Déconfinement : Comment assurer la sécurité dans le transport en commun ?

« Notre marge de manœuvre est très faible. Il faudra de réelles mesures par les autorités pour que cela puisse marcher. Nous ne voulons pas être les nouveaux vecteurs du coronavirus », disent les employés. Une banquette de trois pour deux et une banquette de deux personnes pour une personne, aucune place debout, port du masque obligatoire, hand sanitizer à l’entrée de l’autobus… la distanciation sociale dans le transport en commun ne sera pas une mince affaire.

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Déjà, durant la période de confinement, les chauffeurs et receveurs d’autobus ont eu du fil à retordre avec des usagers récalcitrants. Ally Mamode, représentant de Triolet Bus Service, en témoigne. « Dès que nous avons eu l’autorisation de mettre des autobus sur les routes et que les gens pouvaient aller faire leurs courses, cela a été difficile de travailler », dit-il. D’une part, avec des personnes refusant de porter le masque. D’autre part, avec des personnes voulant à tout prix monter dans les autobus, quitte à ce qu’il soit bondé. Ce qui a surtout choqué, c’est le nombre de personnes âgées qui sont sorties et ont voyagé par le transport en commun. 

22 places pour un autobus de 60 places

« Tous les jours, nous avons vu des personnes âgées qui attendaient le bus pour aller on ne sait pas vraiment où. On peut comprendre que ces personnes ont aussi des activités à faire, comme leurs courses ou se rendre à l’hôpital. Mais elles se mettent véritablement en danger en voyageant », dit ce receveur.

Durant la période de confinement, TBS qui, généralement opère une centaine de véhicules sur différents trajets du Nord, a mis une douzaine d’autobus en service pour ces mêmes différentes lignes. « Nous avons réduit le personnel durant cette période et nous avons suivi les consignes des autorités. Mais sur les routes, il y avait beaucoup plus de personnes qu’on ne pouvait en transporter », dit-il.

Comment faire respecter la distanciation sociale dans un autobus de 60 places ? se demandent les opérateurs. La solution est de transporter 22 personnes, soit en privilégiant deux places sur une banquette pour trois et une place sur une banquette pour deux. « Nous avons rencontré des problèmes durant la période de confinement. Surtout lorsqu’on arrive sur un arrêt d’autobus où trente personnes attendent depuis une heure pour prendre le bus. Dimounn pa konpran », raconte Ally Mamode. Et ce sera pire avec le déconfinement à partir du 4 mai, dit-il.

Si on veut garder la distanciation sociale telle qu’elle est définie aujourd’hui, c’est clair que le système de transports en commun ne pourra pas absorber la demande telle qu’elle se présentait avant et même durant le confinement, disent les opérateurs. Car le déconfinement, même progressif, va remettre de nombreux Mauriciens sur le chemin du travail ou de l’école. À l’heure du Covid-19 et de la distanciation sociale, quelles sont les adaptations possibles pour garantir la sécurité des personnes appelées à fréquenter les transports en commun ? Sera-t-il possible de maintenir la distance sociale d’un mètre au moins entre deux passagers ?

Contrôles policiers nécessaires

Pour les sociétés de transport en commun, « si le déconfinement se fait progressivement, il n’y aura pas de gros problèmes au début ». Il faudrait pour cela sensibiliser les gens d’abord en leur expliquant bien la nécessité d’une distanciation sociale. « Mais dès que le nombre de voyageurs augmentera, nous ne pourrons plus garantir les distances nécessaires », disent-ils. Et de réclamer que comme pour le contrôle sur les routes, les policiers fassent aussi des contrôles dans les autobus. « Actuellement, en période de confinement, les contrôles policiers se font uniquement pour les voitures et les motocyclettes. Aucun policier ne contrôle ce qui se passe dans les bus. Comment savoir si les gens qui sortent soi-disant pour se rendre aux supermarchés sortent véritablement le jour où c’est permis selon leur alphabet ? Ou ceux qui se rendent soi-disant au travail ont un permis ? C’est là où il y a plus de gens dans les autobus et finalement dans les rues, car il n’y a pas de contrôles policiers », dit Ally Mamode.

Plusieurs autres opérateurs abondent dans le même sens, réclamant un contrôle plus strict. D’autant que « si les chauffeurs sont plutôt isolés dans leur cabine, les receveurs sont en contact direct avec les personnes qui voyagent. » C’est la raison pour laquelle, outre un nombre de passagers restreint pour les places assises, notamment une banquette de trois pour deux et une banquette de deux personnes pour une personne, il est impératif qu’il n’y ait aucune place debout, comme c’est le cas généralement.

Les personnes âgées les plus à risque

Par ailleurs, avec le déconfinement, les opérateurs voient aussi surgir d’autres problèmes comme celui des personnes qui se rendent à la plage. « Il faudra des mesures strictes, car si à l’aller les personnes sont sobres, au retour, souvent, ce sont des personnes en groupe, difficiles à contrôler », soulignent les receveurs.

Dans le sillage, outre le port de masques qui devrait être rendu obligatoire dans les autobus, les opérateurs souhaitent que le des gants et hand sanitizers soient mis à disposition du personnel. « À l’entrée de chaque passager dans un autobus, il faudra qu’il se mette du hand sanitizer et à sa descente également. Cela limitera les risques de contamination », dit Wakil Lalloo, négociateur et conseiller technique de la United Bus Industry Workers (UBIW). Selon lui, il est aussi important que les autorités imposent des heures de sorties. Notamment pour les personnes âgées. 

« Nous ne voulons pas que quiconque se sente lésé. Mais nous savons que les personnes âgées sont les plus à risque. C’est pourquoi nous pensons qu’elles ne devraient pas sortir, sauf en cas de nécessité. Et nous suggérons qu’il y ait un contrôle sur les heures de sortie. Par exemple, entre 10h et 14h pour les personnes âgées. Cela éviterait de les avoir aux heures de pointe à la reprise du travail », dit-il. Les opérateurs de bus suggèrent également que par la suite, au fil du temps, il faut sortir de la logique des heures de pointe. Les horaires des entreprises et des écoles devraient être adaptés pour qu’on ne commence pas toutes nos activités entre 8 et 9h, disent-ils.

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