« Homicide involontaire ! »

Le cri d’exaspération lancé par l’ancien Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, après l’annonce du décès du 11e patient dialysé à l’hôpital de Souillac, résonne encore en cette fin de semaine aux oreilles de tous ceux qui sont consternés par les décès en série de ces personnes vulnérables en traitement à l’unité de dialyse dans cet établissement du Sud. Le fait que ce soit le leader du Muvman Liberater qui pointe un doigt accusateur en direction des services de santé chargés de cette unité, en les accusant « d’homicide involontaire », donne une importance particulière à cette remarque. Non seulement il sait de quoi il parle, mais aussi, c’est la première fois depuis les dernières élections générales qu’un backbencher du gouvernement, et pas n’importe qui, ose dénoncer avec une telle force le gouvernement.

- Publicité -

Il est vrai que, depuis qu’il avait été éjecté du gouvernement, Ivan Collendavelloo avait gardé le silence et avait défendu le gouvernement lors de ces dernières interventions parlementaires, malgré ses frustrations personnelles. Mais il était difficile pour lui de garder le silence devant cette situation dramatique, dont l’origine reste à être établie. Ces différentes sorties, notamment pour qualifier l’hôtel Tamassa, où les patients avaient été placés en quarantaine, de « camp de concentration », lui ont valu un lynchage en règle de la part des francs-tireurs numériques organisés, qui tirent sans sommation contre tous ceux qui osent faire la moindre critique contre le gouvernement.

Malgré cela, il a maintenu sa position, même s’il est conscient de marcher sur la corde raide. Il prend la précaution de souligner que cette question est d’ordre national, et n’est pas une politique. Même s’il reproche au leader de l’opposition d’avoir raté une occasion de coincer le ministre Jagutpal pour l’amener à faire la lumière sur la situation à l’unité de dialyse de Souillac, il a immédiatement temporisé en accusant ce dernier de faire de la politique avec un problème d’ordre national. Ira-t-il jusqu’à soulever le sujet au Parlement ? Faute de débats sur la gestion de la pandémie, qui ont été refusés par le gouvernement, Ivan Collendavelloo peut soulever le problème à travers une interpellation parlementaire en tant que backbencher.

Il aurait alors pu insister sur l’importance de l’ouverture d’une enquête approfondie ou de l’institution d’un “fact finding committee” pour voir plus clair dans la gestion de l’unité de dialyse avant et pendant la Covid, mais aussi sur la responsabilité des néphrologues et des membres du personnel médical, sur le traitement des personnes dialysées en quarantaine à Tamassa, etc. C’est le minimum que les autorités gouvernementales puissent faire pour que tous ceux qui ont encore des doutes sur les circonstances de la mort de leurs proches puissent faire leur deuil et pour que les malades retrouvent confiance dans l’unité de dialyse de Souillac.

Les regards sont maintenant braqués vers le Medical Negligence Standing Committee (MNSC), présidé par Me Raj Nuckchady, qui mène depuis une semaine une enquête sur le cas du bébé mort-né au Sir Seewoosagur Ramgoolam North Hospital (SSRNH) dans des circonstances dramatiques. Serait-ce un cas d’homicide involontaire ? L’image du corps de ce nouveau-né dans une boîte en carton a bouleversé tout le pays. On s’attend que le MNSC se prononce non seulement sur ce cas de négligence, mais également sur le manque de dignité dans le traitement du corps de ce bébé.

Pour terminer, la proposition de l’ICTA, à travers son Consultation Paper, d’exercer un contrôle sur le contenu des réseaux sociaux à Maurice, via un comité d’éthique, a provoqué une colère nationale. Si l’idée d’un Consultation Paper est louable dans un cadre démocratique, la proposition principale contenue dans ce document relève, elle, de la folie. Quelle que soit la raison évoquée par l’ICTA pour justifier sa démarche, la population n’a pas confiance dans les institutions gouvernementales et considère que la démarche du gouvernement constitue une attaque à la liberté d’expression. Beaucoup pensent que les législations actuelles sont suffisantes pour sanctionner tout dérapage. Reste à savoir si le gouvernement, malgré le mécontentement populaire, prendra le risque de se mettre toute la population à dos en allant de l’avant avec son projet.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour