Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Deven Nagalingum, mérite, jusqu’à preuve du contraire, le respect de ses concitoyens après son élection de novembre dernier. Il a d’ailleurs fait preuve, en à peine huit mois, d’une certaine volonté à faire avancer le sport. Non seulement s’est-il engagé sur un terrain glissant, mais il a aussi pris un engagement dans le combat contre la drogue comme en témoigne sa présence régulière sur le terrain. Et ça, ce n’est pas rien, même s’il faut reconnaître qu’il a encore beaucoup de progrès à faire.
Malheureusement, en dépit de ces efforts, certains peinent toujours à comprendre le sens du respect au point de continuer à faire preuve d’une insolence démesurée ! C’est le cas de la Fédération mauricienne de judo (FMJ) qui a décidé, unilatéralement, le 11 juillet, de tenir ses élections au dojo de Grande-Rivière-Nord-Ouest !
Certes, cette fédération s’est remise en conformité avec la Sports Act 2016. Sauf que, dans le fond, la démarche se trouve être hautement déplorable en tenant compte d’une raison bien spécifique: celle de la mise à l’écart de 18 clubs depuis les élections de janvier 2019 ! Ces mêmes élections qui avaient conduit Josian Valère à la présidence au point de ne plus la quitter — il a été élu pour un 3e mandat de suite vendredi dernier !
Et pourtant, un “Forensic Report” avait clairement précisé, dans l’une de ses recommandations: “The new Managing Committee should be composed of new people that have not been involved previously with the old Managing Committee.” Josian Valère n’était-il pas un membre de l’ancien comité directeur de la FMJ, voire même l’ancien président ?
Est-ce à comprendre que le Caretaker Committee, le Comité olympique mauricien (COM) et le ministère des Sports, à l’époque géré par Stephan Toussaint, n’avaient pas vu une recommandation aussi importante ? Alors que Joseph Mounawah, pointé du doigt dans ce rapport, n’avait, lui, pas été candidat, délibérément ou pas? Comprenne qui pourra…
Ne faut-il pas aussi oublier que le 25 novembre 2021, Stephan Toussaint avait convoqué les membres de la FMJ et ceux de Cassis Fraternel pour une rencontre concernant les affiliations. Étonnamment, les membres de la fédération n’étaient tous pas disponibles et malheureusement, ni Stephan Toussaint ni ses haut cadres n’avaient estimé nécessaire, dans l’intérêt de la discipline, de convoquer une nouvelle réunion !
Pire, contrairement à novembre 2022, la FMJ a cette fois choisi la voie du silence compte tenu que les élections de vendredi dernier se sont tenues dans la pure discrétion, voire dans un silence de mort ! Le ministre Deven Nagalingum était-il au courant de la démarche ? Lui qui, précisons-le, avait pourtant jugé important que les problèmes soient réglés dans la diplomatie, y compris en judo. Que pense-t-il désormais de la décision de la FMJ de faire cavalier seul ?
Trois rencontres ont même été convoquées cette année dans le but de trouver une solution. Sauf que, visiblement, la FMJ avait, elle, d’autres projets en tête en tenant compte de la tenue de ses élections ! Preuve, si besoin est, qu’elle n’était à aucun moment disposée à trouver un terrain d’entente pour des raisons évidentes. Au cas contraire, Josian Valère peut-il nous expliquer ses absences à ces déplacements à Port-Louis, contrairement à ses voyages à l’étranger ?
Faut-il aussi désormais savoir où étaient ceux censés conseiller le ministre sur ce dossier relevant d’un cas flagrant de discrimination. Sait-on au moins qu’au cours de ces dernières années, plus de 300 jeunes ont été exclus des compétitions locales et internationales tout en étant privés des facilités pourtant offertes par l’État ? Une situation qui a forcément découragé un certain nombre au point de prendre leur distance de la discipline.
Que pense justement Deven Nagalingum de cette situation antisportive occasionnée par une fédération pourtant soutenue des caisses publiques ? N’est-ce pas une situation déplorable qui expose dangereusement nos jeunes vers les sentiers de la perdition ? Alors que pourtant, le rôle des fédérations est d’encourager les jeunes à pratiquer une activité saine !
Une chose est sûre : la reconnaissance de ces 18 clubs aurait forcément changé l’issue de ces élections. C’est d’ailleurs pour cette raison que leurs demandes d’affiliation est demeurée en suspens pendant tout ce temps ! Le ministre compte-t-il désormais faire respecter la démocratie faute d’une raison concrète de la FMJ de les priver d’une reconnaissance ? Ou compte-t-il faire la sourde oreille tout en étant conscient d’avoir cautionné l’une des plus grosses injustices de l’histoire du sport mauricien !
Jean-Michel Chelvan