L’année qui s’achève aura été semblable à celle que vivent les Palestiniens à Gaza depuis que le Hamas a lancé son attaque terroriste contre Israël le 7 octobre 2023 : une lutte pour la survie entre les bombes lancées par l’armée israélienne et les tentatives délibérées de cette dernière d’affamer les habitants de l’enclave en fermant ses frontières aux camions humanitaires. Avant octobre 2023, Gaza était un bout de terre où vivaient, tant mal que bien, plus de deux millions d’habitants, que l’on qualifiait « d’un des lieux les plus densément peuplé au monde. » Depuis le 7 octobre 2023, dans le cadre de la politique « une vie israélienne vaut au moins une douzaine de vies palestiniennes » pratiquée par Israël, la bande de terre coincée entre la Méditerranée, l’Égypte et Israël a été transformée en territoire destiné à être anéanti par une invasion terrestre et des bombardements aériens. Une bande de terre dont les habitants ont été obligés, pour survivre, de jongler entre les tirs de roquettes et les largages de bombes. En deux ans, l’armée israélienne a dû larguer sur Gaza autant de bombes que l’armée nazie a dû jeter sur Londres, pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre de ce qu’il faut bien appeler une stratégie de destruction massive. Des bombes qui, il faut le rappeler, ont été fabriquées par les usines d’armes américaines et occidentales, dont les dirigeants se proclament les champions de la démocratie à la recherche d’une solution pacifique dans les instances internationales. Une attitude hypocrite qui semble une version appliquée à la lettre du verset 6.3 de Matthieu extrait de la Bible : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite. »
On espérait que, malgré ses faiblesses, le plan de Donald Trump pour la paix allait mettre fin au carnage auquel se livrait l’armée israélienne depuis octobre 2023 et qui avait fait plus de 50 000 victimes. Sans oublier la destruction totale des bâtiments et habitations de la bande de Gaza, qui n’est plus qu’un champ de ruines fumantes. Ce n’est pas le cas. Au lieu de se retirer, l’armée israélienne augmente son contrôle sur le territoire palestinien et viole quotidiennement les conditions de l’accord du 10 octobre. L’accord prévoyait l’entrée dans Gaza de 600 camions d’aide humanitaire par jour pour les 2 millions d’habitants qui n’ont pas d’autres moyens de subsistance. Selon les ONG encore sur place et les agences des Nations Unies, seuls 100 à 300 camions sont autorisés par les Israéliens à entrer dans Gaza. Il est de plus en plus clair qu’Israël continue de pratiquer ce que les grands-parents de ses habitants ont dû subir des nazis : un génocide. Terme qui décrit exactement la situation, mais que les dirigeants des grandes démocraties, qui n’ont aucune délicatesse quand il s’agissait de fournir des armes à Israël, refusent d’utiliser. Tout comme ils refusent de qualifier par son nom la colonisation que l’État israélien en train d’organiser en implantant des colonies juives en Cisjordanie, en plein territoire palestinien.
Le but de l’État israélien est clair : créer les conditions objectives qui vont obliger les Gazouis à quitter Gaza. C’est ce qu’il fait en continuant à pratiquer sa politique visant à organiser la famine dans la bande de terre. Que compte faire Israël des Gazouis qu’il aura finalement expulsés de Gaza par les moyens décrits plus haut ? La réponse à cette question se trouve dans les dépêches d’agences qui viennent d’annoncer qu’Israël est l’unique pays au monde qui vient de reconnaître la république autoproclamée du Somaliland. Un territoire en Somalie de la superficie d’un tiers de la France et dont les dirigeants avaient entamé en août dernier des discussions avec les autorités israéliennes pour l’accueil de Palestiniens expulsés de Gaza. Une fois débarrassé des Gazouis, l’État israélien pourra alors mettre le territoire à la disposition des amis entrepreneurs de Donald Trump pour qu’ils y construisent la Riviera du Moyen Orient ! De quoi se demander si l’objectif final de la guerre menée par Israël n’était qu’une opération immobilière américaine.
En attendant, des semaines après la « paix », les Gazouis continuent de survivre dans les décombres, sans eau, sans nourriture, sans carburant pour alimenter les générateurs des hôpitaux encore en opération. Une situation qu’ils qualifient d’enfer sur terre. Dans l’indifférence du monde en général et le silence complice des dirigeants des grands pays de la planète.
Jean-Claude Antoine
Gaza : l’enfer sur terre
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