Ubi sum ? Où suis-je ?

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« Où suis-je ? » C’est la première d’une série d’interrogations délibératives qu’Hermione se pose dans son fameux monologue dans l’Andromaque (Acte V) de Racine ; une Hermione perdue, totalement égarée qui ne se retrouve plus et ne sait plus quoi penser ni quoi faire. C’est le cri de détresse que nombre d’entre nous nous posons, abasourdis que nous sommes par les paradoxes qui secouent notre société et qui nous donnent l’impression de subir les caprices d’une boussole affolée. Nous avons perdu tous nos repères. Nous ne reconnaissons plus ce beau petit pays que nous ont légué nos ancêtres. Nous ne savons plus où nous sommes !

Chaque jour nous apporte son lot de conflits qui naissent de décisions unilatérales prises par ceux qui nous gouvernent et qui sont largement critiquées parce qu’elles semblent en contradiction avec d’autres décisions prises antérieurement ou avec la logique et le gros bon sens naturel. Le nombre de cas positifs de COVID augmente quotidiennement à une vitesse vertigineuse (entre 100 et 400) pour atteindre un total de plus de 1200 cas actifs. Mais cela n’émeut pas nos dirigeants qui ont choisi de baisser la garde et d’ouvrir les frontières. La comptabilisation des cas est accompagnée de commentaires qui tendent à banaliser la gravité de la situation, d’autant plus que les morts succombent rarement du virus mais plutôt d’autres pathologies ! Qui a peur de la COVID-19 ? À part ce décompte particulier des cas, Maurice ne fait qu’imiter d’autres pays qui ont choisi la même approche comme si des consignes étaient émises quelque part pour être appliquées à l’échelle mondiale. La stratégie a changé : faute de pouvoir combattre le virus, on a choisi de cohabiter avec lui. Bruno Latour, philosophe et sociologue français, a raison de déclarer, dans son dernier ouvrage, Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres : « Le virus n’est pas arrivé chez nous. Nous sommes chez lui. » Et dire que l’an dernier, à la suite d’un nombre de cas nettement inférieur, tout le pays était contraint à des mesures de confinement extrêmement strictes, une fermeture totale, qui était globalement respectée. Mais il en va autrement aujourd’hui ! Malgré le renforcement des amendes et des peines d’emprisonnement, les infractions sont plus nombreuses : prières, anniversaires et cérémonies de mariage sont organisés au nez et à la barbe des autorités. Les gens n’ont plus peur du virus et ne croient pas en ce que les autorités préconisent ! La parole officielle n’est plus crédible. Elle ne correspond pas à la vérité constatée sur le terrain. Elle semble être dictée par des circonstances étrangères à la situation sanitaire, des impératifs politiques pour rassurer la population, des motifs économiques pour favoriser la production et le tourisme, une stratégie sanitaire inavouable pour favoriser une immunité collective naturellement par la contamination de la majorité ou artificiellement par la vaccination du plus grand nombre, de gré ou de force. Un des principes fondamentaux de la gestion de l’opinion publique n’est pas respecté : il vaut mieux convaincre que contraindre. Mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, encore moins à entendre. Il faut croire que la gestion de l’information a été catastrophique. D’ailleurs, on veut nous faire croire que la COVID elle-même ne fait pas de morts à Maurice, ou si peu, contrairement à ce qui se passe ailleurs !

Intérêt public

Alors pourquoi un vaccin ? Toutes les grandes puissances étaient à la recherche d’un vaccin, qui pouvait seul nous protéger des désastres de la pandémie. Cette panacée devait nous libérer de toutes nos angoisses. On a eu plusieurs vaccins, tous concurrents, chaque groupe de pression vantant les mérites de son produit et vilipendant celui du concurrent. La fabrication de vaccins constitue un nouveau pilier économique. L’Afrique, y compris Maurice, ne veut pas être en reste. On parle bien d’une troisième dose ! Le résultat est qu’aucun vaccin n’est universellement accepté. On a décortiqué tous les méfaits, authentiques, supposés ou falsifiés, de chaque vaccin. Ubi sum ? Déclarations, clips et vidéos inondent les réseaux sociaux ! Et tous mettent en scène d’éminents spécialistes ! On ne sait plus quoi faire ! Où se trouve la vérité ? Les autorités s’en tiennent à une vérité claironnée par toutes les puissances : il faut vacciner. Et là encore, faute de pouvoir convaincre, on va contraindre ! Officiellement le vaccin n’est pas obligatoire, parce qu’on ne peut s’opposer en liberticide aux droits de la personne. En fait, seulement trois pays l’ont rendu obligatoire : le Vatican, les Iles Fidji et le Tadjikistan. La France a introduit le « pass sanitaire » provoquant frustration et mobilisation. Ailleurs, d’autres contraintes existent à l’encontre des non vaccinés : exclusion de nombre de services publics, licenciement, marginalisation ! Que faire ? On redoute une société du contrôle permanent, une dictature vaccinale, le chantage quoi, même si on n’est pas contre le vaccin. Nos petits esprits ont de la peine à comprendre comment un vaccin aussi efficace doit être administré sous menace et après signature d’un formulaire de consentement, comment une maladie aussi mortelle ne semble pas faire de morts et qu’on doive se faire tester pour savoir si on l’a. Le cas échéant, on est confiné et on repart guéri après quelques jours, sans aucun soin particulier. On est alors comptabilisé dans la colonne des « guéris », une performance à mettre au palmarès des soins de santé. La stratégie est définitivement à revoir, d’autant plus que nous sommes conscients qu’il s’agit d’un vaccin différent, un vaccin génétique expérimental et que la fin des « essais et évaluations » de phase 3 est prévue en 2023. Tout cela mérite d’être expliqué pour convaincre ! Le vaccin obligatoire ne fait que diviser la population en trois groupes, les vaccinés, les non-vaccinés et les vaccinés contraints et forcés. Évidemment l’argument mis en avant pour contraindre est l’intérêt public ! On ne fait guère beaucoup de cas de ce qui semble être une rupture du secret médical. Mais on sait bien que bien des atrocités ont été commises dans le monde sous le prétexte d’intérêt public.

L’ouverture des écoles et l’obligation pour le personnel de se faire vacciner contribue à ce malaise qui s’installe dans un public dubitatif. Il est vrai que la Directrice générale de l’UNICEF et celle de l’UNESCO ont émis le 12 juillet dernier une déclaration commune sur la nécessité pour tous les établissements scolaires de rouvrir et de dispenser un enseignement en présentiel. Mais cette même déclaration précise que cette mesure doit se faire « sans imposer de restrictions en matière d’accès et notamment sans rendre obligatoire la vaccination avant le retour à l’école ». Ubi sum ?

Nous avons encore à l’esprit les contradictions perturbantes observées lors de la dernière période d’examens nationaux : les étudiants pouvaient sortir des zones rouges pour se rendre dans les centres d’examens au risque de contaminer un grand nombre. La politique de circulation dans les transports publics en a fait rire plus d’un : la distanciation physique était de rigueur en plein air aux arrêts d’autobus mais pas dans les autobus ! Le manque de communication et d’explications n’a fait que saper davantage la confiance d’une population désorientée dans les institutions.

L’impunité des puissants

Bien d’autres décisions sont prises sans tenir compte de l’intérêt public : l’augmentation officielle des denrées déjà sur les tablettes, telles l’huile, les grains et le beurre, de même que celle de l’essence pour la fourniture de vaccins, la création d’un nouvel impôt, la Contribution Sociale Généralisée (CSG) pour remplacer le fonds de pension national, alors que l’inflation et la dévaluation de la roupie causent une flambée des prix à la consommation. La population ne se retrouve plus ! Elle ne sait plus où elle est ! Elle n’arrive pas à comprendre qu’elle doit subir tout cela pour avoir droit à une augmentation de la pension avant les prochaines élections ! C’est la priorité de l’heure pour rester au pouvoir ! Pour se maintenir au pouvoir, toutes les actions sont envisageables. Dans plusieurs pays, l’utilisation de Pegasus, un puissant logiciel espion mis au point par l’entreprise de surveillance numérique israélienne NSO pour traquer, surveiller et espionner n’est plus un secret. La mission de cette compagnie est d’aider les gouvernements à maintenir la sécurité publique, dit-elle.

Le peuple se demande, à juste titre, si l’intérêt du pays, sa survie même fait partie des priorités ! Il n’est pas près d’oublier tous les scandales qui éclaboussent régulièrement l’un ou l’autre nanti du pouvoir et qui contribuent à faire dégringoler le pays dans l’opinion internationale et dans les tableaux comparatifs. L’impunité des puissants met en lumière notre impuissance ! Les séances de notre auguste assemblée parlementaire en sont une illustration parlante !

En proie à un tel désarroi, une telle perte de confiance, en lui-même, en son pays, le peuple n’arrive pas à suivre les conseils de Bruno Latour et tirer les leçons qu’il faut de son confinement pour que le « monde d’après » ne ressemble pas à celui d’avant. Les ingrédients s’accumulent dans la marmite et la frustration peut faire sauter le bouchon à tout moment ! Le conseil de Nelson Mandela dans Les lettres de prison peut être salutaire dans ces moments de grisaille : « Souviens-toi que l’espoir est une arme formidable même quand tout le reste est perdu ».

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