2026, c’est dans quelques jours. Déjà, la deuxième année de ce qui se voulait un gouvernement du changement mais qui, au final, peine à incarner cette radicalité promise et qui avait suscité une très large adhésion. L’année prochaine, il sera fini le temps de la bienveillance que l’on manifeste vis-à-vis des débutants et ceux à qui on accorde le bénéfice des tâtonnements et des approximations. La période de grâce prendra fin. S’il est vrai que jamais un gouvernement n’aura pris les rênes d’un pays qui était en ruines, mais que le MSM avait endormi avec des allocations distribuées à gauche et à droite pour entretenir l’illusion de la prospérité, tout ne peut néanmoins se résumer à une question d’héritage. On pourra difficilement mettre sur le dos de l’ancien régime la succession de nominations malheureuses et mal inspirées ainsi que les nombreuses erreurs de casting. C’est un phénomène qui a plombé plusieurs secteurs stratégiques et qui a retardé leur développement, si ce n’est leur absolu besoin d’assainissement et de redressement. Or, le monde, en pleine ébullition et en phase de recomposition accélérée, ne nous attendra pas. Un an de perdu, c’est sans doute peu dans la vie d’un gouvernement, diront les plus optimistes, mais une année de déshérence ne se rattrape que si ceux qui sont aux commandes font la démonstration qu’ils s’y mettent enfin et que le travail commencera vraiment et surtout produira des résultats « visibles et tangibles » pour reprendre une expression utilisée par le Président de la République, Dharam Gokhool, dans son message de cette fin d’année. Laquelle rejoint parfaitement les attentes de la population et l’impatience qui se manifeste jusque dans les rangs du gouvernement. Les dérives notées ici et là de la part d’une coterie fanatisée et interventionniste comme aux pires heures de Lakwizinn – et qui croit que le pouvoir ou le sentiment de puissance permet tous les excès – peuvent difficilement être attribuées à l’héritage du Sun Trust. Se partager le poisson, devenu pourri, du port n’est en aucun cas manifestation de rupture avec l’ordre ancien. Bien au contraire. Ceux qui, les moins bien placés d’ailleurs, ont élevé la voix pour dénoncer ce qu’ils considéraient comme un scandale, se sont vite tus après avoir réalisé qu’ils s’étaient mis un « own goal », le cœur du problème se trouvant là où ils s’attendaient le moins, leur propre paroisse. S’il est aussi vrai que d’anciens planqués du MSM sont bien à l’œuvre pour saboter le travail du gouvernement, ce qui aurait dû déjà avoir provoqué un grand ménage, il y a aussi dans la manière de fonctionner de l’actuel gouvernement trop de signes de paralysie et de retards à l’allumage. Sur le front de la drogue, par exemple, le nettoyage de ces trop nombreux quartiers gangrénés par un commerce ouvert qui tue notre jeunesse à petit feu et à grand coup de « simik » est encore bien trop timide. Il n’y a pas un jour que l’on n’entende des familles, qui craignent pour leurs enfants, se plaindre des points de deal connus de tous, sauf de ceux dont la mission est précisément de les démanteler. La lutte contre la drogue ne s’arrête pas à quelques saisies à l’aéroport, même si c’est une des composantes importantes pour empêcher l’inondation du marché de produits importés dangereux. Remonter jusqu’aux commanditaires et à ceux qui financent le trafic reste bien trop anecdotique pour faire reculer sensiblement et durablement la drogue. En parallèle avec ce que la National Agency for Drug Control préparera, début 2026, comme plan directeur pour la prévention et la réhabilitation, il y a surtout une urgence à enrayer le trafic des coins de rue de nos villes et de nos villages. Prendre aussi en considération la situation de distorsion du marché est devenu une urgence absolue. Lorsqu’on entend des travailleurs sociaux dire que quelques grammes de gandia se vendent à Rs 3,000 pendant que des papiers imbibés de produits de synthèse vraiment létaux sont accessibles pour quelques roupies, il y a lieu de se demander s’il ne faut pas mettre très vite sur la table la question de la légalisation du cannabis. Il est temps d’appréhender ce dossier dans sa globalité, dans son usage récréatif comme dans son utilisation industrielle et pharmaceutique. La violence est devenue un important problème de société. Ici, on règle son compte à un vieux monsieur qui ne demandait qu’à vivre en paix sans être incommodé par le bruit des voisins jamais inquiétés par la police et, là, on « corrige » à mort un petit voleur. Les réseaux sociaux et leur incidence sur la santé mentale des jeunes ne semble pas du tout pris aux sérieux pendant que de grands pays développés règlementent son utilisation, soucieux de ne pas perdre des générations entières. Ce n’est pas que rien n’ait été accompli depuis les dernières élections générales. Ce serait de mauvaise foi. Malgré quelques maladresses et comportements inappropriés, l’Assemblée Nationale est devenue une plateforme plus transparente dans la mesure où le Premier ministre n’hésite pas à rendre compte de ce qui se passe dans des compagnies bénéficiant de deniers publics et qui, jadis, étaient protégés par une politique bien huilée d’opacité. Que la STC ait retrouvé des couleurs avec la baisse des prix du carburant sur le marché mondial, affecté par la persistance des zones de conflit, est une bonne nouvelle pour les finances de l’État et pour les consommateurs qui espèrent bénéficier d’une baisse plus conséquente des prix à la pompe à la prochaine réunion du Petroleum Prices Committee. Oui, il y a eu quelques avancées, mais c’est en même temps si peu lorsqu’on a été si généreux en promesses d’engagement et de rupture. Le temps de l’indulgence peut très vite laisser la place à celui de la sentence. Voilà pourquoi 2026 doit marquer un tournant dans la manière de gouverner de l’Alliance du Changement. Rater la prochaine année risque de compromettre non seulement son avenir, pouvant tout aussi provoquer son explosion.

