Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Égalité des Genres : « Le Children’s Bill sera une nouvelle loi sévère qui incitera à penser à dix fois avant de commettre une offense »

Des changements plus profonds qu’ils ne paraissent ont eu récemment lieu à la Child Development Unit (voir hors-texte). Contrairement à la restructuration de 2018 où cette unité avait été restructurée dans le sillage d’une polémique autour d’un shelter, la dernière restructuration s’est faite pour d’autres raisons pour calmer des susceptibilités. Mais la ministre de tutelle, Kalpana Koonjoo-Shah, parle plutôt de la nécessité (sans urgence) d’appliquer une méthode visant à renforcer les services dédiés aux enfants vulnérables.

- Publicité -

l La Child Development Unit a été restructurée. Qu’en est-il ?
Il ne s’agit pas d’une restructuration, mais d’une approche avec l’idée d’optimiser nos services. Le ministère est dynamique et les problématiques sur la maltraitance contre les enfants changent, les degrés de violence domestique changent aussi, mais pour empirer. Nous avons déjà un très bon protocole de services, mais en vue de les optimiser, il fallait revoir nos structures.

l Pourquoi cette urgence, d’autant que la CDU avait été restructurée il y a deux ans avec l’introduction de l’Alternative Care Unit ? Dans quelle mesure les services seront plus performants et réactifs ?
Il n’y avait aucune urgence. L’idée d’une restructuration était déjà en place à mon arrivée au ministère. Les abus sont de plus en plus dénoncés et il est rassurant de constater que le public vient de l’avant pour les dénoncer. Nos campagnes de sensibilisation ont touché de nombreuses personnes dans la société et démontrent ainsi qu’elles font confiance aux services que nous offrons. Et tous nos services sont accompagnés d’un encadrement global allant de l’accompagnement psychologique, social, aux conseils légaux Il s’agit maintenant d’optimiser nos services et de s’assurer that they are being delivered and delivery-enhanced.

l Comprenez-vous pourquoi la CDU est mal perçue par le public ?
Je crois que la perception erronée vient du fait que le public n’a pas compris le mandat de ce ministère, y compris celui de la CDU. Celle-ci opère dans un paramètre légal et nous ne pouvons pas fonctionner en dehors de ce cadre. Cette perception repose sur la pensée que la CDU détient une baguette magique. Elle n’en a pas ! Par contre, nous avons un protocole robuste composé de services qui s’adressent aux enfants en détresse [ ].

l La question qui revient : où en est le Children’s Bill ?
L’ébauche est actuellement au Parquet. Nous avons déjà eu les recommandations du Directeur des Poursuites Publiques et attendons celles du chef juge. It has been a very intensive exercise to get the bill where it is today. Il arrive incessamment.
l « Incessamment », « bientôt » C’est ce que l’on entend souvent à propos de la présentation de ce projet de loi. Mais entre-temps, des lois ont été votées et amendées. Est-ce à dire que le Children’s Bill n’est pas la priorité du moment ?

Pas du tout ! Le Children’s Bill est pour moi ainsi que le gouvernement une priorité. Procéder à des amendements dans des lois existantes n’est pas aussi compliqué que ça. Mais le Children’s Bill est une toute nouvelle loi, nous ne pouvons pas le présenter à la va-vite. Je vais dire les choses comme elles sont : moi, en huit mois, j’ai apporté le Children’s Bill ! I am new to this job and I had made this a priority. Tou sa letan-la kot li ti ete ? Si je pouvais dire la date de sa présentation, j’aurais déjà commencé les célébrations. Le Children’s Bill sera une nouvelle loi sévère qui incitera à penser à dix fois avant de commettre une offense.

l Les lois aussi sévères soient-elles n’empêchent pas les offenses et les récidives. Vous prévoyez la réhabilitation des auteurs de violence ?
Nous sommes déjà dans le processus de la mise en oeuvre de la réhabilitation, c’est quelque chose qui découle d’une décision budgétaire. Nous avons les infrastructures, il y a la formation sur le perpetrators’ rehabilitation programme qui a démarré La réhabilitation sera une obligation légale, ce n’est qu’ainsi qu’elle va marcher.

l Et pour les abuseurs d’enfants, les pédophiles ?
Écoutez. Je ne sais pas. S’il y a moyen de les réhabiliter, nous le considérerons. A Child abuser being rehabilitated ? I can think of only one way

l Which way ?
Let me not say it loud !

l Votre ministère n’a jamais abordé le problème de la toxicomanie chez les mineurs. Quelle est votre politique sur ce sujet ?
Cela ne tombe pas sous la responsabilité de mon ministère

l Il est question de mineurs, votre ministère y est concerné…
Je n’ai pas les moyens médicaux, sociaux pour adresser les problèmes de drogues. Vous me parlez d’enfants, certes, mais mon ministère n’est pas équipé pour des interventions liées à la toxicomanie chez les mineurs. Nous pouvons prendre éventuellement en charge un enfant toxicomane, mais il aura à suivre un traitement médical que mon ministère ne peut pourvoir.

l Pour ce qui est de l’accès pleinement à tous ses droits, dont le logement, stipulé dans la Convention relative aux droits de l’enfant, en êtes-vous satisfaite ?
S’agissant des droits au logement, à l’éducation, à l’expression, la participation je crois que nous avons jusqu’ici fait un travail fantastique. En fait, le Children’s Bill sera la preuve de nos efforts visant à respecter nos obligations internationales.

l Vous évoquez le droit au logement. On vous a reproché de ne vous être pas intéressée au cas des enfants des familles squatters du confinement. Que répondez-vous ?
C’est complètement faux ! Suite à une rencontre avec le ministère du Logement, nous avons mis en place une équipe multiministérielle laquelle comprenait mes officiers. Ces derniers se sont rendus sur place les 26 et 27 mai, les 2, 3, 8 et 11 juin derniers pour rencontrer ces familles. Il est faux de dire que mon ministère ne s’est pas intéressé à ces enfants. Au contraire, nous avons fait un état de la situation et quand nous avons informé ces familles de nos services, cela n’était pas leur préoccupation première. Their issue was more of an accommodation and of a financial nature. Les enfants n’avaient pas besoin de protection contre leurs parents pour maltraitance etc. Nous leur avons proposé nos services, mais ils n’avaient pas envie d’y avoir recours. Koman mo kapav al impoz mo servis, mo soutien sikolozik a enn fami si li pa le resevwar sa servis-la ?

l Avez-vous un message pour les mères mauriciennes qui attendent le retour de leurs enfants actuellement bloqués à l’étranger ?
D’abord, je les félicite pour leur courage. Je connais beaucoup de mamans qui attendent le retour de leurs enfants. En tant que mère, je sais que nous seules savons d’où nous puisons ce courage. Mais je fais un appel à leur compréhension, c’est avec le cœur lourd que nous prenons des décisions, lesquelles ne sont pas faciles. Ce sont des citoyens de Maurice que nous ne pouvons rapatrier à temps. Mais l’intérêt et la santé publics sont prioritaires pour le moment. Les rapatriements se font de manière staggered pour ne pas engorger nos centres de quarantaine. Pour moi, elles ont fait preuve de tellement de courage qu’elles sont des unsung heroes pendant la pandémie. Je leur demande de faire preuve d’encore un peu de patience.

l Au Parlement, vous êtes plutôt acerbe envers Joanna Bérenger. Elle est dans votre ligne de mire ?
Noooon ! I am so busy with work. Quand je lis des articles de presse rapportant que j’ai dit ceci ou cela à Joanna Bérenger Me kan mo’nn dir li kiksoz ? Il y a une polémique qui revient dans les médias et je voudrais remettre les pendules à l’heure. We sit in a Parliament. At the end of the day, we are women parliamentarians colleagues. Je ne sais pas si c’est parce que vous voulez avoir quelque chose à écrire que vous dites que Madame Koonjoo-Shah a un problème avec Joanna Bérenger. Alors, loin de là. Elle est une collègue parlementaire que je respecte et c’est le plus important. Un des reproches qu’elle m’a fait personnellement à la dernière séance c’était de n’avoir pas réagi quand on lui a fait des remarques sur sa grossesse. Je tiens à la mettre au courant, en toute honnêteté, je n’ai pas entendu ces propos-là. Je la rassure que si j’avais entendu cela, j’aurais réprimandé cette personne immédiatement et qu’elle soit un membre de l’opposition ou du gouvernement. Ni moi ni mon gouvernement n’acceptons ce genre de propos. Parkont, lepep antie inn tann li dire “zako”. Personn pa ekrir lor la ? Cela figure dans le Hansard. Alors mo pa bizin reponn ? I am not allowed to comment something which has been cited and which is to me very derogatory ?

l Ce mot « zako », semble-t-il, vous est resté en travers de la gorge !
Je pense qu’il en aurait été de même pour n’importe qui. Elle est une enfant de l’île Maurice comme moi. Cela ne fait pas honneur à une jeune parlementaire. « Honourable » means honourable through your actions and words as well. You don’t acquire an honourable title because ou’nn eli tet de lis par-si, par-la !

La Child Services Unit remplace la CDU

La Child Development Unit devient la Child Services Unit. Ce changement qui vient revoir l’organisation du mode opératoire de ce département clé au ministère a pris plus d’un de court. En effet, comme le déclare la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, il n’y avait « aucune urgence » de restructurer la CDU. Toutefois, cette restructuration s’est faite rapidement. Qui plus est, le Children’s Bill n’a même pas encore été présenté au Parlement. En 2018, la CDU avait été scindée en deux départements après une polémique autour d’un shelter. Cette décision n’avait pas plu à tous. La Child Services Unit chapeautera la Child Rescue and Prevention Unit, un département de « Policy and Regulations » et la Child Rehabilitation Unit. Au ministère, des fonctionnaires peu convaincus par des changements jugés brusques et sans fondement ont fait appel à leurs députés bien placés au gouvernement pour faire “geler” des décisions trop hâtives. C’est aussi pour cela qu’au ministère on préfère attendre avant d’annoncer le remplacement de l’appellation CDU par CSU.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -