Point de vue — Pourquoi pas un procès au criminel ? 

Si on a bien suivi l’affaire controversée de l’achat d’un terrain à Angus Road, Vacoas, par le Premier ministre et son épouse, le couple a choisi de répliquer à ses détracteurs (le leader de l’Opposition, et un quotidien du matin) à travers des procès en diffamation à coups de millions de roupies, soit au civil plutôt qu’au criminel. Le couple premier ministériel est effectivement passé à la contre-attaque en faisant servir des mises en demeure aux derniers nommés, lundi dernier.

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Toutefois, la façon de procéder de Pravind Jugnauth et son épouse intrigue plus d’un citoyen, en plus de faire beaucoup jaser dans le milieu du barreau.

Certes, fait-on remarquer, toute personne qui se sent lésée par une accusation qu’elle estime injuste et préjudiciable à son endroit a parfaitement le droit de recourir à l’instance de redressement judiciaire qu’elle juge la plus appropriée. Mais pour certains observateurs avisés, dont des avocats, la faute que le couple Jugnauth impute à ses détracteurs, particulièrement au Leader de l’Opposition, étant celle d’avoir fait “usage de faux” (soit d’une photocopie d’un chèque que la couple est censé avoir émis en faveur de Bel Air Sugar Estate), c’est, dans l’ordre des choses, directement entre les mains de lapolice que l’affaire aurait dû être confiée en vue d’éventuelles poursuites au criminel.

L’accusation de Pravind Jugnauth et de son épouse contre Arvin Boolell et les autres est si grave que beaucoup s’étonnent que le PM lui-même semblerait à ce point ne pas faire confiance dans une enquête de la police de son pays. Le Code Pénal mauricien prévoit, pourtant, que le faux et l’usage de faux – deux délits distincts mais qui s’accouplent généralement pour, en conséquence, alourdir la charge – sont passibles de lourdes amendes et d’emprisonnement. À moins que les Jugnauth ne soient magnanimes envers leurs adversaires qui, eux pourtant, ne veulent que leur mort politique.

Mais il n’y a pas que le choix judiciaire des Jugnauth qui pose question. Il y a le silence assourdissant de Bel Air Sugar Estate (BASE). Dans le public, on attend avec grande impatience que cet établissement sucrier qui est impliqué depuis des mois donne, enfin, sa version des faits par rapport aux explications fournies par le PM. Ce dernier a voulu démontrer que des photocopies de reçus brandies par Arvind Boolell ne sont pas fiables. Pourquoi BASE ne vient-elle pas de l’avant pour confirmer ou infirmer quoi que ce soit?

L’établissement a-t-il porté plainte à la police? Si c’est non, pourquoi? Il faut également relever que Roshi Bhadain, le leader du Reform Party – celui qui, en premier, a évoqué l’affaire Angus Road – est venu apporter un élément substantiel dans la controverse en réponse immédiate à la contre-attaque de Pravind Jugnauth. Lors d’une conférence de presse, Bhadain a clairement cité le nom d’un comptable de Bel Air Sugar Estate dont la signature se trouve sur un document qui se voudrait compromettant pour le couple Jugnauth. Pourquoi, à l’heure qu’il est, ce haut cadre de BASE n’a-t-il pas encore été à la police pour confirmer ou infirmer quoi que ce soit ?

Toutes ces questions ont, pourtant, de la pertinence et sont des plus simples.

H.M.    

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