Soutenons Rajen Narsinghen !

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YASHOVARMAN WASVANI (MANOJ) APPADO
qui a foi dans la destinée de son pays et dans le forum des citoyens.

J’aurais peut-être dû l’appeler professeur Narsinghen mais avant d’être un professionnel et un intellectuel, Rajen est un ami personnel depuis belle lurette.

Je sollicite souvent son expertise en certaines matières pour me faire une seconde opinion. Rajen est un vrai Mauricien qui défend la planète Terre. Il est souvent intervenu pour que des gens simples (même à l’Université de Maurice) puissent retenir mes services pro bono. Ce n’est pas maintenant qu’on demandera à Narsinghen de partir à Schengen.

Ce n’est pas le moment de recourir à l’exode que l’on appelle « Brain Drain ». Maurice n’a pas de pétrole (du moins jusqu’à maintenant) mais a des idées. Pour pouvoir produire des idées, il faut de la matière grise.

Cependant, cet article ne se consacre pas nécessairement à mon ami Narsinghen et n’est nullement une tentative de voler au secours de la victoire ni non plus de faire un rassemblement pour le Professeur Narsinghen mais c’est surtout dans le cadre du forum des citoyens que j’interviens.

Le professeur Narsinghen est-il une victime, est-il sujet à la censure ou à l’intimidation d’une politique « dominer » ? En tout cas, sur la place publique, on parle de sanctions contre tous ceux qui veulent déranger.

Voltaire n’a-t-il pas dit ceci : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »? Voltaire a fait grimper les volts et ce n’est pas le moment de voler n’importe quoi à qui que ce soit. Ce n’est pas un simple maraudeur qui agit naïvement pour empêcher l’ENT (Ear, Nose and Throat) de bien faire son travail.

Pourtant, on n’est pas autorisé à dire n’importe quoi ou encore écrire n’importe quoi. Il y a une loi sur la diffamation que ce soit contre le « libel » et le « slander ».

J’ai souvent entendu le Professeur Narsinghen parler et j’ai toujours eu l’impression qu’il intervenait en bon universitaire. Il n’a jamais proféré des phrases à relent racial et il se contentait de dire des choses sur les sujets qu’il maîtrise et qu’il a à cœur. Il est juriste ou de formation juridique lui-même et il a fait confiance à la justice de son pays.

Pendant le confinement, il a demandé une injonction en Cour pour que sa fille (et toutes les autres personnes concernées) puisse(nt) revenir à l’île Maurice. Aujourd’hui, il fait l’objet d’un comité disciplinaire et il se rendra volontairement. Je connais certaines personnes qui auraient pu demander une injonction ou tout simplement claquer la porte car le Professeur Narsinghen a quand même de très bons contacts à l’extérieur étant donné que lui-même était diplomate. De plus, il a été pendant au moins dix ans représentant à l’OMS.

Le droit d’expression est un droit constitutionnel. L’article 2 stipule que toute loi non conforme à la Constitution doit être déclarée nulle et non avenue du moins, pro tanto en fonction de la non-conformité.

Maurice est une démocratie. L’article 1 de la Constitution le prévoit. Dans l’affaire Khoyratty vs. The State (2006), l’autorité prévoit que cette section n’est pas qu’un simple préambule. Donc, il va de soi que la Section 1 de la Constitution fasse partie intégrante de la Constitution elle-même, qui est d’ailleurs la loi suprême du pays.

Le droit d’expression étant un droit constitutionnel, en vertu de la Section 12 de la Constitution et donc une loi suprême.

C’est même une émanation de la Section 1 de la Constitution. On ne peut changer la nature de la démocratie que par un amendement de l’article 1 de la Constitution par le biais de l’article 47 de celle-ci. Autrefois par une majorité des trois-quarts à l’Assemblée nationale on pouvait amender la Section 1 de la Constitution. Mais à partir de 1982, à plusieurs reprises, une majorité de plus des trois-quarts a été obtenue au suffrage universel.

Heureusement que l’article 47 a été amendé et c’est un amendement qui fait grand honneur au tandem SAJ/PRB, si je ne me trompe pas.

Avant d’amender la Section 1 de la Constitution, il faut que le projet de loi obtienne une majorité des trois-quarts par le peuple par le biais d’un référendum et ensuite une majorité absolue des députés à l’Assemblée nationale.

À moins de n’avoir pas bien saisi la position de l’Université de Maurice, je pense qu’on reproche au Professeur Narsinghen un manquement à la déontologie du droit de travail ainsi que de faire de la politique active.

Sur le premier aspect, je me contenterai de ne pas dire davantage puisque l’affaire est devant un comité disciplinaire qui doit agir en toute liberté, sérénité, et sous aucune pression. Par contre, sur l’aspect de politique active, j’ai un point de vue assez différent des opinions conventionnelles ou de celles des puristes. Celui ou celle qui prétend être apolitique passe tout simplement à côté de la plaque. Ils veulent être des gens corrects car ils pensent que le malheur n’arrive qu’aux autres.

C’est sûr que la participation politique peut-être à résonance variante mais le droit de se porter candidat au suffrage universel est sacré. Emmanuel Anquetil, Martin Luther King Jr et Mahatma Gandhi n’ont jamais brigué le suffrage universel, mais quels politiciens ils étaient ! Leurs statuts politiques méritent que l’on s’attarde un peu devant leurs statues. Récemment, Martin Luther King Jr III a commenté le décès de Georges Floyd en évoquant son père Martin Luther King Jr. Est-ce qu’on aurait dû lui interdire de parler ? 

Il y a eu des parlementaires mauriciens qui étaient méconnus du grand public mais devenus notoires par leurs frasques à l’extérieur de l’hémicycle.

Autant que je sache, on ne reproche pas à Narsinghen d’avoir proféré des phrases à caractère raciste, communal, castéiste ou de s’ingérer dans la vie privée d’un individu. À ce sujet, je recommande vivement la lecture de l’arrêt Soornack vs. Le Mauricien Ltée rendu par le Juge Balancy, Senior Puisne Judge à l’époque. Les commentaires du Professeur Narsinghen étaient d’intérêt public. Depuis l’instauration des radios privées on a droit à l’intervention des citoyens ordinaires sur l’actualité et c’est bien ainsi, pour la démocratie. Est-ce que maintenant on va interdire aux érudits de la société de parler alors qu’ils contribuent à éclairer nos lanternes ?

Je me demande, si en agissant ainsi, la démocratie n’est pas bafouée.

À qui profite le crime ? Il y a eu certaines mesures très correctes prises pendant le confinement mais des proches du pouvoir sont en train de faire un dommage collatéral en voulant passer à la censure et diminuer la popularité de certains. En Chine, il est reconnu que la démocratie n’existe pas et les gens se querellent pour goûter au nectar de la démocratie.

À Maurice, où la démocratie existe car on nage dans la soupe de Panoramix en matière d’une quête véritable de la liberté, est-ce qu’on va inviter ou inciter les gens à descendre dans la rue, alors que les sujets brûlants et explosifs attendent des solutions concrètes, comme le rétablissement économique et social après la pandémie, comme la corruption qui est devenue hélas presque une institution ou le combat pour enlever les veto qui pèsent sur Maurice, désormais sur la liste noire des centres financiers internationaux ? Veut-on dévier l’attention ?

Dans une vraie démocratie il faut que le droit d’expression soit continu, restauré, élargi et c’est seulement cela qui peut apporter le vecteur de croissance dans un pays. Il faut dénoncer quand cela va mal et le Premier ministre actuel est le premier à accueillir cette initiative. 

Quand les choses vont mal, le silence n’est pas une option. Le silence doit être rompu pour consolider le silence. Des explications ou des commentaires sont là pour mieux éclairer la population. Un homme averti en vaut deux. Samedi dernier, un auditeur d’une radio privée aurait dit qu’il n’y a pas de sanctions contre un employé du service public s’il y a fraude après l’expiration du délai de deux ans succédant à l’incident. Peut-être qu’il voulait faire allusion à la State Proceedings Act ou à la Public Officers’ Protection Act. Je n’épouse pas cette opinion car cela ne s’applique qu’au civil et non au pénal. Et si j’avais pu intervenir ce jour-là, est-ce que la Law Society m’aurait sanctionnée ? 

Bien souvent, différents juges sont intervenus dans la presse pour mieux faire comprendre l’administration de la justice. 

Quand un enfant a mal et qu’il souffre, est-ce qu’on doit garder le silence jusqu’à ce qu’il rentre à la maison pour donner le temps aux parents de bien s’amuser ? Il faut crever l’abcès en temps voulu et réel afin de ne pas céder à la gangrène. Eh bien, je considère que le Professeur Narsinghen a dénoncé ce qu’il a vu comme des souffrances et il a parlé en son nom personnel et pas au nom de l’université de Maurice. Excusez du peu. Et je dis : où est le mal dans cette intervention ?

Depuis des lustres, les vrais écolos et non pas les faiseurs crient à la pollution, y compris la pollution sanitaire. Et pourtant, on a eu le culot d’être horripilé par la pandémie du Coronavirus. Le Coronavirus aura un jour un vaccin mais je doute fortement qu’on ait assez de volonté pour combattre sincèrement la corruption avec un vaccin. Aujourd’hui, on a l’impression que les tartuffes se moquent des charognards et veulent être le calife à la place du calife pour ensuite devenir des renards qui seront des valets des potentats.

À son insu aujourd’hui, d’après moi, Narsinghen est devenu un homme national et il est plus « ticketable » que jamais et même au sein du MSM.

J’exprime mes sincères sympathies à tous ceux qui ont perdu un proche à cause du Coronavirus et le premier a été le Dr. Cheong. Je suis très fier de nos « frontliners » contre le Coronavirus. Il faut saluer leur courage (corps médical, paramédical, policiers, éboueurs et j’en passe) et ne pas attendre pour verser des larmes de crocodile à leurs décès.

Je défends bec et ongles la position du forum des citoyens pour la promotion du droit d’expression et de l’art d’expression. Je salue l’ensemble de la classe syndicale pour sa défense de la liberté d’expression. Tout n’est pas perdu pour autant comme ce fut le cas dans Autant en emporte le vent. Si demain, il y a un projet économique qui absorbe le chômage à Maurice, il ne faut pas jubiler aveuglément si ce projet vise à établir une usine atomique. 

L’écriture, la parole, d’autres formes d’expression comme le théâtre, doivent être mieux avisées que n’importe quelle autre forme d’expression et le ministre de la Culture doit être mieux avisé que n’importe qui dans ce domaine.

J’écris cet article un 21 Juin 2020, le jour de la Fête de la musique et je dis pour bien commémorer cette fête féérique : Vive la République et Vive le droit d’expression ! 

On ne vit pas seulement avec le pain, quoique ce soit fondamental, mais aussi avec ses idées. À quoi bon avoir de superbes idées si on ne peut pas les exprimer ou les implémenter. C’est uniquement dans cette optique que je défends bec et ongles la cause de Narsinghen.

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