Humeur — Police : plus ça change…

« Un vendredi, un peu après midi et demie, à Floréal.
Le journaliste s’était endormi sur son ordinateur quand un bruit le réveilla : quelqu’un essayait d’entrer chez lui par la fenêtre. Un policier. Le journaliste se réveilla en sursaut et demanda au policier ce qu’il faisait là. Il lui répondit que c’était parce qu’il n’avait pas répondu aux coups frappés à la porte qu’il avait fait le tour pour essayer d’entrer par la fenêtre. Le journaliste se rendit à l’entrée et ouvrit. Une dizaine de policiers se tenaient devant sa porte, avec en tête un sergent brandissant un papier – de la Cour, dit-il – et disait qu’il allait perquisitionner la maison. Il mit sa menace à exécution et commença à fouiller les pièces – en faisant des commentaires sur le mobilier –, saisit un téléphone, puis un ordinateur, en répondant brutalement et vulgairement aux questions du journaliste qui demandait ce qui se passait. Il fut sommé de changer de vêtements et de s’habiller parce qu’on allait le conduire aux Casernes Centrales. Pour quelle raison ? Il lui fut répondu : « To pou konné là-bas », avec quelques insultes bien senties sur le journaliste et sa profession. Il demanda à téléphoner à un homme de loi pour défendre ses droits, on le lui refusa. Le ton monta et le journaliste fut menotté sous prétexte qu’il était en train de résister à un officier de police dans l’exercice de ses fonctions. Curieusement, on lui enleva les menottes pour le faire sortir de la maison et entrer dans un véhicule de la police.

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C’est en sortant de chez lui que le journaliste se rendit compte que les policiers étaient venus dans trois voitures pour l’interpeller. Durant le trajet de Floréal à Port Louis, il fut de nouveau insulté et humilié. Arrivé au QG de la police, on voulut lui faire signer une déclaration selon laquelle il s’était rendu de son propre gré aux Casernes Centrales, ce qu’il refusa. Après quelques autres prises de bec, le journaliste comprit enfin pourquoi il avait été interpellé, pourquoi on avait perquisitionné son domicile, saisi son téléphone et son ordinateur, et on l’avait obligé à se rendre aux Casernes Centrales sous forte escorte.

Selon un papier qu’il parvint à lire, un certain TS, s’estimant diffamé par un article que le journaliste avait publié sous sa signature sur les réseaux sociaux, avait porté plainte. La police avait réagi avec célérité, obtenu un warrant d’une Cour et procédé à l’interpellation du journaliste. »

Ce que vous venez de lire n’est pas un énième épisode de la saga sur les excès de zèle de la police du MSM et de ses alliés pour attaquer et punir en les intimidant par la force et les menaces, les opposants du régime qui osaient critiquer, ridiculiser ou simplement publier des informations sur les puissants du jour. C’est ainsi que, par exemple, pour avoir posté une plaisanterie sur l’ex-Premier ministre, la maison d’une internaute fut perquisitionnée par des policiers, accompagnés de chiens renifleurs, puis elle fut traînée aux Casernes Centrales, avant d’être traduite en Cour sous une accusation provisoire qui sera plus tard rayée en Cour. Ce que vous venez de lire ne s’est pas passé pendant que le MSM, ses alliés et sa police étaient au pouvoir. Ce que vous venez de lire s’est passé vendredi dernier 12 septembre 2025, quand le journaliste Narain Jasodanand a été, lui aussi, interpellé et traîné de son domicile aux Casernes Centrales parce qu’il avait publié un article intitulé BOM : les ingérences de Tevin Sithanen à tous les niveaux. Un article documenté sur les ingérences du fils du Gouverneur de la Banque de Maurice, dans l’institution que dirige son père. Comme quoi, malgré toutes les promesses du nouveau gouvernement d’en finir avec les pratiques de l’État policier utilisées par la défunte Special Stryking Team et certains policiers qui se comportent comme des bouncers de ceux qui sont au pouvoir ou de leurs proches, rien n’a changé.

Apres le tollé suscité par l’interpellation de Narain Jasodanand, la police a essayé de justifier l’injustifiable en envoyant l’inénarrable directeur du Press Office des Casernes Centrales faire une déclaration qu’on pourrait croire extraite d’un sketch de Flics en Délire, sur les ondes d’une radio privée. Le chargé de communication de la police a déclaré qu’il ne savait pas qui avait porté plainte contre le journaliste. Il a ajouté « Mo napa koné. Mo péna sa information la. Mo pe dir ou ki en fonction enn document ki an mo possession, fin énan ban lartik a karakter humiliant ki finn posté. Nou bizin saisi, sékurise bann lartik la. » Un article disponible sur les réseaux sociaux !

Franchement, dans le non-respect des droits humains fondamentaux et les raisons ridicules invoquées, vous ne trouvez pas que la police de MM Ramgoolam et Bérenger n’a rien à envier à celle de M. Pravind Jugnauth ? Comme quoi, plus ça change, plus c’est la même chose !
En pire !

Jean-Claude Antoine

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