C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, affirme Joseph Mounawah, président de Cassis Fraternel Judo Club. Celle de la Fédération mauricienne de judo (FMJ) de refuser, depuis des mois, de signer le formulaire d’application de trois anciens judokas, afin qu’ils puissent enfin obtenir une allocation de l’État sous le State Allowance for Retired Athlete Scheme.
« Si ou ena enn problem avek Joseph Mounawah ou pa penaliz bann zenes ek lezot ki merite ! », déplore-t-il. Il va même plus loin en évoquant une démarche contraire aux principes du judo et appelle au ministre de la Jeunesse et des Sports, Deven Nagalingum, pour une intervention urgente. Quant aux trois judokas concernés, nommément Ricardo Vythilingum, Michaella Mounawah et Marie-Michelle Godin, ils ont officiellement écrit au Trust Fund for Excellence in Sports (TFES) pour exprimer leur mécontentement face à la posture adoptée par la FMJ.
« Les principes de base du judo parlent de bienfaits et de prospérité, alors que le code moral évoquent, lui, deux fondamentaux que doivent respecter tout judoka dans sa vie quotidienne: sincérité et honnêteté », déclare Joseph Mounawah. Or, ce dernier est catégorique: « certains ne semblent pas connaître les valeurs que véhicule le judo. » Au cas contraire, déplore-t-il, 18 clubs ne se seraient pas retrouvés à la rue depuis six ans suite au refus de la FMJ de le reconnaître, privant ainsi de centaines de jeunes des facilités offertes par l’État. Pire, depuis quelques mois déjà, trois anciens judokas se retrouvent à remuer ciel et terre pour bénéficier d’une allocation en tant qu’anciennes gloires du judo mauricien.
Attestation et médaille en main
Joseph Mounawah ne comprend d’ailleurs toujours pas le refus de la FMJ à signer ces trois demandes, alors que deux autres bénéficient pourtant déjà de cette allocation pour avoir brillé à ces mêmes Championnats du Commonwealth de 2008 ! « C’est une situation antisportive. Ces athlètes ont écrit au président du Commonwealth Judo Association et ont obtenu la confirmation de leurs performances. Que veut-on de plus ? Et pourtant, on trouve à remettre en cause cette affirmation ! En revanche, nous tenons à saluer la posture du TFES qui fait de son mieux pour que ces judokas soient enfin reconnus », déplore Joseph Mounawah.
Les trois anciens judokas ont aussi pris officiellement position en adressant une missive au TFES, lors de la semaine écoulée, pour dénoncer cette situation et l’injustice subie auprès de la fédération. Ils dénoncent aussi le fait que la confirmation obtenue est mise en doute. Une posture déplorée d’autant, disent-ils, que les résultats de ces championnats sont disponibles dans les archives. Michaella Mounawah nous a même présenté son attestation et sa médaille de 2008 comme en témoigne la photo prise lors de la semaine écoulée.
D’autre part, Joseph Mounawah fustige la FMJ pour ne pas avoir été en mesure de faire progresser le judo, si ce n’est de priver 18 clubs de compétitions depuis mars 2019. Il déplore aussi qu’il n’y a eu aucun évènement d’envergure depuis la tenue du Africa Judo Open Mauritius organisé successivement en 2013, 2014 et 2015. C’était au temps où son équipe et lui était à la fédération ! Si la FMJ a enfin postulé pour organiser le Mauritius African Judo Open, annoncé pour septembre prochain (date à confirmer selon le site de la fédération internationale), en revanche, Joseph Mounawah trouve étonnant le silence qui perdure, alors que, dit-il, nous sommes à trois mois de la tenue de cette compétition !
Le président de Cassis Fraternel Judo Club affirme aussi la volonté de son club à organiser un camp d’entraînement pour les entraîneurs et les combattants du 12 au 20 juillet prochain. Celui sollicité pour diriger ce stage est le Français Larbi Benboudaoud, champion du monde (1999) et vice-champion olympique (2000) entre autres, mais également entraîneur en chef de l’équipe de France aux Jeux olympiques de 2016 (Rio au Brésil) et de 2021
(Tokyo au Japon).
Selon Joseph Mounawah, « nous avons déjà écrit au ministère des Sports et attendons toujours sa réponse. Notre objectif est d’organiser ce camp d’entraînement à Beau-Bassin ou au dojo de Grande-Rivière-Nord-Ouest. » En cas de problème, il propose que ce camp d’entraînement se déroule au complexe sportif de Côte d’Or. « Nous avons eu quelques échos qui n’augurent rien de bon au sujet de l’utilisation de ces deux gymnases. Je préfère attendre une réponse officielle avant de me faire entendre sur ce sujet », fait-il ressortir.
Un ancien champion du monde invité
Pour Joseph Mounawah, la fédération a tellement mené la vie dure à 18 clubs depuis des années qu’il est impératif d’avoir avoir un plan B. « Nous comptons, dans ce contexte, faire une demande au ministère pour prendre en charge les frais de location du gymnase de Côte d’Or, mais également nos frais de transport », fait-il ressortir avant d’ajouter: « Notre démarche est sincère et s’inscrit dans une vraie logique de promotion et de développement du judo.J’espère que le ministre aidera les jeunes s’il aime vraiment le sport. Faut-il aussi que je demande à tous ceux concernés: à qui profitera ce camp d’entraînement ?À Joseph Mounawah ou à ces nombreux jeunes pétris de talents ? »
Par ailleurs, Joseph Mounawah rappelle que le multiple champion du monde et olympique, Teddy Rinder, avait participé à un camp d’entraînement en 2010 après les démarches entreprises par l’ancienne FMJ. Le dernier grand nom du judo a avoir fait le déplacement à Maurice est la Française Lucie Décosse, ancienne championne du monde et olympique. « C’était en avril 2014 au temps où j’étais à la fédération. Qu’a fait la FMJ pendant ces 11 dernières années pour motiver les jeunes en organisant pareil camp d’entraînement ? », se demande-t-il.