Opération « kamikaze »

Étonnamment donc, trois athlètes de haut niveau ont décidé de s’ingérer dans la polémique autour de la présidence du Comité olympique mauricien (COM) et dont un groupe de réflexion réclame actuellement le départ de Philippe Hao Thyn Voon. Une démarche qui ne plaît visiblement pas à l’haltérophile Roilya Ranaivosoa, au boxeur Merven Clair et à la pongiste Caroline Ramasawmy. D’où la tenue d’un point de presse, jeudi,
pour défendre Philippe Hao Thyn Voon.

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Étrangement, cette démarche intervient cinq jours seulement après le vote de confiance demandé par la représentante de la fédération d’escrime, Aarti Gulrajani-Descann, en faveur du président du COM ! Avouez que cela fait quand même un peu trop en si peu de temps ! De mémoire d’ailleurs, jamais n’a-t-on vu des athlètes venir prendre fait et cause pour un dirigeant, qui plus est critiqué, tout en faisant son apologie. Ce « move » n’est-il pas questionnable ? Ne dépasse-t-il pas le cadre purement sportif ?

Bizarrement aussi, on retrouve Roilya Ranaivosoa et Merven Clair dans une polémique avec comme toile de fond Philippe Hao Thyn Voon, une fois encore ! Déjà en septembre 2016, ils avaient convoqué la presse, aux côtés d’Aurélie Alcindor, pour critiquer le…COM, présidé par qui vous savez, suivant la participation mauricienne aux Jeux olympiques de Rio au
Brésil ! C’est à l’ombre d’un arbre du centre social Marie Reine de La Paix à Port-Louis, qu’ils s’étaient expliqués…

Quatre ans plus tard, Roilya Ranaivosoa et Merven Clair convoquent, à nouveau, la presse, mais pour défendre…Philippe Hao Thyn Voon contre le groupe de réflexion qui réclame un assainissement du sport. Cette fois, c’est à Le St Georges Hotel que rendez-vous est pris ! Un emplacement certainement pas à l’ombre d’un arbre cette fois !

Aussi, Roilya Ranaivosoa expliquait, un peu plus tôt, comment elle s’est retrouvée en difficulté récemment et « bizin dir ki se gras a komite olinpik ki mo pe kapav inn pey tou seki mo nesesite pandan trwa mwa ki high level ti sispandi. »

La question qu’il faut désormais se poser est le pourquoi de la démarche ? Roilya Ranaivosoa a été très claire là-dessus. Elle pointe du doigt l’action du groupe de réflexion que ses « amis » et elle ne trouvent pas crédible, notamment à la veille des élections du COM. Elle précise aussi que c’est de son plein gré qu’elle est montée au créneau.

Sauf qu’il faudra qu’on nous explique tout de même pourquoi ce monsieur du COM a pris le soin d’appeler certaines salles de rédaction, mercredi, pour évoquer la conférence de presse du lendemain, alors que la convocation n’était même pas encore lancée !

Ces trois athlètes ont donc subitement eu envie de défendre la cause des athlètes. Sauf qu’en 30 minutes, Roilya Ranaivosoa et ses acolytes n’ont pas été en mesure d’évoquer au moins un problème auquel font actuellement face les sportifs !   

Ainsi, on aurait bien aimé savoir, madame Ranaivosoa, où étiez-vous, lorsque les droits des athlètes ont été récemment bafoués par une décision bancale du COM et approuvée, de surcroît, par Philippe Hao Thyn Voon ? Heureusement, pour l’athlète que vous êtes, le Comité international olympique a rétabli vos droits en exigeant une élection menant à la constitution de la Commission des athlètes au COM, contrairement à ce qui avait été décidé.

Pourquoi n’avez-vous pas élevé la voix lorsque le ministère des Sports, à travers le New Athlete Assistance Scheme, a décidé de supprimer la catégorie régionale représentant un taux de…74% d’athlètes bénéficiaires d’une bourse de haut niveau ? N’était-il pas important pour vous de défendre une cause aussi juste que celle-là ? Ou encore, celle du handisportif souffrant d’une déficience visuelle, Rosario Marianne qui, au cours de ces deux dernières années, a dû remuer ciel et terre pour avoir une licence de sa fédération ?

Libre à vous donc de questionner le choix de Jessika Rosun de monter au créneau deux ans après l’affaire d’attouchement sexuel allégué dont elle dit avoir été victime en Australie par l’ex-secrétaire du COM, Kaysee Teeroovengadum ? En tant que femme, avez-vous eu au moins le courage, au cours de ces deux dernières années, de dénoncer la façon dont Philippe Hao Thyn Voon a traité cette affaire ?

Ce qui est sûr, c’est l’inélégance dont ont fait preuve Roilya Ranaivosoa et Caroline Ramasawmy envers des membres du groupe de réflexion, car cela ne se rapporte pas à leur fédération respective. Des critiques à l’encontre de personnes — même si leur nom n’est pas cité —  qui ont un « track record » contrairement à d’autres. Aussi, venir dire que c’est grâce au COM qu’il se retrouve à ce niveau est réducteur de la part de Merven Clair. Cela, en omettant de mentionner ses entraîneurs, sa fédération et le ministère des Sports.

Soyons donc réalistes et disons les choses telles qu’elles sont. La démarche de défendre bec et ongles Philippe Hao Thyn Voon n’était pas anodine. Désormais, il faudra assumer après cette opération « kamikaze ». Cela en valait-il vraiment la chandelle ?
À vous de nous le dire.

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