps des élections générales approche à grands pas et nombreux seront ceux et celles qui postuleront pour des postes en vue d’être les employés du peuple. Ils ne manqueront sûrement pas à l’appel de nous faire subir le « halo effect » des entrevues du genre « dan 100 zour mo pou sanz ou lavi »,  « ou pou gagn dilo 24/7 », « transpor gratis », « metro pa pou ena » ou encore un autre, plus récent celui-là, en rapport avec l’éducation tertiaire gratuite.

Messieurs/Mesdames, les futurs serviteurs et servantes du peuple, tenez-vous bien, car on vous placera là pour servir le peuple et non pour vous servir vous ou votre clique d’agents, de copains et de copines. Cette fois-ci, les règles du jeu vont changer car on en a marre de vos discours à caractère raciste et clientéliste, de vos ‘donn enn dizef pou pran enn bef’ sur vos caisses à savon, de vos mensonges à ciel ouvert et de vos querelles personnelles, du genre « mo gouvernman ti fer, so gouvernman pann fer sa li » . Parfois, vous osez même franchir le seuil du dénigrement personnel : « femel lisien »,  « latet biskwi Marie », « Pinocchio » ou « rekin moustas ». Nous exigerons que vous nous écoutiez, que vous écoutiez nos souhaits et nos idées pour une nation prospère et un pays où il fait bon vivre. Messieurs/Mesdames les futurs serviteurs ou servantes, arrêtez de nous faire accroire que vous détenez le monopole du savoir. Les « semer la ‘zanzanie’ » ou « pena labalenn isi » sont là pour nous le prouver.

« Wish list » pour les prochains vingt ans

Ci-dessous une esquisse de notre « wish list » pour les prochains vingt ans; la balle est donc dans votre camp pour nous épater par votre manière de voir… plus loin que votre nez… et même plus loin qu’un mandat de cinq ans.

1. Revoir la façon d’éduquer les citoyens mauriciens et accorder une préférence au « learning by doing ». Comme dirait l’Anglais, « involve me and i will remember ». Leur donner des outils pour mieux vivre dans la société plutôt que de remplir leurs têtes de notes dont ils ne connaissent pas ou ne connaîtront jamais l’utilité. Le pire serait de les soumettre à un exercice de mémorisation sauvage afin de décider de leur avenir et leur faire porter un chapeau qui n’est parfois pas le leur (genre dire à un poisson de grimper à un arbre et le traiter de con quand il ne réussit pas).
Il faut que l’éducation soit un moyen permettant à tout un chacun de créer de la richesse (tangible et intangible) durable en vue d’une vie épanouie.

2. La liste des ministres doit être établie en fonction de leurs expériences et non eu égard à leur contribution financière au parti ou autre critère insensé. Cette liste doit être validée par un comité technique apolitique avant de briguer les suffrages. Il est inconcevable en 2019 d’avoir des ministres qui ne savent pas s’il y a des baleines ou des requins dans nos eaux. Dans le pire des cas, il est question de députés qui sèment la « zanzanie » et qui font des sextapes au sein de notre auguste Assemblée.

3. Passer une loi pour donner plus de pouvoir à l’audit interne et révoquer un ministre immédiatement en cas de faute grave.

4. Référendum sur un système de ‘performance appraisal’ pour nos ministres – si dans deux ans par exemple ils ne sont pas en train de ‘perform’, leur chaise devient éjectable.

5. Passer une loi sur le salaire maximum en fonction des besoins afin de réduire les inégalités et améliorer la répartition des richesses. L’inégalité est la mère de plusieurs fléaux sociaux tels les vols, la prostitution et les meurtres.

6. Table ronde entre les stakeholders stratégiques et référendum pour parvenir à des solutions pérennes sur les sujets d’intérêt national, tels l’éducation vocationnelle, le transport en commun, la distribution d’eau et d’électricité.

7. Le tri de déchets et un plan de gestion pour gommer cette tache historique qu’est Mare Chicose.

8. Plan national de gestion et protection de notre territoire maritime afin de développer notre économie bleue de façon pérenne. Arrêtez de nous marteler que notre seule ressource consiste en nos ressources humaines. On le sait maintenant, notre zone maritime est de presque 1 250 fois la taille de notre zone terrestre et elle demande à être gérée de façon durable par des experts en la matière. Plus de place à l’amateurisme.

9. Faire de l’économie bleu-vert une matière à l’école, de la petite enfance au tertiaire. Une académie océanique est un « must » si nous souhaitons former des experts pour administrer notre zone maritime. On ne veut plus d’avocats qui jouent au plongeur pour aller chercher les requins dans nos eaux.

10. Mise en place de stratégies à court, moyen et long termes pour lutter contre le changement climatique. Planter plus d’arbres et procéder à un meilleur aménagement de notre territoire.

11. Capitaliser sur les énergies renouvelables, notamment solaires, éoliennes et hydrauliques.
Définir un plan pour en finir une bonne fois pour toutes avec les énergies noires telles le charbon et le pétrole, qui influent énormément sur le blanchissement de nos coraux. Il faut mettre dans la poubelle de l’histoire ce fameux « petroleum hub ».

12. Dialoguer avec les propriétaires des usines poubelles et compagnies de transports poubelles pour dégager des solutions pérennes afin de diminuer l’empreinte carbone.

13. Plan d’action pour mobiliser le peuple mauricien dans la lutte pour sauver nos coraux – il y a urgence nationale car plus de 50% de nos coraux sont morts.

14. Plan d’action pour professionnaliser et rendre accessible le sport à tous les niveaux – amateurs, semi pro et pro. Arrêtons de construire des terrains de foot sans tribune et dépourvus d’autres facilités auxiliaires telles les vestiaires, une salle de gym et les piscines. Arrêtons de construire les écoles sans des complexes sportifs. Investissons dans des hommes à part entière et non dans des machines à exécuter des ordres.

15. Rendre plus utile notre carte d’identité biométrique en y insérant les détails de base tels l’adresse de la personne et son groupe sanguin. En cas d’accident, les victimes peuvent être sauvées rapidement.

16. Informatisation de notre système de santé par le biais de notre carte d’identité biométrique – les dossiers du patient peuvent être attachés à son numéro de carte d’identité. Plus besoin de gaspiller du papier et perdre du temps à aller chercher des dossiers.

17. Informatisation de notre système de permis de conduire à travers notre carte d’identité biométrique – le permis du conducteur et son historique en termes de contravention seront attachés à son numéro de carte d’identité. Ce faisant, il y a possibilité d’un énorme gain de temps pour mener des enquêtes.

18. Informatisation de la NTA et des compagnies d’assurances à travers notre carte d’identité biométrique – le conducteur pourra payer sa déclaration et son assurance à travers des modes de paiement électroniques et ses données telles l’année de son véhicule et la capacité du moteur de son véhicule liées à sa carte d’identité.

19. Politique nationale de gestion du patrimoine tangible et intangible. Conservation et transformation des lieux classés comme patrimoine.

20. Plan de communication des différentes facilités offertes par l’État telles des formations en apiculture, des subsides aux artistes car il y a un déficit en communication entre l’État et le public.

21. Améliorer la gestion de nos routes et infrastructures publiques. Dégager des synchronisations entre les différentes unités comme celle chargée d’abattre les arbres et celle qui ramasse la saleté pour éviter le gaspillage public et limiter les risques d’accident associés. Synchronisation entre la force policière et la Road Development Authority pour alerter et réparer les routes qui sont sources d’accident.

Messieurs/Mesdames, nos futurs serviteurs et servantes, souriez car vous êtes dans une ‘safe city’ et on vous a à l’œil.
Et nous, en tant que vos employeurs, on voudrait vous dire une chose : « lekol kouyon inn ferme » et les clés ont été jetées dans l’océan Indien.

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