
Direction Bois des Amourettes, petit village de la côte sud-est niché entre la montagne du Lion et la baie de Grand-Port. Un lieu particulier de par sa beauté et dont le nom un peu coquin ne manque jamais d’éveiller la curiosité de ses visiteurs.

• PHOTOS BOUCK PILLAY
S’il y a bien de l’amour dans l’air c’est surtout parce que les habitants de Bois des Amourettes, toutes communautés confondues, vivent « comme une seule et même famille » indique Ramdath Ramdonee, propriétaire et gérant d’Adipa Ltd, l’unique libre-service et quincaillerie du coin. Selon les dires, le village a été baptisé ainsi à l’époque des Français car les endroits boisés, dont regorge le village aujourd’hui encore, étaient le repaire d’amoureux. Mais en réalité, il s’avère que les Amourettes font référence au nom d’une variété d’arbre qui s’y trouvait jadis en nombre.

Pour vivre à Bois des Amourettes, il faut impérativement être « amoureux » de tranquillité, de la nature et de la mer. Ici, à part la mer, il n’y a pas grand-chose. Pas de resto, de pharmacie, ni de magasin, à part un Village Hall et un terrain de foot. Pourtant, David Bonnefemme, 22 ans, a fait le choix de retourner à ses racines après avoir passé une partie de son enfance et adolescence à Beau-Bassin. “Pena lot plas kot kapav gayn sa kalite lavi la dan Moris. Chaque jour, je prends un moment pour venir ici sur la jetée pour me ressourcer. J’écoute de la musique ou simplement le son des vagues.” En tant que jeune, il aurait certes souhaité un peu plus d’activités dans son village mais à Bois des Amourettes “c’est vraiment rare d’entendre les gens dirent qu’ils s’ennuient. Disons que nous avons appris à nous contenter du peu et d’apprécier ce que notre paysage nous offre.”

Une jetée datant de 1940
Un des lieux incontournables du village reste, sa jetée d’environ 190 mètres de long en pierres et béton construite dans les années 1940. Les habitants aussi bien les visiteurs l’empruntent chaque jour pour leur promenade, parties de pêches, jogging ou encore simplement pour admirer cette vue imprenable sur les îles qui se trouvent dans le lagon : L’île aux Aigrettes, l’île au Phare, de la Passe, Vacoas et Marianne.

Sur un des bancs devant le rivage rocheux, Rosemonde Nobin scrute justement cette mer qu’elle n’a pu prendre depuis une semaine à cause du mauvais temps. Quarante-trois ans depuis qu’elle s’est mariée et installée à Bois des Amourettes. Quand elle n’est pas dans sa pirogue, la sexagénaire aime respirer l’air marin. Cette mer, à l’intérieure comme à l’extérieur du lagon, où elle exerce le métier de pêcheur à la ligne l’a permise “fer lavenir mo de zanfan ek avanse tigit tigit. Aux yeux des autres, peut-être que cette vie pourrait paraitre misérable. Nous pouvons être dépourvus de beaucoup de choses, mais je peux dire que nous sommes très riches en sentiments ici. On s’entend bien avec tout le monde. Pena oken problem. Pena dimoun ki konkin. Nous avons vraiment la chance de vivre encore en sécurité”.

Côté terre, les habitations sont construites sur le flan de la montagne Lion. Parmi celle de Renaud Isabelle, qui après deux heures consacrées à son passe-temps favori, la pêche, s’apprête à rentrer avec son « ti kari » du soir. Cet ancien laboureur et jardinier indique “du côté de Vieux Grand-Port, c’est la tête du lion et de ce coté, c’est la queue. Avant, nous vivions presque tous en haut de la queue. Chaque famille élevait des animaux et nous étions obligés d’emprunter environ 400 marches pour monter ou descendre.” Depuis 2013, une route a été construite et a mis partiellement fin à leur calvaire. C’était une des missions entreprises par Charles Morphoise, président des Forces Vives de Bois des Amourettes. Pour ce dernier : “On y vit bien ici. Même si aucun des habitants ne souhaite perdre ce cachet de petit village côtier, il y de petites choses à faire pour améliorer notre quotidien comme résoudre le problème de transport public.”

