Rama Sithanen (ex-ministres des Finances) : « Mesures budgétaires : the cure is worst than the disease »

Dans une interview accordée au Mauricien cette semaine, l’ancien ministre des Finances Rama Sithanen se livre à une analyse des mesures budgétaires proposées par le Grand argentier, Renganaden Padayachy. Il ne passe pas par quatre chemins pour affirmer que le ministre s’est « trompé de budget ». Il va plus loin en estimant que « the cure is worst than the disease ». Pour lui, tenant compte des moyens financiers mis à la disposition du ministre des Finances, soit un total de Rs 158 milliards (don de Rs 60 milliards, injection de Rs 80 milliards dans la MIC Ltd et Rs 18 milliards provenant du Special Reserve Fund), il aurait pu présenter « un budget exceptionnel, qui mette l’accent sur les fondamentaux et qui, en même temps, relance l’investissement, protège l’industrie et évite des licenciements ». Il a malheureusement, selon Rama Sithanen, choisi autrement « sur une base idéologique erronée ». S’il ne revoit pas sa copie, « on est tous foutus ! » dira l’ancien ministre. « La clé est entre les mains du Premier ministre », observe Rama Sithanen, qui livre également ses impressions sur la réforme du système de pension et les nouvelles mesures fiscales.

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Le budget 2020-2021 a été présenté dans un contexte économique local et global difficile. Quelle est votre appréciation de la situation ?
La situation économique était difficile avant l’arrivée de la Covid-19. La croissance économique était tombée à 3%. La création d’emplois était très faible. La dette publique était très élevée. Le déficit budgétaire était en hausse. Au niveau sectoriel, les quatre principaux piliers économiques étaient en difficulté. Alors que ces quatre secteurs – le sucre, le secteur manufacturier, l’industrie touristique et le secteur des services financiers – connaissent des difficultés et que nous ne voyons pas l’émergence de nouveaux secteurs, la Covid-19 ne fait qu’amplifier la situation, aussi bien au niveau macroéconomique qu’au niveau sectoriel.
L’économie connaîtra une contraction de 11%, comme annoncé par le ministre des Finances, sinon plus. Au fait, l’économie est affectée par -14% si on tient compte du fait que l’année dernière, la croissance était de 3%. Avec le confinement, le taux de consommation a chuté considérablement. Nous avons connu une double crise. Un “supply shock” doublé d’un “demand shock”. Les chaînes d’approvisionnement ne fonctionnaient pas normalement et la demande a chuté considérablement. Cela s’est transformé en une crise financière parce que les banques ne prêtent plus d’argent facilement et il y a une pénurie de devises, surtout de dollars.

Comment le budget s’est-il attaqué à ces problèmes ?
À mon avis, le ministre des Finances s’est trompé de budget. The cure is worse than the disease. He cuts off his nose to spite his face. Je m’explique : l’objectif du budget aurait dû être très simple. La relance de l’investissement et la relance de la croissance autour de trois thèmes. Il faut reconnaître que le Premier ministre a bien fait du côté sanitaire. He succeeded in saving life. Now we have to protect livelihood and save jobs. Le budget aurait dû s’articuler autour de trois points centraux : “protect people”, “rescue companies” et “save jobs”. Il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures, et apporter des réformes qui envoient de mauvais signaux. Est-ce que les mesures contenues dans le budget peuvent attendre les objectifs fixés, à savoir booster l’investissement et relancer la croissance en plus des trois objectifs cités plus haut ? Le budget ne consiste pas uniquement à aligner les chiffres, il doit comprendre une part de psychologie, de sentiments et de confiance. Or, le budget a envoyé de mauvais signaux. Le sentiment des hommes d’affaires, des investisseurs et des entrepreneurs est négatif par rapport à cela. La confiance est ébranlée et de mauvais signaux ont été envoyés.
Nous avions un modèle économique qui marchait tant bien que mal, même avec le changement de ministres des Finances. Nous avions une fiscalité simple, attractive, agressive et compétitive, que ce soit pour les individus ou pour les entreprises, sans trop d’évasion fiscale. Cela a rapporté des dividendes. Pravind Jugnauth, en tant que ministre des Finances, ne l’a pas changé. Xavier-Luc Duval non plus ne l’a pas modifié. Lutchmeenaraidoo, et par la suite Pravind Jugnauth, qui avait repris le portefeuille des finances, ne l’ont pas changé. Aujourd’hui, on a cassé les ressorts et changé de paradigme pour placer la taxe au centre des préoccupations des individus, des compagnies et des institutions. Nous sommes sortis d’un système de taxe compétitif et attractif pour atteindre le niveau de “punitive” et “ideological”.

Voulez-vous dire que les priorités ont changé ?
Tout à fait. Or, pour encourager l’investissement et l’entreprenariat, pour inciter les gens à prendre des risques, on aurait dû maintenir la fiscalité légère et continuer de faire en sorte que Maurice demeure attractive et compétitive, non seulement pour nos investisseurs, mais aussi pour les étrangers. Tout cela a été bousculé brutalement, et sans réflexion. C’est un changement de paradigme qui est très mauvais.
De plus, le ministre a mis trop d’œufs dans le panier de la construction et les infrastructures. Nous avons un problème de capacité pour exécuter les projets dans ce secteur. Le gouvernement avait promis de construire 10 000 logements en cinq ans. Ils n’en ont construit que 2 000 pendant cette période. C’est-à-dire 400 par an. Maintenant, le budget annonce la construction de 12 000 logements sur trois ans, c’est-à-dire 4 000 par an, soit 10 fois plus ! Comment va-t-il réaliser cela ? S’il le fait, je serais très content pour nos compatriotes au bas de l’échelle, qui obtiendront une subvention de 80%. Mais on sait que c’est un effet d’annonce. C’est le cas tous les ans.
Finalement, tous les gros projets d’investissements ne bénéficient pas aux Mauriciens, mais aux compagnies étrangères, qui arrivent avec leur propre main-d’œuvre. Il y a donc très peu de valeur ajoutée dans l’économie de Maurice avec cette stratégie. Malgré le fait qu’il y a eu beaucoup d’investissements dans la construction et le bâtiment durant ces trois dernières années, le taux de croissance est tombé à 3%. Non seulement nos travailleurs n’auront pas d’emploi dans la construction, mais il faut savoir que son “import content” est très élevé. Beaucoup d’argent quittera le pays. Le ministre des Finances a donc pris un pari risqué en mettant tout son espoir dans la construction. Il aurait dû plutôt aider le tourisme, le secteur manufacturier, l’ICT/BPO, les services financiers et activer les stratégies pour exporter sur le continent africain et les nouveaux secteurs. Ce qui nous aurait permis de diversifier nos risques.

Le ministre semble avoir voulu mettre l’accent sur la création d’emplois et le chômage…
Tout le monde attendait avec impatience d’avoir une certaine visibilité sur ce qu’il comptait faire pour trois types de compagnies. Il y a plus de “non dit” et de confusion que de clartés. On veut savoir ce que serait le “wage subsidy”, combien le gouvernement allait accorder et à quels secteurs. C’est à la fin de son budget qu’il a fait mention des Rs 15 milliards prévues pour le “technical unemployment”. Il aurait dû parler de trois types de secteurs, et en premier lieu ceux qui reprendront très vite, comme l’e-Commerce, les produits pharmaceutiques… Ce sont des activités locales qui peuvent commencer rapidement. Ces secteurs n’auront pas besoin d’un grand soutien. En deuxième lieu, il y a les secteurs qui prendraient un peu plus de temps, par exemple le secteur manufacturier, l’ICT-BPO, l’agro-industrie… Ensuite arrivent les secteurs qui connaissent le plus de difficultés, comme l’aviation, le tourisme et les entreprises engagées dans des activités connexes. Il aurait dû expliquer clairement ce qu’il ferait pour ces secteurs en fonction de la gravité de la situation.
Or, que voyons-nous, malgré les annonces faites dans le budget ? Les grandes firmes engagées dans le tourisme et d’autres secteurs font la queue devant le ministère du Travail pour avoir la permission de mettre en œuvre la nouvelle clause introduite dans la Covid 19 Act pour un licenciement rapide, parce qu’ils n’ont pas de revenus et n’obtiennent aucune aide du gouvernement, à part quelques mesures pour baisser leurs coûts. On aurait dû les aider à obtenir des revenus. En fait, ils ont commencé : 1) à licencier; 2) à mettre des employés au chômage technique, avec la possibilité que leurs conditions de travail soient revues à leur retour; 3) à partager le travail entre employés; et 4) à réduire les salaires de ceux qui travaillent.
Qui sont ceux qui bénéficieront de l’aide du gouvernement ? Comment va-t-il le faire ? Est-ce que chacun aura Rs 5 100 ou plus ? Au moins, un quart du budget aurait dû être consacré à ces questions. Ce n’est pas sérieux du tout. Je crains qu’il y ait beaucoup de banqueroutes, de licenciements, que le chômage augmente, que les revenus de nos concitoyens baissent. Je connais des amis dans les secteurs de l’hôtellerie et de l’ICT/BPO dont les salaires sont passés de Rs 100 000 à Rs 30 000. C’est un drame pour ces personnes, qui ont construit leur vie autour des salaires qu’elles recevaient. Elles doivent payer leur “mortgage”, l’université de leurs enfants, rembourser les prêts pour l’achat d’une voiture, etc. C’est la vie de la classe moyenne. L’appel que je lance, c’est que maintenant que le Premier ministre a bien géré le côté sanitaire, il doit intervenir pour amener son ministre à revoir sa copie, sinon la situation s’aggravera et risque de déboucher sur une crise sociale.

Entre la crise sanitaire et le budget, il y a eu la Covid 19 Act et la Quarantine Act…
Oui. La Covid-19 Act avait pour but de préparer la voie à certaines mesures, notamment pour obtenir de l’argent de la BoM, se préparer à prendre Rs 15 milliards du Consolidated Fund pour les mettre dans le Covid Development Fund, et se préparer à accélérer le licenciement des employés. Ensuite, il y a eu la restriction des libertés de nos concitoyens.

Ce n’était pas facile de faire un budget dans les circonstances présentes…
C’est vrai, mais ce problème a été évacué avec une facilité déconcertante avec l’obtention de Rs 158 milliards de la Banque centrale. Ce qui ne s’est jamais produit dans le passé. Il a obtenu Rs 60 milliards de la BoM sans avoir besoin de les rembourser ou de payer des intérêts. Rs 33 milliards sont utilisées pour les dépenses courantes. Ce qu’il n’était pas censé faire. Il aurait dû mettre cela dans l’investissement afin de créer de la richesse. Or, l’idée était d’utiliser cet argent pour faire le développement afin d’empêcher le licenciement et créer de l’emploi. Rs 27 milliards ont été placées dans trois fonds. Le premier de Rs 10 milliards, dont 9 milliards pour aider Air Mauritius, et le second de Rs 15 milliards, dont Rs 12 milliards seront utilisées pour les logements sociaux. Et Rs 2 milliards dans un fonds pour l’environnement. On sait qu’il n’aura pas la capacité pour faire cela et qu’une partie de l’argent ne sera pas utilisée. Pourquoi n’avoir pas pris cet argent pour stimuler le secteur réel de l’économie ?
Il a également obtenu Rs 80 milliards qui seront injectées dans le MIC. S’il n’y avait pas cet instrument, c’est soit le gouvernement à travers le Covid Development Fund ou la SIC qui auraient dû aider les entreprises. Or, il a obtenu Rs 80 milliards. Ce qui fait que les dépenses que le gouvernement aurait dû faire pour aider l’hôtellerie et le “manufacturing”, c’est la Banque centrale qui le fait. Par ailleurs, sur les Rs 18 milliards obtenues du Special Reserve Fund, Rs 10 milliards n’ont pas encore été utilisées. Au total, le ministre des Finances a obtenu Rs 150 milliards en cadeau de la BoM, ce qui équivaut à une fois et demie ses recettes de Rs 100 milliards. Il disposait donc d’une marge de manœuvre énorme pour relancer l’économie, booster l’investissement et protéger l’emploi. Il ne l’a pas fait. Malheureusement pour notre pays.

Même Business Mauritius et la MCCI ont critiqué les mesures budgétaires. Est-ce un signe ?
C’est vrai. Vous savez très bien qu’en général, les dirigeants du secteur privé ne critiquent pas le gouvernement. Zot al rod zot lavi. En privé, ils critiquent, mais en public, ils se taisent. Business Mauritius et même la MCCI, où sont généralement recrutées les personnes proches du gouvernement, l’ont fait. D’ailleurs, l’actuel ministre des Finances vient de la MCCI. La Chambre d’agriculture l’a critiqué. L’Association des compagnies engagées dans le “global business” l’a aussi critiqué, sans compter les syndicats du secteur public et du secteur privé. Le ministre fait croire qu’il a pris beaucoup de risques, ce qui n’est pas vrai. On a baissé le prix du gaz ménager. Le prix a chuté depuis quatre mois. En vérité, ce qu’ils ont fait, c’est de prélever Rs 4 sur chaque litre d’essence et de diesel. Le CEB et la STC ramassent des “windfall gains” énormes. Les projets concernant le logement sont des effets d’annonce. Les petits planteurs peuvent convertir 10% de dix arpents, mais combien d’entre eux disposent de dix arpents de terres ? Il a fait un effort pour la classe moyenne en augmentant le plafond de l’impôt. Mais il a repris cet argent de l’autre main à travers la taxe de solidarité et à travers la contribution sociale généralisée. Pour relancer le tourisme, il faut que les avions puissent voler et qu’on ouvre les frontières. Or, il n’a pas dit quand les avions d’Air Mauritius recommenceront à voler. De plus, il n’y a aucune indication sur ce qu’il adviendra d’Air Mauritius, qui est un instrument stratégique pour le développement du pays, surtout pour le tourisme et l’exportation. Il ne dit pas non plus comment les Rs 9 milliards prévues pour Air Mauritius, et qui sont bien cachées dans le budget, seront utilisées. Est-ce que ce montant sera utilisé pour payer une partie de l’endettement d’Air Mauritius, estimé à Rs 40 milliards ? Est ce qu’il sera utilisé pour payer ceux qui ont loué des avions à Air Mauritius ? Est-ce que cet argent sera utilisé pour aider Air Mauritius à recommencer ses opérations ? Est ce qu’on utilisera une partie de cet argent pour payer la retraite des employés parce qu’il n’y a pas suffisamment d’argent dans le fonds de pension ? À mon avis, Rs 9 milliards sont largement insuffisantes. Le ministre ne dit pas non plus quelle aide sera accordée à l’hôtellerie et au tourisme. Finalement, le seul ministère qui avait besoin d’une augmentation de son portefeuille financier, celui du Tourisme, a vu son budget baisser par 47%. Or, tout le monde sait que la MTPA a besoin de beaucoup d’argent pour promouvoir Maurice et la présenter comme une destination saine, à un moment où l’industrie est en difficulté. C’est le cas également pour l’industrie manufacturière.
Concernant le service financier, le ministre a dit qu’il faut résoudre les cinq points identifiés par le GAFI. Or, il n’y a aucun calendrier. De plus, le gouvernement fait croire que ce problème sera résolu avant octobre. C’est impossible ! Aucun pays se trouvant sur la liste noire de l’UE n’en est sorti avec deux ans. Concernant l’Afrique, le budget ne dit pas grand-chose. Maintenant, le gouvernement va prendre Rs 10 milliards de la Banque centrale pour mettre en Afrique. C’est très risqué. Neither secure, nor liquid or with uncertain return.
Un des rares éléments positifs du budget est la sécurité alimentaire, mais le projet et trop vague et trop académique, alors qu’il aurait fallu un “business plan”. Nous ne pourrons pas être autosuffisants à 100%, mais on peut améliorer notre sécurité alimentaire après les leçons de la crise Covid-19. On aurait dû établir une liste des fruits et légumes, de la viande, du poisson, des produits laitier et d’autres aliments qui seront produits, identifier ceux qui les produiront et investir de l’argent pour financer la mécanisation des champs. Utiliser à fond la robotisation et l’intelligence artificielle dans l’agro-industrie. Il faudra également investir dans la capacité de stockage et dans la transformation. Un sou n’est pas prévu à cet effet.
Je constate également qu’il n’y a pas beaucoup de projets concernant l’économie verte, l’économie bleue et l’économie circulaire. Ces trois items peuvent créer une économie durable. Il n’y a pas grand-chose de nouveau. Il aurait fallu des projets spécifiques pour qu’on puisse faire baisser notre empreinte carbone.

Que pensez-vous des réformes annoncées dans le budget?
En matière de réformes, le budget comprend deux “big elephants”. Le premier tourne autour de trois ou quatre taxes. Jusqu’à maintenant, Maurice était un pays attractif et compétitif pour faire des affaires, et nous avions comme principaux concurrents Singapour, Dubaï et d’autres centres financiers. Comme je l’ai dit, aucun des trois derniers ministres des Finances n’avait remis en cause cette stratégie en matière de fiscalité. Le nouveau ministre, lui, annonce un prélèvement de solidarité, qui était de 5% à partir des salaires annuels, soit Rs 3,5 millions, et qui était payé par tout le monde. Ce prélèvement passe désormais à 25% à partir de Rs 3 millions, et ce, juste pour les Mauriciens, alors qu’aucun prélèvement n’est prévu pour les étrangers. Ce qui est contraire aux normes de taxation à travers le monde, car aucune taxe n’a pour base la citoyenneté, mais la résidence. En gros, les impôts pour les Mauriciens ont doublé, passant de 20% à 40% à partir de Rs 3 millions, au lieu de Rs 3,5 millions. J’estime que tous ceux vivant à Maurice, Mauriciens et étrangers, devraient avoir le même traitement. On ne traite pas les Mauriciens comme des citoyens de deuxième catégorie.
Je pense que le taux de la taxe est trop élevé et envoie un mauvais signal. Il est discriminatoire contre nos concitoyens. De plus, le ministre a introduit une taxe sur les dividendes, qui passe de 0 à 25%. Est-ce le moment de faire cela alors qu’on a besoin des entrepreneurs et des investisseurs ? Une compagnie opérant dans le secteur privé, aujourd’hui, devra payer 15% de taxes sur les compagnies et 2% au CSR. Ceux qui reçoivent les dividendes devront payer une taxe de 25% sur le montant obtenu, ce qui porte la taxe à 42%. Les “corporate tax” à 15% plus un “Levy” d’environ 10%. En sus de 2% sur le CSR, et certaines personnes paieront 25% sur les dividendes. Cela fait 52% d’impôts. À quoi s’ajoutera le prélèvement de 6% au titre de contribution aux CSG, moins ce qu’il contribue au NPF aujourd’hui. Beaucoup seront imposés dans une fourchette de 41% à 55%. Maintenant, une compagnie opérant dans le secteur bancaire et le “Global Business” aura à payer une taxe de 0,3% sur son chiffre d’affaires. Des compagnies paieront jusqu’à 55% de taxes. Est-ce cette image que l’on veut envoyer de Maurice au niveau international ? On l’aurait compris si le gouvernement n’avait pas obtenu Rs 158 milliards de la BoM.
L’économiste français Patrick Artus a soutenu que lorsque le ministre des Finances utilise l’argent de la Banque centrale, ils n’augmentent pas la taxe, ni la dette. Or, le ministre des Finances, qui a obtenu un montant de 37% du PIB de la BoM, a augmenté la taxe jusqu’à 41% et, dans certains cas, 55%. La dette augmente considérablement, soit de 61,6 % pour dépasser 86%. Il aurait très bien pu donner aux personnes au bas de l’échelle sans pénaliser ceux qui créent la richesse, qui investissent et qui entreprennent.
Au niveau du National Pension Fund, le ministre a confondu le torchon et la serviette. Nous avons actuellement une pension non contributive pour la pension de vieillesse, les veuves et les handicapés. Il y a le NPF, qui est une pension contributive, et un National Saving Fund, auquel contribuent les travailleurs. Il y a aussi ce qu’on appelle la “private pension” ou “government pension”. Dans le monde, la tendance est que la pension devienne contributive. Le projet de CSG est flou. Est-ce tous le monde aura à payer ou est-ce que ce ne sera uniquement que le secteur privé ? Est-ce que les étrangers payeront ? Combien d’argent toucheront les bénéficiaires de pensions à partir de juillet 2023 ? En fait, ce que le ministre propose n’est pas une contribution, mais un impôt, parce que les gens n’auront pas un bénéfice lié à leur contribution.
En vérité, le ministre aurait dû maintenir le NPF et intégrer le National Saving Fund. De plus, le plafond de Rs 18 740 aurait dû être augmenté à, disons, Rs 50 000. Finalement, ce fonds aurait dû être géré par des experts pour augmenter son retour sur l’investissement. Et tous les experts ont proposé des solutions pour le BRP. On les connaît par cœur. Il ne l’a pas fait. Augmenter l’âge de la retraite tout en protégeant ceux qui dépendent du BRP, revoir l’éligibilité à cette pension pour certaines personnes et déterminer par avance les augmentations futures pour éviter des dérapages électoralistes. Tout simplement.

Et l’avenir ?
Ce que je regrette, c’est que le ministre avait une chance exceptionnelle avec cette manne de Rs 158 milliards obtenue de la Banque centrale de faire un budget exceptionnel mettant l’accent sur les fondamentaux et qui, en même temps, aurait relancé l’investissement, protégé l’industrie et évité les licenciements. Il a malheureusement choisi autrement sur une base idéologique erronée. S’il ne revoit pas sa copie, on est tous foutu ! La clé est entre les mains du Premier ministre.

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