Les adeptes du koz nirport

Mais qu’est-ce qui pousse les leaders du monde à se comporter comme des chefs de clans, pour ne pas dire des chefs de gangs et à dire n’importe quoi ? A koz nimport. Le plus célèbre d’entre tous, Donald Trump, est en train depuis quatre ans, de se livrer à travers tweets et déclarations télévisées, à une surenchère du koz nimport. Certaines déclarations sont tellement énormes qu’en fin de semaine des chaînes de télévision ont censuré certains de ses propos ou y ont répondu après les avoir diffusées en mettant en doute leur véracité. Un présentateur a même ajouté qu’il avait honte d’avoir à reprendre le président de son pays. Après, certains réseaux sociaux, joujous de prédilection de Donald Trump, avaient déjà censuré certains de ses posts, ou avaient prévenu que leur véracité ne pouvait être établie. Bien avant le début du dépouillement, Donald Trump avait déjà mis en doute leur déroulement et leurs résultats et affirmé qu’il avait des preuves que les élections avaient été truquées, que des bulletins de vote avaient été retrouvés, que les urnes avaient été bourrées de faux bulletins. Il avait retardé le début du comptage dans certains cas, ordonné des recomptages dans d’autres, ou exigé qu’on arrête l’exercice. Ce sont pratiquement les mêmes arguments que ceux utilisés par Navin Ramgoolam aux dernières élections au No 10. De quoi se demander si le président américain en exercice n’a pas sollicité les conseils — d’autres diraient l’expertise — de l’ancien Premier ministre mauricien en matière de fraudes électorales alléguées avant de faire ses déclarations tonitruantes.
On avait l’habitude de mettre ce genre de comportement sur les présidents des républiques bananières qui, élection après élection, se font élire avec des pourcentages farfelues. Ces présidents se comportant comme des monarques, s’accrochant et s’agrippant au pouvoir, semblent bien ternes comparés au vociférant président occupant de la Maison-Blanche. Le cinéma auquel il se livre depuis mercredi fait passer au second plan le président de la Côte d’Ivoire, élu pour un troisième mandat, alors que la Constitution du pays n’en prévoyait que deux et alors que les partis de l’opposition avaient appelé au boycott des urnes en signe de protestation. Le président des États-Unis, censé être la plus puissante démocratie au monde, et par ailleurs, grand professeur de morale, se comporte aujourd’hui de manière pire que ceux à qui il donnait des leçons de démocratie en public. Et dire qu’il y a des armées d’avocats et de membres du Parti républicain qui soutiennent la pitoyable démarche de Donald Trump pour essayer de rester au pouvoir, en dépit du fait que chaque annonce des résultats partiels creuse l’écart entre lui et son challenger. Avec son mauvais show, Donald Trump a mis en exergue le fait que le président de la première puissance mondiale pouvait avoir le même comportement que le dernier petit roitelet de la dernière république bananière faisant tout — et surtout n’importe quoi — pour essayer de rester au pouvoir. Et c’est avec ce show minable que Donald Trump voulait « make America great again ».
Il semblerait que l’épidémie des déclarations nimport ait aussi atteint Pravind Jugnauth. De temps à autre, dans des meetings, et même au Parlement, il ne dédaigne pas d’attaquer ses adversaires pour essayer de marquer des points. Mardi dernier, au Parlement, alors que le leader de l’opposition évoquant l’affaire Angus Road lui demandait de step down en attendant la fin de l’enquête, il a fait un commentaire sur le Directeur des poursuites publiques. Un commentaire que l’on n’attendait pas d’un Premier ministre, par ailleurs avocat. Mais il y a eu pire. Dans le cadre d’une de ses sorties publiques, il a déclaré avoir reçu, lors d’une conversation, des menaces de la part des Américains de couler tout bateau battant pavillon mauricien qui s’approcherait de Diego Garcia. Sans préciser l’identité de son interlocuteur. Vendredi, l’ambassadeur des États-Unis à Maurice faisait publier un communiqué pour mettre les points sur les i. C’est avec lui qu’a eu lieu la conversation privée que Pravind Jugnauth a rendue publique. Mais, souligne l’ambassadeur: «All I can say is what the Prime Minister said was a mischaracterization of what was said. We never threatened him or did we ever threaten to sink any boat.» Voilà ou mène le besoin de koz nimport pour se faire applaudir par ses partisans, pour leur montrer qui est le Commander en Chief. A se faire démentir publiquement.

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