Quel casting!

Non, il ne s’agit pas ici du casting de « Resort to love », film tourné à Maurice qui semble être une oeuvre aussi impressionnante que le bide que fut « Serenity » dont le tournage avait été lancé par Pravind Jugnauth à l’hôtel Maradiva, ni celui d’un « Resort bubble » d’un « relatively Covid full country » mais des protagonistes de l’affaire Britam.

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Si le Premier ministre ne nous a pas gratifiés d’une déclaration parlementaire sur les conclusions des enquêtes sur Angus Road, sur Bet365 ou sur celles initiées sur les affaires Sumputh et Choomka, il s’est, mardi dernier, fendu d’une longue tirade sur les conclusions de la commission d’enquête initiée sur la vente de Britam Kenya. Une démarche somme toute politicienne.

La commission a désigné ses « coupables » et les enquêtes à suivre autant que les démarches de justice pour contester ses conclusions pourront peut être permettre à la population de se faire une opinion.

Puisqu’il est question de casting, ici, il n’est pas interdit de situer un peu ceux qui ont conclu à l’incrimination de Roshi Bhadain, de Yacoob Ramtoola et de la firme BDO.

Bushan Domah n’est peut-être pas Somduth Dulthumun, ni Rakesh Gooljaury, mais il partage quand même avec eux cette particularité d’avoir les faveurs tant des gouvernements dirigés par le PTr que le MSM.

Sous Navin Ramgoolam, alors qu’il était Puisne Judge et que cela impliquait des responsabilités considérables, il avait été quand même nommé au conseil d’administration de la Tertiary Education Commission, organisme qui s’était souvent retrouvé dans la tourmente.

Sa réclamation d’extension de contrat à la Cour d’appel des Seychelles en 2012 ayant été rejetée suite à des objections quant à l’inconstitutionnalité de la situation, le juge Domah put présider quelques procès retentissants ici comme celui de Nandanee Soornack à qui il accorda un fameux samedi 5 janvier 2013 un gagging order contre Le Mauricien et l’Express.

L’ordre, intérimaire, visait à empêcher les titres des deux groupes de presse de faire état des dépositions du 3 janvier 2013 de Pravind Jugnauh représenté alors par un certain Roshi Bhadain, sur les frasques de la femmes d’affaires au fabuleux destin. Ce jugement avait été ensuite renversé par le Juge Eddy Balancy.

Toujours est-il qu’après un prolongement de contrat, il dut, arrivé bien au-delà de l’âge de la retraite, se retirer. Il fut vite nommé à la présidence du Financial Reporting Council et au Integrity Reporting Services Board.

Au plus fort de la controverse sur la création d’une Prosecution pour contester les décisions du DPP, c’est le nom de Bushan Domah qui était cité comme devant prendre la présidence de cette commission.

Mais le PMSD ayant décidé de quitter le gouvernement sur cette Prosecution Commission, les trois quarts n’étant plus réunis pour introduire ce projet dangereux, il fut abandonné. Mais qu’à cela ne tienne, il semble que la commission d’enquête sur Britam se soit un peu transformée en Prosecution Commission. Certains ne perdent jamais au change.

Quant aux assesseurs de Monsieur Domah, l’un au moins, Staar Hajee Abdoola est connu pour avoir été un administrateur de la BAI et réclamé Rs 26 millions pour 18 jours de travail et pour avoir été un émissaire du MSM auprès de Dawood Rawat à Paris en vue d’arriver à un deal.

Il a tellement bien travaillé qu’il a été nommé président de la State Bank et administrateur d’Air Mauritius. La question d’une potentielle situation de conflit d’intérêt pour quelqu’un qui a eu accès au dossier de la BAI et qui a enquêté ensuite sur sa filiale kenyane reste, en tout cas, posée. Comme demeure aussi le degré d’indépendance de cette commission d’enquête.

Il a aussi été question de l’Insurance Act décidée par le Conseil des ministres le 24 avril 2015 et au sujet duquel dans ces même colonnes nous écrivions le 26 avril 2015  que « c’est toujours dangereux de venir avec des textes radicaux pour régler un problème ponctuel, fût-il complexe, et on espère qu’il n’aura pas d’effet rétroactif, une telle démarche du législateur ayant déjà fait l’objet de très vives réserves de la part de la Cour suprême ». Le texte piloté par le ministre des Services Financiers Roshi Bhadain fut voté en urgence le 28 avril 2015.

On ne sait pas si la commission a été consulter les archives et vérifier comment se sont déroulés les débats sur ce texte, mais elle aurait peut être été étonnée de voir avec quel enthousiasme les Vishnu Lutchmeenaradoo, qui a secondé la présentation de ce Insurance Bill, Ravi Yerrigadoo, Maneesh Gobin et Ivan Collendavelloo avaient défendu ce texte.

Plus étonnante, mais peut être pas autant qu’elle n’y paraît, la posture d’Alan Ganoo sur ce Insurance Bill. Non seulement il a voté avec enthousiasme pour le projet de loi, mais c’est bien lui, dans les bancs de l’opposition, qui a suggéré au gouvernement de le faire voter de manière qualifiée en troisième lecture afin qu’il ne puisse être contesté en Cour suprême, bien qu’il comporte un aspect rétroactif et qu’il touche au droit à la propriété.

Au décompte demandé par Roshi Bhadain en troisième lecture, le texte avait recueilli 52 votes, ceux d’Alan Ganoo et de Kavi Ramano, autre opposant alors, s’ajoutant à ceux de la majorité Lepep, 7 abstentions, celles du MMM et du PTr et dix absents.

Cette attitude singulière pour l’opposant Alan Ganoo avait été chaudement saluée par Roshi Bhadain lui-même, mais aussi par Ivan Collendavelloo et Vishnu Lutchmeenaraidoo. Les contorsions, on le constate, ne sont pas circonstancielles, elles sont récurrentes.

En terme de casting sur cette saga de la BAI saga et de Britam, il y a aussi le rôle joué par Kavi Ramano. Il est le notaire qui a paraphé l’acte de vente de Britam et il est aussi celui qui avait demandé à déposer à huis clos, alors que toues les auditions de la commission Domah étaient publiques.

Maintenant que la commission a décrété la transaction entachée de zones d’ombre, qu’en est-il du notaire impliqué? Comment a-t-il d’ailleurs été choisi? Ce serait intéressant que les diverses enquêtes nous éclairent là dessus aussi. On dirait que le feuilleton ne fait que commencer.

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