Le jour d’après

Maurice a remporté haut la main ses Jeux de îles de l’océan Indien en s’offrant … médailles d’or,… d’argent et… de bronze, soit un total de… médailles. Une première dans les annales du sport local et au palmarès des JIOI. Jusqu’ici, seule Madagascar était parvenue à briser l’hégémonie réunionnaise par deux fois, soit en 1990 et 2007, lorsqu’elle avait organisé les Jeux. Désormais, Maurice peut en être très fière et se vanter d’avoir enfin obtenu son étoile, 40 ans après l’organisation des premiers Jeux en 1979 à La Réunion. Ce couronnement, précisons-le, entre dans une logique des Jeux « cinq étoiles », comme le souhaitait le ministre de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint. Il avait même appelé à des performances « cinq étoiles », et les athlètes et entraîneurs ont répondu présent. Sauf que le ministre semble avoir lui-même douté, en décidant de revoir la barre des 100 médailles d’or à la baisse pour parler de 80 médailles d’or.

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Cette grosse performance, précisons-le, n’a laissé personne indifférent, à commencer par les Réunionnais. Surpris, ils ne s’attendaient pas à prendre une telle raclée, se faisant même taquiner en natation, pourtant leur chasse gardée depuis les premiers Jeux de 1979. Une contre-performance qui a grandement aidé le Club Maurice. Peu importe, le plus important, c’est que la République de Maurice a brillé de mille feux, non seulement dans l’océan Indien, mais à travers le monde entier aussi, grâce à internet. Et nous sommes certains qu’ils sont nombreux les Mauriciens vivant à l’étranger à avoir suivi les JIOI avec intérêt et à avoir « liké » les performances. Un moment rassembleur — à Maurice comme à l’étranger — prouvant, avec raison, que le sport est et reste le vecteur par excellence de l’unité nationale.

Sans athlètes toutefois, rien de cela ne se serait réalisé. Bravo donc à ces sportifs mauriciens, médaillés ou pas, sélectionnés ou pas, principaux artisans de cette victoire mauricienne. Mais, qu’on ne se méprenne surtout pas. Sans la détermination, la rigueur et la discipline de ces derniers, Maurice n’aurait certainement pas remporté ses Jeux. Et ce, peu importent les millions ou les milliards qu’on aurait pu investir encore. Bravo aussi aux entraîneurs et à cette petite poignée de fédérations responsables et visionnaires.
Cette piqûre de rappel était, à notre sens, très importante au vu de la façon dont ces 10es JIOI ont été hijacked par certains politiciens en mal de reconnaissance, notamment à l’approche des élections générales. Les Jeux ont été politisés du début à la fin et c’est vraiment déplorable. Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir surfé sur cette vague rouge, bleu, jaune et vert, pour ensuite espérer en tirer un capital politique. Cela au détriment des athlètes eux-mêmes et des anciennes gloires surtout, qui ont sué pour placer l’île Maurice sur la carte continentale, puis mondiale !

Ce qui est bon de savoir maintenant, c’est ce qui se passera au moment où la fièvre des Jeux sera tombée et que chacun retournera à ses occupations. Comment les fédérations sportives, conjointement avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, comptent-elles bâtir sur ce succès et franchir un tout autre palier ? Car, n’ayons pas peur de le dire, la performance mauricienne contraste, dans une large mesure, avec la situation de conflit qui perdure dans certaines fédérations.

Il est donc plus qu’urgent de saisir la balle au bond et d’essayer d’aller encore plus loin, encore plus haut. Le ministre Toussaint a fait des JIOI son cheval de bataille et à long terme, les Jeux olympiques de Paris 2024. Tant mieux. Avant de commencer à rêver toutefois, il gagnerait à régler quelques petits détails pour que l’athlète se sente encore plus valorisé. Continuer ainsi à refuser, à simple titre d’exemple, un malheureux per diem de 20 euros quotidiennement aux athlètes en compétition à l’étranger équivaudrait à se tirer une balle dans le pied. Alors, profitons judicieusement de cet effet fédérateur qu’auront été les 10es Jeux avant de rêver plus grand.

JEAN-MICHEL CHELVAN

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