Recherché par la justice américaine : La cour de Port-Louis ordonne la liberté conditionnelle d’Ashish Dave

Ce dernier mentionne Dawood Rawat comme son partenaire d’affaires

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Le magistrat Arshaad Toorbuth, siégeant en Cour de district de Port-Louis, a ordonné la remise en liberté conditionnelle de l’homme d’affaires britannique, Ashish Dave. Ce dernier avait été arrêté en juillet dernier alors qu’il séjournait à Maurice, à la demande des autorités américaines, qui envisagent maintenant une demande d’extradition à son encontre.

Le bureau de l’Attorney General avait accusé réception d’une demande formelle, par voie de Note Verbale, émanant des États-Unis en juillet dernier, pour l’arrestation et la détention d’un dénommé Ashish Dave, en attendant qu’une procédure officielle pour son extradition ne soit déclenchée par le gouvernement américain.
Le gouvernement américain reprochait au prévenu divers délits, notamment de fraude en valeurs boursières, de fraude électronique et blanchiment d’argent. De 2014 à 2018, alors Chief Financial Officer du groupe Abraaj, avec d’autres complices présumés, il aurait détourné des fonds s’élevant à un milliard de dollars US, l’une des fraudes les plus importantes jamais perpétrée aux États-Unis. Une cour fédérale basée à New York avait émis un mandat d’arrêt contre Ashish Dave en 2019, et ce dernier avait par la suite été fiché par Interpol.
Ashish Dave est un Indien qui avait acquis la nationalité britannique. Il avait été arrêté à Maurice le 4 juillet 2025 à l’hôtel Labourdonnais, deux jours après son arrivée au pays, en vertu d’un visa de 30 jours. C’est la Central CID qui avait procédé à son arrestation, suite à une demande en ce sens par le bureau d’Interpol à Washington. Il est depuis placé au Moka Detention Centre, et son passeport a été confisqué par le Passport and Immigration Office. La raison qu’il avait donnée aux autorités mauriciennes pour son séjour ici est la suivante : « Business with Mr Dawood Rawat ».
Dans un courriel en date du 10 juillet, le Département de la Justice américaine avait indiqué aux autorités mauriciennes qu’il était nécessaire de le garder en détention, vu le risque qu’il ne prenne la fuite. Ashish Dave avait, pour sa part, mis en avant une demande pour obtenir la liberté conditionnelle, demande qui avait été contestée par le bureau de l’Attorney General, qui avait également mis en avant le risque de fuite.
L’ASP Goburdhun, basé au QG de la police, avait expliqué en Cour que le risque que le prévenu ne prenne la fuite était réel, et qu’aucune condition imposée par la cour ne pouvait adéquatement éliminer ce risque. Le haut gradé avait fait ressortir en Cour qu’aux États-Unis, il pouvait encourir une peine de 200 ans de prison. En outre, il disposait de moyens importants pour quitter Maurice, y compris par voie maritime.
Un agent du FBI, Nicholas Kroll, un des enquêteurs dans cette affaire, et qui avait déposé en Cour via visioconférence, avait lui aussi mis en avant que le risque que Dave ne prenne la fuite était trop important.
Le magistrat Toorbuth a pris en compte la gravité du délit, la nature des preuves contre le prévenu, et la sentence qui pourrait lui être imposée si jamais il était reconnu coupable.
Il a d’emblée rejeté les comparaisons faites avec d’autres étrangers qui se sont soustraits du territoire mauricien par divers stratagèmes. Le magistrat a retenu qu’il n’y a aucune preuve que Ashish Dave était en train de evade arrest , vu qu’il avait voyagé de pays en pays sous son vrai nom et passeport. Il est maintenant connu des autorités mauriciennes, et il incombe à ces dernières de renforcer leur vigilance.
Le fait qu’il fasse face à une sentence extrêmement sévère ne pouvait être en soi considéré comme une motivation à prendre la fuite, mais doit être analysé en conjonction avec d’autres facteurs. Il avait ainsi un  Clean Record aux US, nonobstant la présente accusation, et ses avocats étaient en train de négocier avec le Département de la justice américain. D’autres coaccusés dans cette affaire avaient été libérés conditionnellement dans d’autres pays, y compris aux États-Unis. Ashish Dave avait aussi de solides liens de famille en Inde. Il pourrait y avoir une Judicial Review si jamais il était décidé de l’extrader, ce qui voulait dire une détention prolongée.
De ces faits, le magistrat Toorbuth a ordonné la remise en liberté conditionnelle d’Ashish Dave. Ce dernier devra toutefois s’acquitter de deux cautions de Rs 1 million chacune, et devra signer une reconnaissance de dette de Rs 30 millions. Il devra résider au domicile d’un dénommé S. N., qui avait témoigné en Cour qu’il était disposé à l’héberger, où il sera soumis à un couvre-feu 24/7. Il ne pourra quitter cette résidence sauf pour se rendre au poste de police ou en Cour. Il devra être en possession d’un portable muni d’un dispositif GPS, où il pourra être rejoint à tout moment par la police. Il devra, en outre, faire acte de présence au poste de police le plus proche de l’adresse où il résidera. En cas de toute urgence, il devra contacter la police au préalable.
Affaire à suivre…

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