Étonnamment, les trois concernés sont connus pour leur franc-parler, surtout lorsqu’il s’agit de s’élever contre toute forme d’injustice
Le premier nommé est visé dans une sombre affaire qui date de début 2018, tandis que le nageur s’est vu récemment infliger une suspension arbitraire de trois ans
Se retrouverait-on devant un cas ressemblant étrangement à ce qui pourrait être qualifié de “hit list” et visant, qui plus est, à écarter de la perception positive tous ceux qui ont tendance à se faire entendre pour dénoncer les injustices et autres maldonnes ? C’est la question que l’on se pose après la décision du Comité olympique mauricien (COM) de déposer plainte contre Vivian Gungaram, secrétaire de l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) en septembre de l’année dernière.
Une année après, c’est au tour du nageur Bradley Vincent de faire les frais d’une suspension arbitraire et unilatérale de trois ans. Est-ce au tour de l’ancien boxeur et unique médaillé olympique mauricien (bronze) de passer à la trappe ?
La sanction infligée par le COM à Bradley Vincent interpelle à plus d’un titre. D’ailleurs, le traitement différent qui lui a été accordé, contrairement aux trois autres nageurs, dans le même cas de l’absence déplorée à la cérémonie de lever du drapeau du 27 juillet dernier, à Birmingham, en atteste.
Au même titre que les allégations d’insultes proférées contre la représentante du COM et de la Fédération mauricienne de natation, Aline Li Chuen Cheong. A-t-on au moins pris la peine d’écouter tous les témoins présents à l’heure de ce qui aurait été considéré par le COM comme un incident grave au point de coller trois ans de suspension à un sportif de haut niveau ?
Arrêté et traduit en Cour
Même si les dessous de cette affaire reste à être éclaircis, il est un fait que, pour ceux qui le connaissent très bien, Bradley Vincent s’est souvent dressé, dans le passé, contre toute forme d’injustice au sein de la natation mauricienne. Un trait de caractère qui n’est pas sans rappeler celui de Vivian Gungaram. Celui-là même qui, depuis le 3 septembre 2020, s’est engagé à contester, à juste raison, la posture du COM suite à certains amendements apportés à ses statuts et allant à l’encontre de la Charte olympique. Même que le Comité international olympique (CIO) avait rappelé le COM à l’ordre forçant à des changements !
Une année plus tard toutefois, une action légale a été prise contre Vivian Gungaram par le COM.
Cela, dans le cadre d’une affaire qui remonte à début 2018 ! Nombreux sont-ils d’ailleurs qui se posent toujours cette question : pourquoi cette année, mais pas avant ? Finalement, Vivian Gungaram a été arrêté en septembre 2021 et traduit en Cour sous une charge provisoire de « Swindling » allégué d’un montant Rs 30 344 avant d’être relâché sous caution. Somme qui, selon le COM, n’a pas été retournée après le non-déplacement de la lanceuse Jessika Rosun à une compétition en Afrique du Sud. Sauf que Vivian Gungaram avait, entre autres, indiqué aux enquêteurs que ce billet acquis à tarif promotionnel n’était pas remboursable. Cette affaire suit son cours.
Après Vivian Gungaram et Bradley Vincent, est-ce à dire que Bruno Julie pourrait être le prochain à passer à la trappe ? La question mérite désormais d’être posée ! La raison : l’ancien boxeur s’est fait entendre, l’année dernière, après avoir rencontré toutes les peines du monde pour être en mesure de faire acte de candidature aux élections de la Commission des athlètes du COM ! Connu pour ne pas avoir la langue dans la poche, il n’avait pas hésité à se défendre et prouver qu’il méritait amplement sa place dans ce comité.
Malgré cela, le COM avait essayé d’opposer une résistance à cette candidature. Il avait même été évoqué, à un moment donné, que Bruno Julie serait rémunéré par le ministère des Sports et n’y était, de ce fait, pas éligible. Sauf que le CIO était intervenu et Bruno Julie a finalement pu participer aux élections de février 2021. Il avait toutefois été coiffé au poste de président de cette commission par la judokate Christiane Legentil, laquelle a récemment soumis sa démission en tant que présidente sans même avoir tenu la moindre réunion en 20 mois, précisait Bruno Julie !
Commission des athlètes
Ce qui est aussi très important de préciser, c’est que Bruno Julie a déploré et dénoncé à maintes reprises la façon de faire du COM dans cette affaire. Il s’est récemment exprimé — avec raison d’ailleurs — à la suite de la démission de Christiane Legentil comme présidente contestant surtout la posture de cette dernière au moment d’élire le titulaire à ce poste. Il n’avait pas tort en insistant sur le fait qu’une athlète encore en activité ne pouvait assumer de telles responsabilités.
Bruno Julie paiera-t-il le prix fort pour les vérités dites jusqu’ici ? Difficile de le dire à ce stade. Même si ceux qui sont dans le secret des Dieux avancent que l’ancien boxeur ne serait pas à l’abri d’un retournement de manivelle ? Quite quand même à demeurer à ce jour le seul médaillé olympique mauricien ?
Levée de la sanction de Bradley Vincent : Une demande officielle envoyée au COM
Le nageur Bradley Vincent a, lors de la semaine écoulée et d’un commun accord avec son homme de loi, fait une demande officielle au COM pour que sa sanction de trois ans soit levée. Cela, en s’appuyant sur plusieurs points importants.
À noter que le président du COM, Philippe Hao Thyn Voon, avait, dans une récente déclaration de presse, précisé: « On pourrait revoir cette sanction…» Il était même dit qu’une rencontre allait s’y tenir, mais qui n’aurait finalement pas eu lieu lors de la semaine écoulée.