En toute liberté : L’année de toutes les attentes

Voilà une année déjà que le pays a été appelé à prendre un nouveau départ, voire une nouvelle orientation. Le MSM et ses alliés ont été virés du pouvoir, après l’humiliante raclée de 60-0. Faut-il se demander si l’Alliance du Changement a convaincu ces 12 derniers mois ? La population, dans son ensemble, s’impatiente face aux promesses qui tardent à se concrétiser. La rue, elle, gronde en s’entendant dire, à chaque fois, que les caisses sont vides.
Elle ne digère pas non plus ces décisions qui sont loin de faire l’unanimité, comme ce “golden handshake” à Rama Sithanen après sa démission prématurée comme directeur de la Banque de Maurice. Lui qui avait pour mission de stabiliser la roupie, afin de soulager le fardeau de la ménagère. À ceux qui sont les mieux placés de nous dire s’il y est parvenu ou pas. Il y a aussi ces querelles incessantes au sein de l’Alliance du Changement qui n’inspirent plus confiance, au point de se demander jusqu’où tiendra ce gouvernement en dépit de quelques changements notables.
Qu’en est-il du côté de Deven Nagalingum, le chef d’orchestre de la Jeunesse et des Sports à qui la responsabilité a été donnée pour redynamiser ce secteur ? Honnêtement, les choses ne bougent pas plus vite qu’ailleurs. Le principal concerné l’a lui-même confirmé dimanche dernier dans le cadre d’une interview qu’il nous a accordée. “Anou transform nou landrwa”, course de l’unité, réouverture de la piscine de Mare d’Albert et relance des Jeux intercollèges, malheureusement sans la Mauritius Secondary School Sports Association (MSSSA) en dépit de ses 52 ans d’expérience !
Le ministre parle certes de succès, mais nous sommes convaincus que de grosses lacunes auraient pu être comblées avec l’implication des cadres de la MSSSA. Au ministère de l’Éducation, mais aussi au sien, d’accorder leurs violons pour démontrer que ce gouvernement a bien rompu avec le passé. Le sport intercollèges, pour ceux qui l’ignorent peut-être, est loin d’être une banalité, mais bien la pierre angulaire susceptible de favoriser un développement durable, surtout à l’heure où le ministère des Sports envisage de lancer plusieurs académies au complexe de Côte d’Or.
Faut-il aussi que le gouvernement, par le biais de ce ministère, sache se montrer cohérent dans ses engagements, afin d’instaurer un climat de confiance. Malheureusement, l’annonce d’un soutien annuel de Rs 238M rien que pour la relance du football est venue casser l’ambiance ! Une relance qui, précisons-le, se fera conjointement avec la Mauritius Football Association (MFA) !
Faut croire que certains sont tombés sur la tête en décidant de cautionner une fédération qui évolue pourtant dans l’opacité et hors du cadre légal depuis des années ? Est-ce à comprendre que les règlements de cette fédération, qui n’ont jamais été approuvés par le Registrar of Associations ces 11 derrière années, le seront prochainement sous la nouvelle Sports Act qui sera bientôt présentée à l’Assemblée nationale ?
Quitte du déséquilibre ?
Est-ce aussi à déduire que cette loi sera taillée sur mesure pour plaire à certains à la MFA ? Peu importe ce qu’en pense Deven Nagalingum, le fait même que Rs 238M soient déjà “in the pipeline” en dit long. Et forcément, cela ne fait pas plaisir à tout le monde, notamment ces fédérations qui doivent, elles, mendier pour exister ! “Lakes vid”, dites-vous ?
Jamais autant d’argent n’a d’ailleurs été investis dans le cadre d’un projet pour faire profiter, qui plus est, une seule discipline, donc une seule fédération ! La démarche ne déséquilibre-t-elle pas, dans une large mesure, le fonctionnement du sport à Maurice ? Forcément que cela l’est. À titre d’exemple, apprenons-nous du ministre, des sept académies annoncées du côté de Côte d’Or, seule celle destinée au football (encore !) fonctionne. Pour les autres, il faudra attendre que des fonds soient disponibles suivant les travaux de l’équipe technique qui bosse sur le dossier !
En revanche, Deven Nagalingum a quand même marqué des points en dépit d’avoir hérité d’un ministère compliqué avec autant de conflits fédéraux à gérer. Hormis le football, il y avait aussi des problèmes en judo et en boxe pour ne citer qu’eux. Malheureusement, il n’y est pas parvenu malgré sa volonté à jouer au médiateur. Il a aussi passé plusieurs mois sur le dossier lié aux élections du Comité olympique mauricien (COM), symbolisé par un combat sans relâche contre l’existence des fédérations fictives.
L’ancien comité exécutif est toutefois parvenu à ses fins en demeurant au pouvoir. Quitte à aller à l’encontre d’un avis légal du Parquet confirmant l’illégalité de quatre fédérations ! La détermination de Deven Nagalingum méritait d’être soulignée, lui qui a décidé d’aller bien au-delà de ce qu’avaient réalisé ses prédécesseurs. Il était d’ailleurs de son devoir, en tant que garant du sport mauricien, de s’assurer que les lois du pays soient respectées.
Mais comme il le disait dimanche dernier, « le bon sens n’a pas prévalu » et on le croit. En effet, au lieu d’assumer pleinement ses responsabilités d’instance suprême du sport, le COM s’est contenté de fonctionner dans l’opacité la plus totale, glorifiant les intérêts personnels dans cette quête pour conserver le pouvoir à tout prix !
2026 sera donc une année très importante, non seulement pour le ministre, mais aussi pour le sport mauricien. Après quelques tâtonnements, Deven Nagalingum aura l’opportunité de donner enfin un nouveau visage, voire même une nouvelle orientation au niveau de son fonctionnement. Et cela passe forcément par la promulgation de la nouvelle Sports Act qui sera présentée en mars prochain à l’Assemblée nationale. Cette loi devrait aider à pallier les nombreux manquements et s’assurer que les fédérations fonctionnent dans les règles.
Performances inquiétantes
Autant dire qu’il était grand temps que le sport reparte sur de nouvelles bases, car trop de fédérations peinent, depuis des années, à être performantes, sportivement comme administrativement. La faute à ces dirigeants qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels au lieu de privilégier le bien-être de leurs licenciés. La preuve : Maurice vient de décrocher une médaille d’or seulement aux Jeux d’Afrique de la Jeunesse en Angola grâce à Elsa How Hong (badminton) ! Un bilan inquiétant en tenant compte qu’en 2018 en Algérie, Maurice avait remporté huit médailles d’or.
Cette année toujours, Maurice a terminé à la deuxième place aux Jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien aux Seychelles avec 35 médailles d’or contre 46 en 2022 à domicile ! Alors que La Réunion a remporté ces Jeux avec 24 médailles d’or d’avance ! Preuve que le sport mauricien est mal en point, à l’exception de quelques rares exceptions, dont la fédération de cyclisme qui roule au super depuis des années et qui est de loin la fédération de l’année 2025 de Week-End. Un modèle de réussite qui n’inspire malheureusement pas d’autres, trop souvent obnubilés par des intérêts qui sont loin d’être sportifs !
À la communauté sportive et à ses fidèles lecteurs, la rédaction sportive de Week-End leur souhaite une bonne et heureuse année 2026.

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Jean-Michel Chelvan

 

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