«Air Mauritius présente ses excuses pour ces inconvénients qui échappent à sa volonté. » C’est ce qu’a déclaré Joël Toussaint, chargé de la communication de la compagnie nationale, lors du point de presse organisé hier. Et ce, après que deux avions, le 3B-NBU et le 3B-NCL, ont été immobilisés à La Réunion et à Mumbai respectivement. Si, à hier après-midi, les opérations avaient déjà repris à bord du 3B-NBU au départ de La Réunion, la direction de MK attend que les réparations soient faites au niveau du 3B-NCL encore immobilisé à Mumbai avant de reprogrammer les vols.
Les vols ont repris à bord du 3B-NBU et les 400 passagers « stranded » ont pu être acheminés à leur destination, hier après-midi. C’est ce qu’a avancé Joël Toussaint. En effet, l’équipe technique qui avait été dépêchée à La Réunion dans la soirée de vendredi a pu réparer la panne qui avait immobilisé l’avion 3B-NBU, soit un Airbus A330neo, à l’aéroport Roland Garros. La panne a été réparée vers 3h samedi et, après le repos réglementaire de l’équipage, l’avion est revenu à Maurice à midi. Deux rotations ont été faites hier afin de résorber tous les passagers.
Toutefois, pour l’Airbus A330-200, soit le 3B-NCL, « grounded » à Mumbai, les réparations se faisaient toujours attendre en début d’après-midi hier. « Il faut savoir que durant ce temps de crise, nous avons plusieurs réunions avec les départements dans la remise en route des avions et des opérations. Une pièce a été acheminée ce matin de Maurice à Mumbai par un vol Vistara. Une fois arrivée à Mumbai, il faudra attendre trois heures pour le dédouanement de la pièce, et il faudra encore quatre heures pour les réparations, en plus du temps de repos réglementaire de l’équipage », a expliqué Joël Toussaint. Il a aussi précisé que les passagers ne bougeront pas de leurs hôtels tant que l’avion ne sera pas complètement opérationnel. A cet effet, la direction d’Air Mauritius prévient que les opérations resteront en partie perturbées jusqu’au 4 août.
« Nous avons par ailleurs une flotte limitée, avec deux A330-Neo actuellement à Bordeaux : l’un pour une maintenance de type C et l’autre pour un changement de moteur. Nous avons des contraintes techniques importantes mais nous faisons en sorte de réduire les inconvénients », a-t-il poursuivi. « Nous opérons avec seulement quatre appareils et en période de vacances en Europe, avec beaucoup de ventes, on peut dire que l’on paie le prix de notre succès commercial », a rétorqué Joël Toussaint. Il a par la suite, « fait part de nos excuses. Des pannes, nous n’en sommes pas à l’abri. Air Mauritius présente donc ses excuses pour ces inconvénients qui échappent à sa volonté. »
Concernant les opérations interîles, il a aussi avancé que MK opère avec un ATR en moins. « Nous avons eu un atterrissage abrupt à Plaine Corail. Nous multiplions donc nos rotations, vendredi nous avions huit, samedi six et dimanche nous en aurons huit, en raison des événements qui se tiennent actuellement à Rodrigues, dont le festival de Kitesurf. » Les nouveaux horaires des vols seront communiqués aux passagers en temps réel sur WhatsApp et via le site d’Air Mauritius et une application récemment lancée, a affirmé Joël Toussaint. Par ailleurs, les présentes perturbations auront des répercussions sur la programmation des vols au-delà de ce week-end.
Candidats recalés du MPDP : 4 lettres pour dénoncer un processus jugé « biaisé » et « opaque »
Kishore Beegoo, Dass Thomas, la FCC et l’EOC alertés
Le ciel d’Air Mauritius s’assombrit encore un peu plus. En parallèle avec les récentes perturbations techniques ayant cloué plusieurs avions au sol, c’est désormais le Mauritius Pilot Development Program (MPDP) qui est au cœur d’une vive controverse. Quatre lettres distinctes, adressées entre le 31 juillet et le 1er août par des candidats recalés, pointent du doigt un processus de sélection jugé profondément inéquitable, opaque et potentiellement entaché de pratiques discriminatoires. Ces pilotes portent aussi l’affaire au Financial Crimes commission (FCC), comme annoncé par Week-End la semaine dernière, mais leur souci est de rester anonyme pour ne pas être side en cas de nouvel examem.
Ces lettres ont été adressées respectivement au président du conseil d’administration d’Air Mauritius, au directeur général de la Financial Crimes Commission (FCC), au directeur des opérations Dass Thomas, et à la présidente de l’Equal Opportunities Commission (EOC). Toutes relatent les mêmes griefs, portant sur la deuxième phase du MPDP, à savoir l’évaluation en simulateur ATR-72 organisée à Johannesburg. Les candidats dénoncent d’abord la désignation de deux évaluateurs allemands qui, selon eux, n’avaient aucune qualification sur ATR. S’ils ne doutent pas de leurs compétences, ces candidats recalés soulignent que leur expérience porterait plutôt sur des gros-porteurs tels que l’A380 ou le B747. « Cela remet en cause la crédibilité même de l’évaluation. Comment peut-on juger des performances sur un ATR sans en avoir une expertise directe? » écrivent-ils.
Autre point d’achoppement : le traitement inégal des candidats sur place. Certains auraient perçu des per diem ou repas pris en charge, tandis que d’autres n’auraient reçu aucun soutien. Ces disparités sont décrites comme injustifiées et humiliantes. Mais ce qui a véritablement cristallisé la colère, c’est le communiqué de presse publié par Air Mauritius le 17 juillet, dans lequel la compagnie affirmait que chaque candidat avait bénéficié d’« une période d’acclimatation de 15 minutes, d’un débriefing complet, et d’un temps pour poser ses questions ». Une affirmation que tous les plaignants contestent fermement. « C’est un mensonge. Nous n’avons ni eu de véritable acclimatation, ni de débriefing. Ce communiqué a été conçu pour masquer les défaillances du système », assurent-ils.
Quand MK perd le contrôle , elle s’en prend au messager
C’est par le biais d’un post Facebook au ton désabusé et au style douteux qu’Air Mauritius (MK) a décidé de rompre le silence sur la polémique entourant les examens contestés des jeunes pilotes. Jeux de mots déplacés (« inFaux », « stupéfiants »), attaques contre le journal Week-End, insinuations sournoises et petites rancœurs : cette publication maladroite a surtout attiré l’attention sur la nouvelle approche communicationnelle d’Air Mauritius, qui laisse vraiment à désirer, et qui l’enfonce davantage.
Plus inquiétant encore, les commentaires critiques des lecteurs — pointant le ton déplacé, le manque de professionnalisme, ou encore la suppression arbitraire des messages du principal communicant de MK que les observateurs avertis ont pu voir visiblement très secoué sur le vol MK qui transportait les membres de UB40 récemment — révélant une posture plus défensive que transparente.
Le problème, c’est que les faits sont désormais incontournables. Cette semaine, quatre lettres internes révélées par Week-End, dont deux adressées respectivement à la Financial Crime Commission (FCC) et à l’Equal Opportunities Commission (EOC), viennent confirmer les nombreuses zones d’ombre soulevées par le journal. Ces documents montrent clairement qu’il ne s’agit nullement de frustrations individuelles, mais bien de griefs précis, étayés et graves.
Au lieu d’écouter ces signaux d’alarme, Air Mauritius a choisi l’attaque frontale sur les réseaux sociaux. Plutôt que d’apporter des éclaircissements, la compagnie a préféré embrouiller les pistes, adoptant une posture défensive qui ne fait que nuire à son image et affaiblir sa crédibilité.
Air Mauritius mérite mieux qu’une communication réduite à un simple « show » sur Facebook. Elle a besoin de réponses claires, d’audits transparents, et surtout, de respect envers ceux qui cherchent la vérité. Pour sa part, Week-End maintiendra ses enquêtes avec la même rigueur et sans aucune arrogance. Parce que c’est précisément son rôle : révéler ce que d’autres tentent maladroitement de masquer.
Ces lettres internes viennent ainsi renforcer la légitimité des révélations publiées par Week-End, démontrant que la contestation dépasse largement le cadre individuel. Désormais, Air Mauritius ne peut plus se permettre d’ignorer le malaise profond révélé par ces investigations. La vérité ne disparaîtra pas par de simples coups de clavier.