Relations internationales : une question d’intérêt

DIPLAL MAROAM

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Après sa victoire électorale surprise en 2016, celui qui s’était présenté alors comme le candidat anti-système et anti-élites redescend sur le terrain en vue de solliciter le prolongement de son mandat, ce à plus d’une année de la présidentielle. En effet, le 18 juin dernier, Donald Trump a lancé en Floride sa campagne pour 2020 avec pour slogan « Keep America Great », attaquant avec virulence les démocrates accusés d’être « guidés par la haine » dans le but de « déstabiliser mon administration ».

Si, en ce qui concerne les deux paramètres vitaux de l’économie, la croissance et le chômage, Donald Trump peut se targuer d’avoir jusqu’ici réussi son pari, sur le plan global, en revanche, c’est une autre paire de manches. Il est même perçu comme celui qui a chamboulé complètement le fondement même de l’ordre international. Que ce soit au niveau du climat – en tant que climatosceptique, il a sorti son pays, plus grand pollueur de la planète, du COP 21 –, des relations commerciales, monétaires ou militaires, le président américain a laissé non seulement la communauté internationale mais également ses proches alliés, totalement pantois, ce qui lui a d’ailleurs valu le qualificatif de président « atypique » et « imprévisible ».

D’autre part, il est évident que le retrait unilatéral en mai 2018 des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien n’a fait qu’escalader la tension au Moyen-Orient. Or, cet accord signé en 2015 par l’Iran, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Chine et la Russie portait effectivement ses fruits car assurant un contrôle strict sur le programme nucléaire iranien et, en même temps, une certaine stabilité dans la région. Ainsi, le 17 juin, l’Iran a déclaré avoir repris l’enrichissement de l’uranium et le détroit d’Ormuz, où des pétroliers avaient été attaqués ces derniers temps et où transite quotidiennement environ 20% du pétrole mondial, peut s’embraser à la moindre étincelle. D’ailleurs, l’on était à deux doigts d’une telle éventualité catastrophique lorsqu’un drone américain fut abattu par un tir iranien le 20 juin dernier et, le lendemain, Donald Trump, annonçant avoir annulé à la dernière minute des frappes ciblées contre l’Iran.

Dans cette confrontation EU-Iran donc, beaucoup d’observateurs y voient la main invisible du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Ayant été au départ farouchement opposé à tout traité d’accord entre Washington et Téhéran, il avait en vain tenté de convaincre Barack Obama à propos du « mensonge » des Iraniens sur leur capacité nucléaire réelle. C’est en fait après le changement de régime à la Maison-Blanche en janvier 2017 qu’il a pu renouveler son exigence et atteindre son objectif. Ainsi, les images diffusées par les Américains démontrant « la responsabilité des Iraniens » dans l’attaque d’un pétrolier japonais dans le détroit d’Ormuz nous rappellent singulièrement celles brandies en 2003 par le secrétaire d’État d’alors, Colin Powell, au Conseil de sécurité, faisant état de l’existence des armes de destruction massive (ADM) en Irak. Or, tout n’était que prétexte pour chasser Saddam Hussein du pouvoir car ce dernier régnait toujours en maître à Bagdad alors que celui qui avait ordonné le déclenchement de l’opération militaire « Tempête du désert » en 1991, G. Bush, avait, lui, été évincé du pouvoir en janvier 1993 après seulement un mandat au profit du démocrate, Bill Clinton. Et il va sans dire que lorsque l’armée américaine avait envahi l’Irak sous Bush-fils pour compléter le boulot de son père qui, lui, s’était contenté de ne libérer que le Koweït, aucune ADM n’avait été décelée.

Finalement, s’il est vrai que la rencontre historique du 30 juin dernier entre Donald Trump et Kim Jong Un dans la zone démilitarisée séparant les deux Corées peut tendre à apaiser la tension dans la région du Sud-est asiatique et apporter une lueur d’espoir au niveau mondial, en matière des relations internationales cependant, l’histoire démontre qu’il faut toujours se méfier des apparences. Entre les amabilités de façade, les sourires trompeurs et les intérêts particuliers, l’observateur averti, lui, n’éprouve aucune peine à séparer le bon grain de l’ivraie.

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