La MFA au pied du mur

Le ministère de la Jeunesse et des Sports a réagi. Finalement ! Aucune subvention ne sera allouée à la Mauritius Football Association (MFA) – exception faite à la sélection nationale dans le cadre des JIOI – tant qu’elle ne sera pas en conformité avec le Registrar of Associations et, par conséquent, avec le Sports Act 2016. Il était temps, grand temps même, que le gouvernement, par le biais du MJS, mette un terme temporairement à ce gaspillage des fonds publics. Car l’Etat ne pouvait continuer à financer, à coup de millions, une fédération qui, contrairement aux autres, n’était guère intéressée à se plier aux exigences des lois sportives du pays. C’est désormais chose faite et nous nous en réjouissons.

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Il aura cependant fallu que Week-End alerte l’opinion publique sur la question pour que le MJS sorte enfin de sa torpeur ! Comme si les écarts de conduite de la MFA étaient normaux, permissibles. Pire. Au cours de ces trois dernières saisons qu’aura duré la professionnalisation, le MJS a généreusement puisé des fonds provenant des deniers publics pour financer la MFA !

Week-End, fidèle à ses principes, n’a pas raté une seule occasion, au cours de ces dernières années, pour dénoncer le mode opératoire de la « Sobha Team ». Une équipe prête à tout et dont les intérêts personnels des uns et des autres sont prioritaires. Quitte à mettre, au second plan les fondamentaux sur lesquels repose cette discipline, dont le fair-play, entre autres.

Fort heureusement, il y a eu la confirmation du Registrar of Association. Dans une réponse en date du 7 juin dernier, à Samuel Compty, respectivement secrétaire de l’Union Sportive de Beau-Bassin/Rose-Hill et secrétaire du comité régional des villes sœurs, il est précisé que la MFA n’était toujours pas enregistrée et donc pas conforme au Sports Act 2016 ! C’était clair, sur une question de principe, voire d’éthique et d’équité surtout, que le MJS n’avait plus le droit moral de continuer à subventionner la fédération.

Car jusqu’ici, nous avons toujours eu du mal à comprendre comment ce ministère a pu cautionner les largesses d’une fédération qui ne respirent, de surcroît, qu’à coup de millions, alors que de l’autre côté, des décisions discutées et discutables sont légion. Comme mettre sur l’autel du sacrifice le malheureux argent de poche de 20 USD (environ Rs 700) qui était attribué quotidiennement à chaque athlète lors d’un déplacement à l’étranger ! Comprenne qui pourra.

Ainsi, il faut croire que le MJS a finalement décidé de prendre le taureau par les cornes. Pourquoi maintenant et pas avant ? Pourquoi avoir attendu toutes ces années avant de rappeler à l’ordre une fédération récalcitrante et qui n’a jamais montré un quelconque signe à se plier aux lois sportives du pays ? Non seulement est-il question de la non-conformité de la MFA vis-à-vis du Registrar of Associations, mais c’est maintenant la légalité des élections du 8 juin dernier qui est questionné. Ces mêmes élections contestées, précisons-le, depuis des lustres par les clubs de l’opposition.

Désormais, le dossier a pris une ampleur nationale avec cette décision du MJS. La MFA, elle, se retrouve dans une impasse, sachant que le State Law Office a été mis sur le coup pour une interprétation du « Second Schedule, Section 2 (2) (d) (i) et (ii) » par rapport, justement, à l’organisation de ces élections où six comités régionaux n’avaient pas été autorisés à y participer. Et si tout était à refaire ? En cas justement d’un avis contraire du Parquet, la MFA pourrait être contrainte de se plier – enfin – aux lois sportives du pays et forcément refaire ses élections.

Nous n’en sommes cependant pas encore là, mais ceux responsables pour avoir cautionné la MFA sont fortement à blâmer. A commencer par l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Yogida Sawmynaden, qui a laissé perdurer une situation malsaine et injuste par rapport aux autres fédérations. Stephan Toussaint a, lui, réagi certes, mais il a tout de même mis beaucoup de temps à le faire, alors qu’il avait eu une occasion en or pour montrer enfin son autorité.

Et les dirigeants de la MFA dans tout cela ? Au lieu de chercher des solutions aux maux qui gangrènent cette discipline, on est toujours à réfléchir sur les méthodes peu orthodoxes visant à sauvegarder les intérêts des uns et des autres. La preuve: la décision de priver six comités régionaux d’une participation aux élections du 8 juin pour n’avoir supposément pas “complied” aux statuts fédéraux. Sinon, comment expliquer cette démarche de demander, trois mois après, à ces mêmes comités régionaux, d’organiser…leurs élections, alors que le comité directeur de la MFA a déjà été constitué ! Le monde à l’envers… Sauf peut-être pour ces messieurs qui croient tout savoir !

Ainsi, il aura fallu attendre que le MJS tape du poing sur la table pour que, subitement, Samir Sobha change d’attitude et soit disposé à travailler avec le MJS pour trouver une solution ! Une claque magistrale pour celui qui se vantait récemment d’être un rassembleur et qui pensait avoir tous les remèdes aux maux de notre football. Désormais, Samir Sobha devra assumer, et ses membres également, de l’ampleur des dégâts causés. Car il est temps que ces messieurs comprennent, une fois pout toute, que la loi est faite pour être respectée de tous, indistinctement, et que personne n’en est au-dessus.

JEAN MICHEL CHELVAN

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