Vaccinés, et puis quoi ?

MÉLANIE THÉODORE

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MÉLANIE THÉODORE

Ces derniers temps, les cartes de vaccination ont la cote sur les réseaux sociaux. On les arbore dans les newsfeeds, dans les stories, les vaccinés connaissant une soudaine popularité. On les remercie publiquement, on leur offre des prêts à des taux préférentiels, des récompenses. Si le virus mute, on assiste aussi à une mutation des raisons derrière l’acte vaccinal, certaines ayant parfois un lien de parenté très éloigné avec la protection contre le virus. Alors que « l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les pays riches à reconsidérer leurs projets de vaccination des enfants ou des adolescents et à faire plutôt don des doses ainsi libérées au dispositif COVAX », et « que des experts se réunissent pour passer en revue quelque 300 cas de myocardites et de péricardites survenus après l’injection des vaccins Pfizer et Moderna », notre petit pays – déjà bien surendetté – propose la vaccination aux jeunes de moins de 18 ans! Il y a de quoi devenir chèvre!

Bientôt, va-t-on stigmatiser ou exclure les élèves de moins de 18 ans, non vaccinés et éventuellement déclencher de l’anxiété chez eux? Voilà ce que redoutent des parents déjà bien préoccupés et réfractaires au vaccin chez les enfants. À juste titre quand nous voyons ce qui se passe sur le plan social, c’est-à-dire une certaine attitude envers le non-vacciné adulte, cet employé que certains patrons tendent à dénigrer… Ton impérieux, on le toise et le perçoit comme un complotiste (vouzot, quand même!), un ignare, un vaccinophobe ou même un fou! Il est vrai qu’une telle attitude et les regulations qui brandissent la carotte et le bâton n’encouragent nullement la vaccination volontaire. Aujourd’hui face à un vaccin élaboré en l’espace de quelques mois, il n’est pas bien vu de faire preuve de prudence, vertu intellectuelle selon Aristote (pourtant certains pays d’Afrique affichent la prudence face aux vaccins). Au nom de l’intérêt collectif, le non-vacciné doit faire fi de ses appréhensions ou convictions. Faire preuve de courage pour ne pas céder à la pression et accepter de perdre son emploi ou faire preuve d’abnégation, accepter la piqûre, une épée de Damoclès au-dessus des têtes. Question de perspective…

Toutefois, saluons ces personnes qui sont allées se faire inoculer pas seulement pour conserver leur emploi mais aussi pour leur protection personnelle et au nom de « l’immunité collective », cette terre promise en passe de devenir un mythe, au vu de nouvelles restrictions et de confinements, reprises de gestes barrières, et frayeurs face au variant Delta. Attention les vaccinés, ne baissons pas la garde ! Alors que tous nos efforts se concentrent sur la vaccination massive, et qu’on valorise le vacciné, combien de Mauriciens respectent encore les gestes barrières et la distanciation sociale ?

Se faire vacciner dans l’intérêt de tous et de l’économie, voilà qui est une noble cause ! Se faire vacciner pour pénétrer dans les hôpitaux. Dégradation, plaintes, scandales, négligences…Peut-on espérer un meilleur service hospitalier? Avec la réouverture des frontières, l’arrivée de touristes vaccinés et non vaccinés, l’assouplissement des restrictions, nos services de santé seront-ils aptes à faire face à ce nouveau variant ou une nouvelle vague? On parle de la mise sur pied d’un laboratoire pour la fabrication de vaccins, projet ambitieux ou folie des grandeurs alors que les Rodriguais atteints de cancer doivent encore venir se faire soigner à Maurice.

Si on parle de l’intérêt collectif, pourquoi donc ne pas continuer sur cette belle lancée patriotique? Allons ne soyons pas hypocrites, on parle du collectif quand cela nous arrange, et nos affaires aussi. N’est-il pas triste que cette petite piqûre nous dresse les uns contre les autres ? Nous avons récemment prouvé que nous accueillons la différence et que nous pouvons être solidaires. Ouvrons les yeux. Ne passons pas à côté de l’essentiel.
Le petit peuple, qui souffre, ne peut plus penser au virus. Il n’y a qu’à voir les personnes qui fuient les zones rouges. Il a besoin de pouvoir circuler pour travailler. Vaccination, pas sa priorité ! Il regarde son garde-manger vide, il se sent défaillir. Il se demande comment nourrir ses enfants, comment payer ses dettes, comment faire rouler son petit business. Avec l’arrivée des touristes, il a peur d’une flambée des prix dans son village touristique. Il souffre déjà de l’augmentation de l’essence au nom des vaccins. Le démuni est désespéré et la classe moyenne s’appauvrit. Combien de virus dangereux menacent leur survie et celle des autres? Le pays est en danger. Qui élabore des vaccins pour les plus vulnérables ?

Sources

https://news.un.org/fr/story/2021/05/1096032
https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-un-comite-americain-se-penche-sur-des-problemes-cardiaques-chez-des-jeunes-vaccines-20210623

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