8ES JIOI RÉUNION: Traditions et ambitions

Sous le joug français depuis le XVIIe siècle, notre voisine prend définitivement son nom d’île de La Réunion en 1848, avant de devenir un département d’outre-mer français en 1946, bénéficiant de ce fait d’un développement rapide auquel participe son statut plus récent de région ultra-périphérique de l’Union européenne.
“Beaucoup de personnes rêvent de cette île, et arrivent avec leurs sacs à dos pour s’y installer”, raconte Pascale Mootoosamy-Tixier, Réunionnaise. Tous ne s’adaptent pas pour autant : “Malheureusement, 50% d’entre eux repartent au bout de quelques mois sans avoir pu réellement s’y établir.” Une des causes principales demeure le coût de la vie. “La vie chère est un des lots quotidiens de chaque Réunionnais, parce que quelques grandes familles réunionnaises détiennent toujours les rênes de l’économie de l’île et y pratiquent leur loi tarifaire.”
Les nouveaux arrivés ne sont pas les seuls à éprouver des difficultés. “Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en France pour leurs études ou pour trouver du travail. Tandis que le pouvoir d’achat est détenu par les fonctionnaires, soit locaux soit en mission sur l’île pendant trois à cinq ans, le Réunionnais de base doit survivre.”
L’autre point noir est le transport. “La Réunion souffre d’un réseau de transports en commun pas du tout adapté à sa géographie. Pour pallier cette difficulté, les habitants investissent le plus vite possible dans l’achat d’un véhicule à crédit. Résultat : des embouteillages terribles, avec un indice de 2,5 véhicules par foyer.”
Batay coq
Mais tout n’est pas négatif. “La vie à La Réunion est douce et tranquille pour toute personne qui a un travail, une maison et une voiture !” En plus de renfermer des paysages incomparables, avec des possibilités de randonnées exceptionnelles, l’île a conservé toute son authenticité. “Certaines traditions sont encore très présentes.”
Si vous visitez l’île entre octobre et mars, vous pourrez découvrir la pêche aux “bichiques”. “Ces petits alevins de la forme d’une anguille naissent en mer, et pondent leurs oeufs à l’embouchure des rivières. C’est là que les pêcheurs les guettent et les capturent avant qu’ils n’aient eu le temps de pondre. Ils sont vendus sur des étals aux quatre coins de l’île à prix d’or. Il n’est pas rare de voir les marchands vendre leur production à des carrefours stratégiques en plein milieu des routes ou proche des ronds-points routiers.”
Une autre tradition ancestrale à ne pas rater est le fameux combat de coqs (batay coq). “Le combat est gagné par le coq qui parviendra à mettre la crête de son adversaire à terre. Le match peut durer deux heures. Les spectateurs font d’importants paris, en principe interdits par la loi. Certains ont dilapidé la fortune familiale… Ce sont les derniers gladiateurs, les rois des week-ends créoles, quand la “bataille coq” fait rage sous la tôle, du côté de Saint-André et Saint-Pierre.”
Diversité culturelle
N’oublions pas aussi de nommer la chasse aux larves de guêpes, qui a lieu chaque année en mars et avril. Des centaines de chasseurs courent après les nids de guêpes. “Ils grimpent aux arbres, observent les lieux, et sortent leur arsenal de braconnier. Ils enroulent un chiffon autour d’une canne desséchée, et y mettent le feu. La fumée dégagée écarte momentanément les guêpes de leur nid, ce qui permet aux chasseurs de s’emparer des larves. Cette activité rapporte pas mal aux chasseurs, mais elle n’est pas sans danger !”
De par la diversité des origines des habitants de la Réunion, toutes les religions se côtoient et sont librement pratiquées. “Tous les chrétiens, musulmans, juifs, hindous, bouddhistes se serrent la main, échangent, rient… Une leçon d’universalité ! C’est merveilleux de voir dans une même ville les clochers d’une église, le minaret de la mosquée, le temple chinois et le temple malbar, rivalisant tous dans leur beauté, tantôt par leur sculpture chargée et ostentatoire, tantôt par leur sobriété et leur discrétion. Le chant du muezzin répond souvent aux cloches des églises !”

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