Valentin Vacherot : « Battre Djoko est un honneur, mais la victoire face à Rune est spéciale »

Week-End a eu l’honneur et le privilège de rencontrer, à Petit Camp le mercredi 12 novembre, un phénomène du tennis mondial, Valentin Vacherot. Le Monégasque de 26 ans avait créé la sensation en remportant le Masters 1000 de Shanghai à la surprise générale, alors qu’il était classé 204e mondial. Grâce à ce succès, il a fait un bond énorme au classement ATP pour se hisser à la 30e place (aujourd’hui 31e).  Ce grand gaillard (1m93) au physique athlétique, très accessible et rempli d’humilité, en a profité pour échanger quelques balles avec les jeunes talents mauriciens sous le regard fier des parents qui ont aussi effectué le déplacement. N’hésitant pas à mouiller le maillot, il s’est prêté au jeu des questions/réponses avec facilité et sincérité, revenant sur son parcours de champion en Chine, son amour pour Monaco, les États-Unis qui lui ont fait grandir en tant que sportif, et le fait d’aborder match après match, sans trop se poser de questions, mais avec l’envie de donner le maximum. Ce fan inconditionnel de Roger Federer était accompagné de sa mère Nadine, qui pour la petite anecdote, était présente à Maurice, il y a une vingtaine d’années ou la FMT organisait le Tournoi des Jeunes Dodos. Elle avait accompagné l’équipe de Côte d’Azur, avec son fils Valentin, qui était alors âgé de 3 ans.

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I Comment se passe votre séjour à Maurice ?

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— Ce sont les vacances ! Je suis ici pour recharger les batteries et pour profiter au maximum. Tout se passe très bien pour moi.

 

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I Vous en pensez quoi des infrastructures à Petit Camp vous qui êtes un joueur de haut niveau ? 

— C’est très sympa de venir ici à Petit Camp. C’est important pour moi de me déplacer dans ces petits pays, ces petites îles. Cela fait aussi plaisir de voir que la fédération mauricienne fait tout son possible pour mettre les licenciés dans les meilleures conditions. Maurice est sur la bonne voie.

 

I À Shanghai, vous avez signé le plus grand exploit de l’histoire des Masters 1000, en vous imposant après être parti des qualifications, avec l’étiquette de 204e joueur mondial. Pensiez-vous pouvoir, à la base, aller aussi loin ?

— C’est inimaginable, voire irréel, même quand j’y repense aujourd’hui. D’ailleurs, pour la petite anecdote, c’est la première fois de ma vie que je passe les qualifications d’un Masters 1000. Mon objectif était alors atteint. Pour le reste, ce n’était que du bonus. J’ai pris match par match, en donnant le maximum de mes capacités. Finalement, j’y suis allé jusqu’au bout. C’est une sensation indescriptible !

 

I On dit souvent qu’il y a des athlètes qui sont nés sous une bonne étoile et qui ont la baraka à une période charnière de leur carrière. Pensez-vous être de cela ?

— Au fait, tout n’a pas été parfait à Shanghai ! Six fois sur neuf, j’ai perdu le premier set. J’ai dû me battre comme un forcené pour gagner ces matchs. Quand vous me dites, avoir la baraka, ce n’est pas comme si je m’étais imposé à chaque fois en deux sets. Alors, oui, peut-être que tout était aligné pour gagner le tournoi, mais je ne roulais pas sur tous les joueurs. C’était davantage de grosses bagarres.

 

I Vous avez pratiqué un tennis de très haut niveau au cours de cette compétition. Racontez-nous…

— Ce qui m’a surtout surpris, c’est le fait d’arriver à maintenir ce niveau durant neuf matchs face aux meilleurs joueurs de la planète.

 

I Vous avez battu en demi-finale celui qui est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, le GRAND Novak Djokovic.  Qu’est-ce que cela procure comme émotion ?

— J’ai trouvé cela bizarre (sourire). Battre celui qui a le plus de titres en Grand Chelem et, qui plus est, valider mon ticket pour la grande finale demeure la cerise sur le gâteau. J’avais éprouvé énormément d’émotion sur ce match. Toutefois, ce n’est pas cette victoire qui m’a procuré le plus d’émotion.

 

I Que vous a dit Novak Djokovic après la partie ?

— Je n’ai pas trop célébré par respect pour ce  champion gigantesque. Il m’a dit que ce que j’avais fait sur les courts durant ce tournoi était super et que ma victoire était totalement méritée. Entendre ses mots de sa bouche était vraiment GRATIFIANT.

Le jeune et talentueux Jacopo Troglia faisant face à Vacherot

 

I Quel match vous a justement procuré une émotion indescriptible ?

— Celui face au Danois Holger Rune en quart de finale. Évidemment, c’est inimaginable de gagner un Masters 1000, invraisemblable de battre Djokovic en demi, mais battre Rune a une saveur particulière. C’est d’ailleurs cette victoire qui m’a permis de rentrer dans le Top 100 mondial. « Battre Djoko est un honneur, mais la victoire face à Rune est spéciale pour mon équipe. »

 

I En finale, vous prenez la mesure de votre cousin Arthur Rinderknech, pourtant le favori et vous déjouez encore une fois les pronostics. Comment prépare-on un match face à un membre de sa famille ?

— Déjà, ce que je faisais, à mon niveau, c’était FOU. Et lui aussi, ce qu’il faisait, c’était un truc de fou également. Il a sorti Medvedev en demi-finale (ancien numéro 1 mondial), Zverev (no 2 mondial) en huitième et Auger-Aliassime en quart, qui sont tous des TOP joueurs. Pour Arthur, 50e mondial à l’époque, se retrouvait en finale de ce Masters 1000, c’était déjà super pour lui. Et finalement, nous nous retrouvons en finale ! C’était incroyable. Il y avait peut- être moins de pression. Je dirai que c’était plus fun. Après la pression, elle vous rattrape forcément car c’est tout de même une finale de Masters 1000.

 

I Le dernier français à avoir remporté un Masters 1000 était Jo-Wilfried Tsonga en 2014. Certes, vous défendez les couleurs de Monaco mais, étant francophone, ça a été certainement particulier pour vous.

— Non ! Cette victoire est pour Monaco. Mon cœur, il est à 100% rouge et blanc. Je suis né à Monaco, j’y ai grandi. Certes, la France a une place particulière dans mon cœur. Pour vous dire honnêtement, je n’ai jamais prêté attention de savoir qui était le dernier Français à remporter un Masters 1000. Toutefois, je savais que si je remportais la finale, j’allais devenir le premier Monégasque à réaliser cet exploit !

 

 I Vous êtes parti aux États-Unis en 2017 pour rejoindre votre cousin Arthur Rinderknecht à l’université de Texas A&M. Peut-on dire que l’école américaine vous a fait évoluer ?

— C’est sûr et certain ! C’est aux States que j’ai appris à devenir un joueur professionnel. J’y suis resté de 18 à mes 22 ans. J’ai beaucoup progressé, un peu comme dans un centre de formation au foot, et je suis devenu un véritable athlète. J’ai eu la chance de devenir très fort physiquement et j’ai progressé au classement. J’ai oscillé entre la 110e et la 300e place mondiale pendant trois ans. Et d’un coup, le classement a explosé.

 

I Qui sont vos idoles ?

— C’est Roger Federer ! C’est mon joueur, celui qui m’a fait vibrer. C’est mon modèle de tennisman.

 

I Comme définissez-vous votre tennis ? Quel profil de joueurs êtes-vous ?

— Je suis un joueur très physique qui aime rester proche de sa ligne de fond. Mon jeu commence à évoluer, car je monte beaucoup plus au filet. Essayer de bien servir et de bien retourner sont primordial dans le tennis.

 

I Parlez-nous de vos objectifs ?

— Il n’était pas prévu que je gagne un Masters 1000. Je ne vais pas me dire que l’année prochaine, il serait prioritaire que je gagne un tournoi du Grand Chelem. Peut-être dans quelques années, qui sait ? On verra bien. Le plus important l’année prochaine est de regagner un tournoi, que ce soit un ATP 250 ou 500. J’ai joué un seul match de ma vie en tableau finale du Grand Chelem. L’année dernière, j’ai passé les qualifs à Roland Garros et joué un seul match en trois sets gagnants. Gagner un premier match en tableau final de Grand Chelem est un mini objectif. Je serai peut-être tête de série en Australie. Gagner un match là-bas aussi serait génial.       

 

I Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?

— Que je puisse intégrer le Top 20. Ce serait déjà pas mal.

 

« C’est la première fois de ma vie que je passais les qualifications d’un Masters 1000 »

« C’est aux États-Unis que j’ai appris à devenir un joueur professionnel »

« Le plus important l’année prochaine est de regagner un tournoi, que ce soit un ATP 250 ou 500 »

 « Gagner un premier match en tableau final de Grand Chelem est un mini objectif »

Propos recueillis par Andy Berthelot

Photos : Bouck Pillay Vythilingum

Valentin Vacherot posant pour la photo souvenir aux côtés des jeunes joueurs mauriciens présents pour échanger quelques balles avec lui

 

 

 

 

 

 

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